Le Nouveau Stéphanie
N° 51, mai 1979
IL A CONSTRUIT SA MOTO LUI MÊME
Renaud vient de réaliser un rêve qui lui tenait à cœur depuis l’âge de huit ans. L’interprète de « Mon dernier bal » a la passion des motos, ça tout le monde le sait. Mais il a voulu imiter les jeunes américains : construire lui-même cet engin diabolique. C’est en voyant le film « Easy Rider », dans lequel Peter Fonda domine l’une de ces machines infernales, que Renaud s’est juré de ne rouler qu’en moto.
L’équipe de Stéphanie était là. Elle vous raconte les différentes étapes dans la réalisation de la machine.
Au début, ça n’a pas été facile car même si le chanteur est un expert en la matière, assemblée toutes les pièces n’est pas à la portée d’un amateur.
On l’a donc suivi au cœur de Paris, près de la Bastille (rue Keller exactement), où là, en collaboration avec ses amis « d’American moto », il a pu exaucer ce rêve de gosse.
– « J’ai eu beaucoup de mal à trouver cet endroit, explique-t-il, je savais que ça se faisait en Amérique, mais pas à Paris. Un jour, un pote est venu me trouver pour me dire qu’il allait construire lui-même sa bécane. Ça a fait tilt dans ma tête et je l’ai suivi. »
A FOND LA CAISSE
Renaud avait pourtant déjà ce qu’il appelle une « bécane », un superbe sposter Harley Davidson (vous l’avez sûrement vu dans Stéphanie il y a quelques mois) mais il en voulait une deuxième : un chopper. Alors autant le faire soi-même !
« American moto», c’est un grand garage où sont rangées soigneusement des pièces détachées. comme seraient empilées des boîtes de conserve dans un super marché : les moteurs d’un côté, les roues de l’autre. II n’y a qu’à choisir et se servir.
– « Pour le moteur, dit-il, je choisis un bon « quatre pattes Honda », ça va vite. Je cherchais depuis longtemps une bécane qui pousse (je traduis pour les non-initiés : qui va au moins à 170 km/h). Mon sposter traine un peu dans les côtes. »
Et Renaud s’affaire, il regarde ce moteur sous toutes les coutures, retrousse ses manches et se retrouve bien vite plein de cambouis. Passons aux roues, ça c’est facile, il sait exactement celles qu’il veut. Les grosses là-bas, à gauche, elles viennent tous droit de Daytona. Daytona, pour ceux qui ne le saurait pas, c’est le rassemblement de tous les amoureux de la moto. Ce petit coin des Etats-Unis, est rarement paisible. Sans arrêt, les vrombissements des engins troublent le repos des habitants. On y teste de nouvelles machines. Les plus grands champions s’y retrouvent.
Ce que l’on ne savait pas, c’est que Renaud dessine : il a apporté ses grandes feuilles blanches sur lesquelles étaient tracés des plans très élaborés.
D’après le dessin, son chopper a un pneu de devant étroit alors qu’à l’arrière, le pneu est large. Ça facilite, paraît-il, les accélérations. Voilà, le moteur est d’un côté, les roues de l’autre, le cadre et la fourche n’attendent plus qu’à être montés.
L’interprète de « Laisse Béton » s’en sort très bien. La machine commence à prendre tournure.
Renaud est sur la bonne voie… de garage. Il a plein de cambouis sur le visage mais ça ne le préoccupe par. Il ne pense qu’à la réussite de cette entreprise délicate.
Ça y est, elle est complète. Renaud, grave et attentif pendant l’opération, retrouve un sourire éclatant. Il contemple son chef-d’œuvre. Il ne reste plus que la peinture. Mais ça, il ne le fera pas. Il en a confié la charge à l’un de ses copains qui pour ce travail est beaucoup plus habile. Il la désirerait rouge.
– « Je suis fier de moi, s’ exclame-t-il. J’en connais une autre qui va être contente ! C’est ma gonzesse. »
Sa gonzesse, c’est Dominique, à qui il a dédié son dernier album. (Le titre est d’ailleurs « Ma gonzesse ».) Ils vivent tous deux depuis deux ans l’Amour Fou…
– « Dominique, c’est mon oxygène, dit-il, si elle devais me quitter, il me serait difficile de vivre. »
Cette gonzesse est aussi une dingue de moto. C’est fréquent de les rencontrer, tous deux vêtus de cuir, « à fond la caisse » sur le sposter Harley. Alors maintenant que le chopper va aller plus vite, ils n’ont pas fini de s’amuser et d’effrayer les piétons du Marais.
Renaud aurait aimé fabriquer cette moto plus tôt, mais il n’en a eu guère le temps jusque-là.
Son triomphe au Théâtre de la Ville en mars dernier a été le résultat d’un travail acharné.
C’est un Renaud un peu timide qui a découvert le public parisien. Mais la salle s’est bien vite attachée à ce personnage plein d’humour et de tendresse.
Chaque soir, au premier rang, Dominique l’encourageait.
Le rideau du Théâtre est tombé mais ce n’est pas fini pour autant. Renaud sillonnera prochainement les routes de France pour offrir son spectacle a ses fans de province.
L’interprète de « Ma gonzesse » vit a 100 à l’heure, sur sa bécane comme dans la vie. Il a mis cent chevaux dans son moteur, ce n’est pas pour rien ! …
Katherine Azoulay
Source : Le Nouveau Stéphanie