MONTRÉAL, SAMEDI 7 OCTOBRE 1989
Arts et spectacles
Radio télévision
Les congrès, d’habitude, se déroulent sans histoires. On échange plus dans les « suites d’hospitalité » que dans les ateliers; la prise de contact, plus ou moins personnel, prime souvent sur la circulation des idées.
Le 36e Congrès de l’Association canadienne des radio- et télédiffuseurs de langue française (ACRTF), tenu à Montebello au début de la semaine, a fait exception.
Lundi matin, les délégués avaient écouté avec beaucoup de satisfaction le premier discours officiel de Keith Spicer, le nouveau président du CRTC. Après le déjeuner, on se disait « impressionné », « rassuré » par l’ouverture d’esprit et la souplesse de M. Spicer. Un orateur exceptionnel, M. Spicer. jamais un seul «euh…» Sympathique aussi: aux diffuseurs privés, il disait « Vous, les créateurs… » Ils aimaient ça.
À midi, le ton a changé quand le ministre des Communications du Canada, M. Marcel Masse, a pris le micro. S’il y avait eu une mouche dans la salle du Château Montebello, on ne l’aurait pas entendu voler car elle se serait arrêtée elle aussi pour écouter le ministre.
M. Masse n’est pas un grand orateur mais il a le sens du dramatique. Il n’y a pas que les profits dans la vie, a-t-il lancé à ses hôtes. Qu’est-ce que vous offrez aux auditeurs et téléspectateurs qui vous font vivre ? Bing ! bang! la sauvegarde de la culture et de la langue, le partage des bénéfices avec les artistes: le ministre n’a pas fait de quartier. Un véritable coup de masse.
Les diffuseurs n’ont pas aimé ça. Ils ont mis 24 heures à s’en remettre . Mardi matin, ils étaient encore fâchés et leur paranoïa naturelle, à fleur de peau.
Mardi soir, ils ont oublié la dureté de leur destin quand Hi ! Ha! Tremblay est venu leur dire que, lui aussi, il était d’accord avec « la statue de l’artiste » et que « chacun devrait en avoir une ».
Le colloque RadioActivité, la fin de semaine prochaine, réunira les radiodiffuseurs et les gens de l’industrie du disque. Le chanteur Renaud, pas reconnu pour sa verbomanie, participera à un atelier. Le 7 novembre s’ouvrent à Montréal les audiences du CRTC sur la musique vocale francophone. Un affrontement à trois: les artistes, les radios et le CRTC qui doit les protéger tous les deux. Et M. Masse qui s’apprête à déposer son projet de loi sur la radiodiffusion.
Un automne chaud, avant que la terre ne revête son grand manteau d’hermine…
Source : La Presse