48 heures avec Renaud la tendresse

Salut !

N° 54, 17 au 23 mai 1978

Avec Renaud en tournée

A l’exemple des grands, Renaud est parti en tournée. Pour la première fois. Avant de prendre la route avec ses musiciens il avait tenu, lui-même, à ranger soigneusement dans son camion tout le matériel qui lui est indispensable sur scène.

A Bruxelles, première étape de sa tournée, il découvrit une ville recouverte d’immenses affiches portant son nom et sa photo. Il prit aussi connaissance des titres de journaux qui le traitaient de « zonard de naissance », de « loubard de vocation » ou encore d’ « anarchiste de cœur, ce qui le fait bien rire.

Ils étaient pourtant nombreux, les Bruxellois, à acclamer aux Halles de Schaerberg, ce « loulou » pas comme les autres. Oui, renaud a obtenu un véritable triomphe. Une récompense que méritait bien l’interprète de « Laisse béton » et de « Adieu minette » qu’ont accompagné tout au long de sa tournée, Guy tintin et François Gaillard.

Le trajet fut pénible, car il pleuvait. Renaud voulut tenir lui-même le volant de son camion tel un commandant qui tient la barre de son navire. « Mon bahut, affirme-t-il, est un peu ma seconde maison. Je me sens terriblement bien à l’intérieur et je ne suis pas le seul. Mes musiciens, l’aiment tellement, qu’ils préfèrent passer leur nuit dedans plutôt que de prendre une chambre à l’hôtel ».
A l’heure où Paris n’était pas encore réveillé, Renaud aidé de ses musiciens, s’employait à ranger méticuleusement dans son camion sa sonorisation et ses micros. Puis, avant de prendre la route, il fit quelques pas dans les rues de Paris pour se dégourdir les jambes et dire au revoir à la capitale.

 

Ouf ! le voyage est terminé. Renaud en profite pour se désaltérer et savourer une bonne bière belge après avoir jeté sur son épaule droite, à la manière des cow-boys, la selle de cheval qu’il s’est offerte et qui lui sert de porte-documents.
Puis il s’est « admiré » sur les nombreuses affiches placardées dans les rues.
Partout dans les rues des fans l’arrêtent pour lui demander des autographes. Certains avaient même des posters publiés dans Salut ! Lorsque ces trois filles qui circulaient en mobylette dans les rues de Bruxelles aperçurent Renaud, elles s’arrêtèrent et se jetèrent littéralement sur lui pour l’embrasser et demander à François Gaillard le photographe de Salut ! de prendre un cliché. Ce qu’il fit avec beaucoup de gentillesse.
Le repos aura été de courte durée. Il faut à présent que Renaud et ses musiciens déchargent leur camion et installent le matériel sur la scène des Halles de Schaerberg.
A la Faculté des Sciences Economiques de Namur, de nombreux fans avaient décollé des affiches qui se trouvaient dans les rues, afin de se les faire dédicacer.
Le rideau se lève. Renaud, vêtu d’un jean et d’un blouson noir, attaque sa première chanson sous de véritables ovations. Il déclenche tout de suite l’enthousiasme général, surtout après avoir interprété une chanson qui raconte l’histoire d’un Nord-Africain que la foule voulait lyncher dans une rue de Paris, essentiellement parce qu’il avait la peau basanée.

Dans quelques minutes à peine, Renaud dormira d’un profond sommeil.
Il est huit heures du matin. Renaud se rase. Il se sent en pleine forme.
C’est déjà l’heure du départ pour l’interprète d’« Adieu Minette ».
Il pleut toujours sur la Belgique. Renaud tout en conduisant, songe à son prochain gala. Les spectateurs vont-ils être aussi merveilleux, aussi enthousiastes que la veille ?
Namur n’est plus très loin. Renaud s’aperçoit soudain qu’il a deux taches de stylo sur son jean. Il a dû les faire en dédicaçant ses photos. Il s’arrête alors dans un magasin pour s’offrir un autre jean et aussi deux chemises américaines.
Une fois encore, il doit dédicacer des photos. C’est avec plaisir qu’il le fait, surtout qu’un dessin réalisé par l’un de ses fans lui rappelle de bons souvenirs. Il représente un jeune gavroche qui ressemble à deux qu’il dessinait lui-même et qu’il vendait pour se faire de l’argent de poche à l’époque où il n’était pas encore Renaud.

Malgré son succès, Renaud reste semblable à lui-même. Avant de regagner Paris, il en profite pour se promener seul sur une route située à l’orée de la campagne, laissant son imagination vagabonder au gré du vent. Renaud-la-tendresse, c’est quelque chose tout de même.

  

Source : Salut !