14 juillet 1995
L’amour, sous les étoiles
Mercredi, vers 11 heures, Renaud a surgi dans la nuit rochelaise qu’allumaient les sunlights du 11e festival. Vêtu d’un jean et chaussé de santiags, un foulard rouge accroché à la taille et la guitare autour du cou, il a entonné sur les premières notes de son concert une chanson pour les flics « Ronde de nuit, au milieu des barbares, pour Willie, le grouillard de flicard… Est-ce qu’on peut mettre de la musique sur la vie d’un flic ? »
Quelques mesures de musique plus tard, le chanteur des causes perdues a saisi le micro. Trois paroles fusent, sans guitare ni sono, devant 7 000 spectateurs : « Il paraît qu’à La Rochelle, la mendicité est interdite. Je vous remercie de m’autoriser à mendier votre amour. »
Renaud a lu les journaux. L’intéressent, partout où il traîne ses bottes, les nouvelles du monde… Et pour lui, les nouvelles sont bonnes ? Certes, depuis « Place de ma mob », « l’asticot » des faubourgs s’est métamorphosé.
Ses santiags ne sont plus en peau de chat maigre mais en lézard. L’anneau à l’oreille ne vient plus d’une tringle à rideau mais de chez Hermès avec, peut-être, un petit diamant accroché sous le sourire du papa de Lola. C’est « l’emballage » de Renaud Séchan qui, avec le temps, a changé. Mais au fond, sous la chemise blanche dont il se débarrasse au fil du concert, un même cœur immense bat toujours pour nous entraîner sur les cadences d’un monde oublié.
Le miracle Renaud s’est produit, encore, mercredi soir, sous le bateau du festival. Et ainsi, jusqu’à dimanche, la grande scène de Saint-Jean-d’Acre tire au ciel les chaînes et les poutrelles de vingt tonnes de matériel, pour que vogue ce vaisseau qui nous fait tous rêver. L’amour, sous les étoiles.
Isabelle Pouey-Sanchou
Source : HML des fans de Renaud