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La Dépêche du Midi
« Je suis heureux comme un enfant de retrouver Montauban, les rives du Tarn, la place Nationale, les ruelles de la ville et ce petit festival devenu grand… » Redevenu vivant sur la route d’une tournée qui fait autant de boucan que son dernier album, Renaud a écrit une petite bafouille aux organisateurs d’« Alors Chante ! », dont il sera l’invité d’honneur samedi prochain (une semaine avant ses deux concerts au Zénith de Toulouse).
Dans sa lettre, il promet de « boire de l’eau minérale à la mémoire de Mister Renard et à la santé du Dr Renaud ». Autant dire qu’il se jette à l’eau, dans un festival où il est attendu à bras ouverts. Il existe une solide amitié entre le chanteur et le festival, où il s’est produit, en 1996 et 2000, à des moments plus ou moins heureux de sa carrière. L’accueil y a toujours été fervent, et c’est le festival de son souvenir qu’il retrouvera : alors que les têtes d’affiche jouent maintenant en haute ville, dans la salle Eurythmie, la scène de son spectacle sera dressée sur les berges du Tarn, qui peuvent accueillir six mille personnes à ciel ouvert. Tout un village aux couleurs de douce France est reconstitué sur les planches, avec son école-mairie, son hôtel, son bistrot préféré (c’est quand qu’on boit où ?). Renaud y raconte sa vie et chante ses plus grands succès, dont les derniers. Manhattan-Kaboul sans Axelle Red ? Le public donnera sa voix à la petite fille afghane.
Pemière pour Zebda
Pour sa 18e édition, le festival propose un plateau de 25 spectacles qui alterne les nouveaux et les anciens qui ont du nouveau. Ce n’était pas gagné d’avance, les dates de Montauban se situant généralement après les grosses tournées d’hiver, et avant celles de l’été. Ainsi, Mickey 3D n’a pas pu venir, il respire en fin de parcours, mais les quatre de Tryo seront là, pour avoir avancé le départ de leur tournée. Tout en douceur, ils ouvriront la voie aux énergiques Toulousains de Spook and the Guay. Zebda, autres fameux Toulousains, viennent officiellement pour la première fois à « Alors Chante » (on les avait vus dans la formation des 100 % collègues). C’est une date unique, un moment fort pour tous ceux qu’ils font bouger. Et ils sont nombreux à venir entendre à Montauban du rythme et des convictions. Zebda a déjà connu le gros succès, Vincent Delerm et Sanseverino le découvrent depuis les dernières Victoires de la musique. La soirée du débutant futé (collectionneur de dessins de grenouilles) et du vieux routier des petites salles, grand admirateur de Django Reinhardt, et « voleur de poules »-du nom de son ancien groupe-, a donc été la première à afficher complet. Sanse’ ou le retour d’une certaine chanson réaliste, en moins triste.
Et pour les enfants…
Blankass, le groupe berrichon du bondissant Guillaume fait un retour retentissant parmi les espoirs du rock français. Résultat, il est invité à Montauban, en première partie de Jean-Louis Aubert, dont l’ancienne complice Corine jouera en solo). Ici, la fidélité se conjugue toujours dans les deux sens. Ainsi, Kent revient-il avec un nouveau spectacle acoustique, dans la salle qui sert le mieux son élégance : le théâtre. Lieu mythique d’« Alors Chante » où erre la mémoire de Léo Ferré (que chantera mardi Nicolas Reggiani, petit fils de Serge), de Nina Simone et de nombreux vivants, ce théâtre sera un lieu de grande écoute pour les nouvelles chansons de Gilbert Laffaille, de Robert Charlebois, et pour une rencontre inédite avec Richard Bohringer, qui dit ses visions de ville de nuit (après la solaire Zora).
Qu’est-ce qui fait que les artistes se souviennent du festival ? C’est qu’ils se rappellent l’accueil du public, et celui des bénévoles en coulisses. Car « Alors Chante » est resté bénévole en grande partie. « On a délégué le suivi technique à de vrais pros, Bleu Citron et Caramel Blanc, explique le chef d’orchestre Jo Masure, et on a gardé pour nous les choix artistiques, l’accueil des artistes, du public, de la presse, tout ce qui fait la convivialité du festival. C’est un peu le secret de notre réussite. » Ils sont une vingtaine pendant l’année, chiffre multiplié par cinq pour la durée d’« Alors Chante ».
Si le noyau dur de l’asso « Chants Libres » choisit les artistes, il choisit aussi, d’une certaine manière, le public, en pratiquant des prix d’entrée au plus bas (prix maximum 34 euros)… « On n’est pas une boîte à fric, précise Jo Masure, autant que les subventions des collectivités permettent aux minots qui n’ont pas un rond de venir au spectacle. » Cinq euros, c’est le tarif du chapiteau enfants, nouveau festival dans le festival où Jacques Haurogné, Thibault ou Mousta Largo vont faire goûter au jeune public les plaisirs de la chanson vivante.
Pierre Mathieu
Source : La Dépêche