1988 (humour et dessins)

Source : SONUMA

  • Le 16 octobre 2016, l’émission « Personne ne bouge ! », diffusée sur ARTE, faisait un retour humoristique sur la sortie de Renaud au café « A La Mort Subite » de Bruxelles (dans l’émission Cargo de nuit, diffusée sur RTBF le 18 mai 1988)

  • Festival « Juste pour rire » de Montréal

Renaud a composé un texte spécialement pour le festival « Juste pour rire » de Montréal (Québec) de juillet 1988, sur la musique de « Where Do the Children Play » de Cat Stevens :

Juste pour rire, pour rester vert
Comme un jardin ou comme la mer
Comme les gamins, comme les grands-pères
Comme les sapins en plein hiver

Juste pour rire, sans déranger
Pour me faire marrer sur l’côté

Juste pour rire, pour pas vieillir
Ou alors, le plus tard possible
Ou vieillir bien comme le bon vin

Ou vieillir jeune juste pour le fun

Juste pour rire, un tout petit peu
Pour me faire marrer au milieu

Une petite toune, un air de clown
Et y’a de la joie partout
Une p’tite chanson, a little song
Juste pour rire de tout, tatatin!

Juste pour rire, pour pas mourir
Ou alors, avec le sourire
Ou pour de faux comme les marmots
Ou faire semblant comme les enfants

Juste pour rire, un p’tit peu plus
Pour me faire marrer l’autobus

Juste pour rire, sans faire d’histoires
Pour me faire marrer au beurre noir

Juste pour rire, sans déranger
Pour me faire marrer sur l’côté

Juste pour rire, un tout petit peu
Pour me faire marrer au milieu

Juste pour rire, sans faire d’histoires
Pour me faire marrer au beurre noir

Juste pour rire, sans faire d’histoires
Pour me faire marrer, et pis c’est tout… Tatatin!

  • Lettre de Renaud au Père Noël 

Lettre composée et lue par Renaud, diffusée sur Europe 1 le 23 décembre 1988 :

Cher Père Noël,

J’veux pas te déranger longtemps parce que je sais que t’as pas mal de boulot en ce moment. Tu dois livrer à des millions d’enfants, des millions de mitraillettes, des millions de pétrolettes, des panoplies de Bioman, des poupées Barbie, des poupées Rambo, des milliers de maquettes de super vaisseau intersidéral d’Albator, le roi des cadors, tout plein de jouets à la con qui font de nos chères petites têtes blondes de joyeux guerriers de l’univers, prêts au combat, prêts à défendre la planète contre Robocop l’envahisseur, c’est lui qui chie quand il a peur.

Je voudrais que tu saches que je crois en toi cher Père Noël. J’ai plein de preuves : d’abord je vote ! Hé, c’est pas la preuve que je crois au Père Noël ? À croire que les hommes politiques peuvent changer la vie et le destin des plus démunis. Ah bon ! Ensuite, je lis les journaux à la recherche d’une bonne nouvelle, mais à part le fait que c’est souvent un cheval qui gagne au tiercé et des bœufs qui gagnent au loto sportif, on peut pas dire que l’actualité soit très réjouissante.

Les Kurdes sont génocidés, les Palestiniens mitraillés, les Arméniens décimés, les Algériens et les Turcs torturés, les immigrés expulsés, les rebelles emprisonnés, les opposants Iraniens assassinés, les enfants affamés, ou exploités, pendant que les militaires sont galonnés, les ministères constitués, les marchands d’armes décorés pour leurs prouesses économiques et les présidents déifiés, et moi de mon côté, je suis un peu enrhumé.

Cette année, cher Père Noël, pour être à la mode, dans ma crèche, au pied du sapin pouilleux décimé par les pluies acides, j’ai mis un petit Jésus fécondé in vitro, une vierge Marie avec un cocktail molotov à la main, au cas où quelqu’un blasphémerait, un Joseph en tenue de camouflage et kalachnikov, pour protéger ses territoires occupés, et trois rois mages en costard-cravate et attaché-case. Le premier est banquier, le deuxième marchand de canons et le troisième journaliste. Ils sont la puissance et ont le pouvoir sur tout ! Le bœuf, j’l’ai envoyé aux Restos du Cœur, où il sera plus utile débité en steaks hachés, et l’âne y s’est cassé, puisque y avait le Top 50 à la télé.

Sinon, cher Père Noël, pour mon cadeau, tu t’en fais pas, t’as qu’à garder tes jouets pour les petits enfants, et moi tu m’envoies juste une orange. Tu vas me trouver peut-être un peu chiant, mais si c’est une orange d’Afrique du Sud, tu la gardes.

Bon j’te laisse. Faut que j’écrive aussi à mon cousin le Père Fouettard, voir s’il aurait pas un petit potin sur ton compte, comme quoi quand t’étais petit, tu lui piquais ses jouets. Enfin, moi euh j’ai rien à dire, mais c’est un bruit qui court sur Europe 1 ! Tatastin !

Allez, salut Père Noël, ici l’Père Renaud, Tatastin !