1982 (humour)

  • Qui peut oublier la fameuse introduction de « Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ? », sur le double album en spectacle Un Olympia pour moi tout seul ?

Lors du cinquième Congrès du Parti Communiste, lorsque le cas Renaud fut évoqué devant les dirigeants, Léonid Brejnev déclara, je ne dirai qu’un mot : « Ta gueule ! ». Renaud lui répliqua aussitôt très finement : « La tienne avant la mienne ! ». Dès lors, la détente était compromise. En mai 1980, Renaud répondit dans la Pravda, par un article laconique, je cite : « c’est sûrement pas un disque d’or, ou un Olympia pour moi tout seul, qui me feront virer de bord, qui me feront fermer ma gueule ! »

  • En janvier 1982, Coluche (Michel Colucci) écrit à Renaud pour s’excuser de ne pas être présent à son premier spectacle à l’Olympia de Paris (le 5 janvier 1982). Message très touchant, voyez par vous-mêmes : 

Voici une transcription de cette lettre de Coluche à Renaud :

Une îles des Caraïbes, 13 heures…

L’Asticot,

     Je serai pas là pour ta première et j’en ai pas honte vu que je serai au soleil et que je sais que tu m’approuves. Mais j’ai confiance en toi, je sais que tu chanteras bien et que la salle sera pleine de gens sympas comme on les aime. Tu sais je suis bien fier d’être ton pote parce que tu es un bon petit loubard toujours prêt à renauder si on l’emmerde, et parce que le succès ne t’a pas transformé en « épicier marchand de soupe » ni en faiseur de « chansons-pour plaire ».

     T’as beau être un méchant voyou, si tous les gens gentils, honnêtes et bien-élevés étaient comme toi, y’aurait moins de salauds.

     Embrasse bien Dominique et Lolita,

     Ton copain qui bronze en pensant à toi.

Coluche

 
Source : HLM des fans de Renaud

Voici une transcription de cette lettre de Pierre Desproges à Renaud :

RENAUD EST UN CON*

Sous des dehors de brute banlieusarde, Renaud cache en réalité un cœur de fumier périphérique.

La première fois que je l’ai rencontré, il m’a paru d’emblée antipathique.

C’était un lundi, rappelle-toi, Barbara, il pleuvait sans cesse sur Brest, ce jour-là. Par chance, nous étions à Vierzon. Renaud et moi devions nous exhiber au gala de soutien organisé au profit des organisateurs de galas de soutien. De Vierzon, Hirsute et chafouin, bardé de cuir noir et clouté de fer blanc, la cuisse torse et l’œil en dessous, Renaud descendait l’escalier d’honneur de « l’hôtel de la chambre », en ondulant vers moi sa dégaine chaloupée de zonard anorexique.

Je fus frappé par l’onctuosité lascive de chacun de ses gestes, tandis qu’il se posait au bar, non loin de là.

« – Vous avez la mouvance de l’abbé Soury », remarquai-je aimablement.

« – Laisse béton, camarade ! », rétorqua-t-il. « Le seigneur a dit : « aime ton prochain comme toi-même » : mais je me préfère moi-même. »

Élevé dans le respect des traditions, à l’abri de la propagande marxiste-léniniste et des auto-tamponneuses, j’aurais dû deviner tout de suite que ce garçon n’était pas de mon milieu. Plus tard, le mépris évident que je l’ai vu déployer sans vergogne à l’égard de la chasse à courre m’a conforté dans l’idée que le mélange des classes ne peut s’effectuer qu’au détriment du bon goût français.

Pierre Desproges

*çui qui le dit c’est çui qui y’est.
Renaud