« Les Mômes et les enfants d’abord » réunit douze titres, dont les textes ont tous été écrits par Renaud, sauf « le Petit Crabe et la Langoustine », une chanson du musicien de Jazz Jacques Mahieux, décédé en 2016. Le chanteur de 67 ans a aussi mis en musique la gentiment grivoise « Pin-Pon ». Quatre morceaux ont été composés par son ami Thierry Geoffroy, qui a coréalisé l’album, trois par son ex-gendre Renan Luce, deux par son ex-femme Romane Serda et une par Michaël Ohayon. qui avait travaillé sur le disque précédent.
A la première écoute, ce qui saute aux oreilles et fait mal au cœur, c’est la voix de Renaud. Ceux qui l’ont entendue sur sa tournée savent qu’elle est abîmée. Sur le disque, elle est en meilleur état – Renaud a arrêté de boire de l’alcool II y a dix mois -, mais elle reste râpeuse, parfois caverneuse.
Petits anges et vieux démons
Le parti pris des réalisateurs du disque, Thierry Geoffroy et Bertrand Lamblot – qui fut le directeur artistique de Johnny Hallyday -, a été de ne pas tricher avec la réalité et d’adapter la musique à la voix de Renaud. C’est respectable, ça rend l’écoute touchante mais parfois difficile.
Se détachent d’emblée quatre chansons ; le single « les Animais », la jolie ballade « L.O.L.I.T.A », dédiée à sa fille Lolita Séchan, et les entraînantes « On va pas s’laisser pourrir » – qui a un p’tit air de « Dès que le vent soufflera » – et « Ça va gueuler », dans un registre folk-rock qui donne le ton à l’album et lui vu toujours bien. « Pin-Pon » est une valse lente avec accordéon et trompette, « J’aime rien » et « C la récré» deux blues-rock, le premier avec harmonica, le second avec un chœur d’enfants sur le refrain.
On est heureux aussi de retrouver un Renaud optimiste, évoquant à plusieurs reprises son combat victorieux contre l’alcool. Dans une chanson antidrogues, « On va pas s’laisser pourrir » : « J’connais un pote chanteur, qu’a paumé dix ans d’sa vie/Dix ans d’errance, de malheur, dépression, hypocondrie/Tout ça à cause du pastis/Le seul poison de Marseille/A cause d’une vie bien trop triste/A cause d’une vie sans soleil. » Et dans « les Animals » : « J’ai une passion depuis peu pour les beaux phénix/J’en connais un peu parmi eux, il est fantastix/Autre fois on l’appelait Renaud le renard/Mais depuis qu’il boit du lait, il est plus peinard. »