Amoureux de Paname (paroles)

Premier album studio de Renaud ! 

Sorti le 3 avril 1975, l’album est sans titre mais est souvent appelé « Amoureux de Paname » en référence au nom de la première chanson. Même si ses ventes n’ont pas atteint des sommets, certaines chansons comme Hexagone ou Société, tu m’auras pas reçoivent un vif succès. 

Pour vous le procurer, c’est par ici !

1. Amoureux de Paname
    (Renaud Séchan)

Écoutez-moi, vous les ringards,
Écologistes du samedi soir
Cette chanson-là vaut pas un clou
Mais je la chant’ rien que pour vous

Vous qui voulez du beau gazon,
Des belles pelouses, des p’tits moutons
Des feuilles de vignes et des p’tites fleurs,
Faudrait remettre vos montres à l’heure

Moi, j’suis amoureux de Paname
Du béton et du macadam
Sous les pavés ouais, c’est la plage
Mais l’bitume c’est mon paysage
Le bitume c’est mon paysage

Écoutez-moi, vous les ringards,
Écologistes des boul’vards
Vos beaux discours y’en a plein l’dos,
Y’a du soleil dans les ruisseaux

La Tour Montparnasse elle est belle,
Et moi j’adore la tour Eiffel
Y’a plein d’amour dans les ruelles
Et d’poésie dans les gratt’-ciel

Moi, j’suis amoureux de Paname
Du béton et du macadam
Sous les pavés ouais, c’est la plage
Mais l’bitume c’est mon paysage
Le bitume c’est mon paysage.

Écoutez-moi vous les ringards,
Écologistes des grands soirs
La pollution n’est pas dans l’air,
Elle est sur vos visages blêmes

Moi j’aime encore les pissotières,
J’aime encore l’odeur des poubelles
J’me parfume pas à l’oxygène,
L’gaz carbonique c’est mon hygiène.

Moi, j’suis amoureux de Paname
Du béton et du macadam
Sous les pavés ouais, c’est la plage
Mais l’bitume c’est mon paysage
Le bitume c’est mon paysage.

Écoutez-moi, vous les ringards,
Écologistes du sam’di soir.
Cette chanson-là vaut pas un clou
Mais je la chante rien que pour vous.

Vous qui voulez du beau gazon,
Des belles pelouses, des p’tits moutons,
Des feuilles de vigne et des p’tites fleurs,
Faudrait remettre vos montres à l’heure.

Moi j’suis amoureux de Paname,
Du béton et du macadam.
Sous les pavés ouais c’est la plage,
Mais l’bitume c’est mon paysage,
Le bitume c’est mon paysage.

Écoutez-moi, vous les ringards,
Écologistes des boul’vards.
Vos beaux discours y’en a plein l’dos,
Y’a du soleil dans les ruisseaux.

La Tour Montparnasse elle est belle,
Et moi j’adore la tour Eiffel,
Y’a plein d’amour dans les ruelles
Et d’poésie dans les gratt’-ciel.

Moi j’suis amoureux de Paname,
Du béton et du macadam.
Sous les pavés ouais c’est la plage,
Mais l’bitume c’est mon paysage,
Le bitume c’est mon paysage.

Écoutez-moi, vous les ringards,
Écologistes des grands soirs.
La pollution n’est pas dans l’air,
Elle est sur vos visages blêmes.

Moi j’aime encore les pissotières,
J’aime encore l’odeur des poubelles,
J’me parfume pas à l’oxygène.
L’gaz carbonique c’est mon hygiène.

Moi j’suis amoureux de Paname,
Du béton et du macadam,
Sous les pavés ouais c’est la plage,
Mais l’bitume c’est mon paysage,
Le bitume c’est mon paysage.

2. Société, tu m’auras pas !
    (Renaud Séchan)

Y’a eu Antoine avant moi 
y’a eu Dylan avant lui 
après moi qui viendra ? 
Après moi c’est pas fini. 
On les a récupérés, 
oui, mais moi on m’aura pas. 
Je tirerai le premier 
et j’viserai au bon endroit. 

J’ai chanté dix fois, cent fois 
j’ai hurlé pendant des mois, 
j’ai crié sur tous les toits 
ce que je pensais de toi, 
société, société, 
tu m’auras pas.

J’ai marché sur bien des routes, 
j’ai connu bien des pat’lins, 
partout on vit dans le doute, 
partout on attend la fin.

J’ai vu occuper ma ville 
par des cons en uniformes 
qu’étaient pas vraiment virils, 
mais qui s’prenaient pour des hommes.

J’ai chanté dix fois, cent fois 
j’ai hurlé pendant des mois, 
j’ai crié sur tous les toits 
ce que je pensais de toi, 
société, société, 
tu m’auras pas.

J’ai vu pousser des barricades, 
J’ai vu pleurer mes copains, 
J’ai entendu les grenades 
tonner au petit matin. 
J’ai vu ce que tu faisais 
du peuple qui vit pour toi, 
j’ai connu l’absurdité 
de ta morale et de tes lois.

J’ai chanté dix fois, cent fois 
j’ai hurlé pendant des mois, 
j’ai crié sur tous les toits 
ce que je pensais de toi, 
société, société, 
tu m’auras pas.

Demain, prends garde à ta peau, 
à ton fric, à ton boulot, 
car la vérité vaincra, 
la Commune refleurira 
Mais en attendant, je chante, 
et je te crache à la gueule 
cette petite chanson méchante 
que t’écoutes dans ton fauteuil.

J’ai chanté dix fois, cent fois 
j’ai hurlé pendant des mois, 
j’ai crié sur tous les toits 
ce que je pensais de toi, 
société, société, 
tu m’auras pas.

3. Petite fille des sombres rues
    (Renaud Séchan)

Non ne crois pas, fillette,
Me retenir encore
Dans tes rues sans violettes
Dans ton triste décor.
N’essaie pas de me suivre,
Déserte mes rivages,
Loin de toi je veux vivre
De plus beaux paysages.

Petite fille des sombres rues,
Eloigne toi,
Petite fille aux yeux perdus,
Tu m’oublieras.

J’ai trop longtemps vécu
Dans de pauvres ruelles,
Trop longtemps attendu
Un dernier arc-en-ciel.
J’ai besoin de soleil
Et d’horizons moins gris,

Je veux voir les merveilles
Que, près de toi, j’oublie.

Petite fille des sombres rues,
Eloigne toi,
Petite fille aux yeux perdus,
Tu m’oublieras.

Je ne suis pas de ceux
Que chasse la lumière,
Et qui vivent heureux
Un éternel hiver.
De l’amour je ne veux
Que les filles des rivières,
Lorsque j’aime les yeux,
J’aime aussi la chaumière.

Petite fille des sombres rues,
Eloigne toi,
Petite fille aux yeux perdus,
Tu m’oublieras.

Nos chemins se séparent,
Entends, la vie m’appelle,
Je quitte tes trottoirs
Et tes grises dentelles.
Je pars pour des royaumes
Où l’on m’attend peut-être,
Où le bonheur embaume,
Et donne un air de fête.

Petite fille des sombres rues,
Eloigne toi,
Petite fille aux yeux perdus,
Tu m’oublieras.

Laisse-moi m’en aller,
Je n’ai plus rien à dire,
Mais si tu veux pleurer,
N’essaie pas de sourire.
Retourne dans ta nuit,
Au fond de tes faubourgs,
Retourne dans l’ennui
Qui habite tes jours.

Petite fille des sombres rues,
Eloigne toi,
Petite fille aux yeux perdus,
Tu m’oublieras.

4. La Java sans joie
    (Renaud Séchan)

Moi j’aime bien chanter la racaille,
la mauvaise herbe des bas quartiers,
les mauvais garçons, la canaille,
ceux qui sont nés sur le pavé.
J’ai bien du mal à les chanter,
tell’ment qu’elles sont tristes mes histoires,
mais celle que j’vais vous raconter,
elle fait même pleurer ma guitare.

Écoutez-la, ma java sans joie,
c’est la java d’un p’tit gars,
écoutez-la, ma java sans joie,
la java d’un p’tit gars qu’était sans foi ni loi.

Sa mère l’avait eu un beau soir,
alors qu’elle s’y attendait pas,
il est né près des grands boul’vards,
sur le pavé humide et froid.
Il a jamais su l’nom d’son père,
puisque sa vieille vingt fois par jour,

pour dix sacs s’envoyait en l’air,
dans un boxon d’la rue du Four.

Écoutez-la, ma java sans joie,
c’est la java d’un p’tit gars,
écoutez-la, ma java sans joie,
la java d’un p’tit gars qu’était sans foi ni loi.

Après avoir quitté l’école,
où qu’y s’est pas trop attardé,
il s’est mis dans la cambriole,
avec ses copains de Saint-Mandé.
Il a voyouté quelque temps
avec Dédé le Surineur,
avec Julot d’Ménilmontant,
et toute la bande du Sacré-Cœur.

Écoutez-la, ma java sans joie,
c’est la java d’un p’tit gars,
écoutez-la, ma java sans joie,
la java d’un p’tit gars qu’était sans foi ni loi.

Il commençait à s’faire un nom,
et dans les petits bals musette,
lorsque jouait l’accordéon,
on voyait tourner sa casquette.
Il butta son premier larron
alors qu’il avait pas vingt ans,
le crime c’était sa vocation,
l’arnaque c’était son tempérament.

Écoutez-la, ma java sans joie,
c’est la java d’un p’tit gars,
écoutez-la, ma java sans joie,
la java d’un p’tit gars qu’était sans foi ni loi.

Dans l’quartier où y’f’sait son beurre,
y’a des gens qui l’appelaient Monsieur,
mais les flics ces petits fouineurs
ne le quittaient jamais des yeux.
Quand il a eu un peu trop d’sang
sur ses doigts couverts de bijoux,
ils l’ont ficelé sur du bois blanc
et ils lui ont tranché le cou.

Écoutez-la, ma java sans joie,
c’est la java d’un p’tit gars,
écoutez-la, ma java sans joie,
la java d’un p’tit gars qu’était sans foi ni loi.

5. Gueule d’aminche
    (Renaud Séchan)

Écoutez ça les aminches
Les escarpes et les marlous
C’est l’histoire d’un drôle de grinche,
Tronche d’amour, gueule de voyou.

C’est une histoire féroce
Qui f’ra pleurer les frangins,
Qui fera chialer les gosses
De Belleville jusqu’à Pantin.

Pleurez pas dans vos mouchoirs,
non, ça n’est pas mon histoire.

C’est l’histoire triste et sordide
D’un gigolo d’la Vache-Noire
Qu’aimait d’un amour stupide
Une bourgeoise des boul’vards.

L’avait pas une gueule trop moche,
Sous sa casquette de fortif,

Y traînait à la Bastoche,
Où c’est qu’y jouait du canif.

Pleurez pas dans vos mouchoirs,
Non ça n’est pas mon histoire.

C’était le roi des barrières,
L’as de la java musette,
L’tombeur des bals populaires,
D’la Chapelle à la Villette.

Enfin bref, c’était l’bon jules
Pas bégueule et presque honnête,
Il avait pas trop d’scrupules
D’gagner sa croûte à Montmertre.

Pleurez pas dans vos mouchoirs,
non ça n’est pas mon histoire.

Mais l’angoisse c’est qu’un beau soir
Il a rencontré c’te môme,
Son sourire en balançoire,
Ses grands airs et ses diplômes.

L’aurait mieux fait d’la maquer
Su’l’trottoir pour trois cents balles,
Plutôt que d’s’amouracher
De cette salope en cavale.

Pleurez pas dans vos mouchoirs,
non ça n’est pas mon histoire

Depuis qu’il l’a dans la peau,
C’est plus l’marlou qu’j’ai connu,
Y parle de s’mettre au boulot,
De plus traîner dans les rues.

Pour y offrir des dentelles,
Y renonce même au fric-frac,
Aux coups d’surin et d’semelles,
Aux combines et à l’arnaque.

Les escarpes et les marlous
Qui traînez su’l’macadam,
Faites-vous plutôt couper l’cou
Que d’en pincer pour une grande dame.

Pleurez pas dans vos mouchoirs,
non ça n’est pas mon histoire.

6. La Coupole
   (Renaud Séchan)

Andy Warhol à la Coupole,
peint les gambettes de Mistinguett,
il les dessine très longilignes,
leur donne la forme du cou d’un cygne.

Lewis Carrol, à la Coupole,
parle de fillette en salopettes,
il les devine vêtues de jean’s,
pleines de paillettes sur les pommettes.

Elles me fascinent, toutes ces gamines,
avec leurs mines de Marilyn,
sortant d’l’école, vers la Coupole,
elles caracolent et elles racolent.

Quand vient le soir, j’aime aller boire
un verre d’alcool à la Coupole,
pour faire du gringue à toutes ces dingues,
à toutes ces folles bien trop frivoles.

Toutes les idoles, de la Coupole,
les midinettes, les gigolettes,
les carolines en crinolines,
ne sont en fait que des starlettes

7. Hexagone
   (Renaud Séchan)

(Dans l’article suivant, l’auteur analyse en détail les paroles d’Hexagone – à découvrir !
« Hexagone » de Renaud date de 1975 et elle est toujours ma chanson française préférée. (J’aime les mots, 6 avril 2020))

Ils s’embrassent au mois de janvier, 
car une nouvelle année commence, 
mais depuis des éternités 
l’a pas tell’ment changé la France. 
Passent les jours et les semaines, 
y’a qu’le décor qui évolue, 
la mentalité est la même, 
tous des tocards, tous des faux culs.
Ils sont pas lourds en février, 
à se souvenir de Charonne, 
des matraqueurs assermentés 
qui fignolèrent leur besogne. 
La France est un pays’ de flics, 
à tous les coins d’rue y’en a cent, 
pour faire régner l’ordre public 
ils assassinent impunément. Quand on exécute au mois d’mars, 
de l’autr’côté des Pyrénées, 
un anarchiste du Pays Basque, 
pour lui apprendre à s’révolter, 
ils crient, ils pleurent et ils s’indignent 
de cette immonde mise à mort, 
mais ils oublient qu’la guillotine 
chez nous aussi fonctionne encore. Être né sous l’signe de l’hexagone, 
c’est pas c’qu’on fait de mieux en c’moment, 
et le roi des cons, sur son trône, 
j’parierais pas qu’il est allemand. On leur a dit, au mois d’avril, 
à la télé, dans les journaux, 
de pas se découvrir d’un fil, 
que l’printemps c’était pour bientôt, 
Les vieux principes du seizième siècle, 
et les vieilles traditions débiles, 
ils les appliquent tous à la lettre, 
y m’font pitié ces imbéciles. Ils se souviennent, au mois de mai, 
d’un sang qui coula rouge et noir, 
d’une révolution manquée 
qui faillit renverser l’histoire. 
J’me souviens surtout d’ces moutons, 
effrayés par la liberté, s’en allant voter par millions 
pour l’ordre et la sécurité. Ils commémorent au mois de juin, 
un débarquement d’Normandie, 
ils pensent au brave soldat ricain 
qu’est v’nu se faire tuer loin d’chez lui. 
Ils oublient qu’à l’abri des bombes, 
les Français craient : vive Pétain, 
qu’ils étaient bien planqués à Londres, 
qu’y’avait pas beaucoup d’Jean Moulin. Être né sous l’signe de l’hexagone, 
c’est pas la gloire en vérité 
et le roi des cons, sur son trône, 
me dites pas qu’il est portugais. Ils font la fête au mois d’juillet, 
en souv’nir d’une révolution 
qui n’a jamais éliminé 
la misère et l’exploitation. 
Ils s’abreuvent de bals populaires, 
d’feux d’artifice et de flonflons, 
ils pensent oublier dans la bière 
qu’ils sont gouvernés comme des pions. Au mois d’août c’est la libertén 
après une longue année d’usine, 
ils crient : vive les congés payés ; 
ils oublient un peu la machine. 
En Espagne, en Grèce ou en France, 
ils vont polluer toutes les plages, 
et, par leur unique présence, 
abîmer tous les paysages. Lorsqu’en septembre on assassine 
un peuple et une liberté 
au coeur de l’Amérique latine, 
ils sont pas nombreux à gueuler. 
Un ambassadeur se ramène, 
bras ouverts il est accueuilli, 
le fascisme c’est la gangrène, 
à Santiago comme à Paris. Être né sous l’signe de l’hexagone, 
c’est vraiment pas une sinécure, 
et le roi des cons, sur son trône, 
il est français, ça j’en suis sûr. Finies les vendanges en octobre, 
le raisin fermente en tonneaux, 
ils sont très fiers de leurs vignobles, 
leurs côtes-du-rhône et leurs bordeaux. 
Ils exportent le sang de la terre 
un peu partout à l’étranger, 
leur pinard et leur camembert, 
c’est leur seule gloire, à ces tarés. En novembre, au Salon d’l’auto, 
ils vont admirer par milliers 
l’dernier modèle de chez Peugeot, 
qu’il pourront jamais se payer. 
La bagnole, la télé, l’tiercé, 
c’est l’opium du peuple de France, 
lui supprimer c’est le tuer, 
c’est une drogue à accoutumance. En décembre, c’est l’apothéose, 
la grande bouffe et les les p’tits cadeaux, 
ils sont toujours aussi moroses, 
mais y’a d’la joie dans les ghettos. 
La Terre peut s’arrêter d’tourner, 
ils rat’ront pas leur réveillon, 
moi j’voudrais tous les voir crever, 
étouffés de dinde aux marrons. Etre né sous l’signe de l’Hexagone, 
on peut pas dire qu’ça soit bandant. 
Si l’roi des cons perdait son trône, 
y’aurait cinquante millions de prétendants.

8. Écoutez-moi les gavroches
    (Renaud Séchan, Jacqueline Néro, François Bernheim)

Pour toutes les fleurs du béton,
pour tous les gamins de Paris,
j’ai composé cette chanson
pour éclairer leurs sombres nuits.

Pour ceux qui vivent sur le bitume
qui n’ont jamais vu le gazon,
qui ne connaissent que la brume,
qui n’ont qu’un ciel gris pour plafond.

Écoutez-moi, les gavroches,
vous les enfants de la ville : 
non Paris n’est pas si moche,
ne pensez plus à l’an 2000.

Ouvrez vos yeux pleins d’innocence
sur un Paris qui vit encore,
et qui fera de votre enfance
le plus merveilleux des décors.

Voyez plus loin que l’horizon,
le temps n’a pas tout démoli,
les rues sont pleines de chansons,
les murs ne sont pas toujours gris.

Écoutez-moi, les Gavroches,
vous les enfants de la ville : 
non Paris n’est pas si moche,
ne pensez plus à l’an 2000.

Traînez vos vies dans les ruelles,
dans les vieux bistrots, dans les cours,
et sur les pavés éternels
qui n’ont pas quitté les faubourgs.
Allez respirer sur la Butte
tous les parfums de la Commune
souvenir de Paris qui lutte
et qui pleure parfois sous la lune.

Ecoutez-moi, les gavroches,
vous les enfants de ma ville,
non Paris n’est vraiment pas si moche,
ne pensez plus à l’an 2000.

9. Rita
    (Renaud Séchan)

Rita, donne-moi ton cœur,
Rita, donne-moi ta main,

Rita, donne-moi ta sœur,
Rita, nous partons demain.

10. Camarade bourgeois
      (Renaud Séchan)

Camarade bourgeois,
Camarade fils-à-papa,
La Triumph en bas d’chez toi
Le p’tit chèque en fin de mois
Regarde-toi ah ah ah
Regarde-toi ah ah ah
Camarade bourgeois,
Camarade fils-à-papa,
T’as vraiment pas l’air con,
Quand tu sors le dimanche
Ton petit complet veston
Et ta chemise blanche
Regarde-toi ah ah ah
Regarde-toi ah ah ah

Camarade bourgeois,
Camarade fils-à-papa,
Tu roules en Ferrari
Ou en Lamborghini,
Tu roules des épaules,

Tu te crois super drôle,
Regarde-toi ah ah ah
Regarde-toi ah ah ah

Camarade bourgeois,
Camarade fils-à-papa,
Je sais, ton père est patron,
Faut pas en faire un complexe,
Le jour d’la révolution,
On lui coupera qu’la tête.
Regarde-toi ah ah ah
Regarde-toi ah ah ah

Camarade bourgeois,
Camarade fils-à-papa,
Tu passes ton temps au drugstore
Sur les Champs-Elysées
Tu te crois très très fort,
T’es jamais qu’un minet.
Regarde-toi ah ah ah
Regarde-toi ah ah ah

Camarade bourgeois,
Camarade fils-à-papa,
Rejoins les rangs de la pègre,
Tu prendras vraiment ton pied,
Ne sois plus une petite pède,
Nous sommes tous des défoncés,
Regarde-moi ah ah ah
Regarde-moi ah ah ah
Regarde-moi ah ah ah
Regarde-moi ah ah ah

11. Le Gringalet
      (Renaud Séchan)

C’était un gringalet 
pas vraiment laid,
mais il était 
né à Paname,
tous ceux qui l’connaissaient
y disaient
qu’y savait 
causer aux dames.

C’était pas un tocard,
un ringard,
Un traîne boul’vard,
On l’app’lait l’saint-bernard
Le Mozart 
du Pont des Arts.

C’était pas un dragueur,
un flambeur
de fin d’semaine,
il amenait nos p’tites sœurs

un quart d’heure
su’l’bord d’la Seine.

Il avait pas eu d’père,
pas eu d’mère,
ni d’anniversaire,
il était né un soir,
rue Rochechouart,
près d’une poubelle.

Il avait pas eu d’chance,
ni d’vacances,
dans son enfance,
mais quand fallait d’l’ambiance,
sa seule présence,
c’était Byzance.

C’était un bon copain,
y méritait bien
cette chansonnette,
car il est mort de faim,
un beau matin,
rue d’la Roquette.

Cette chanson se termine,
ça m’déprime,
c’est pas humain,
moi j’aime pas les chansons
où les héros
y meurent à la fin.

12. La Menthe à l’eau
      (Renaud Séchan)

Quand la Marie que j’aimais
s’amenait en minaudant
dans mon nid, au mois de mai,
j’avais jamais mal aux dents.
De tout Marie émanait 
le beau, le doux, le mignon,
mais dans ma menue monnaie
y’avait pas le mot million.

Marie n’était pas mémère,
elle aimait bien ma moumoute,
mes mimiques, ma marinière,
et mes manières de mammouth

Les amis de mon aimée
m’amusaient, mais allons-donc,
les habits amidonnés,
ils donnaient dans le bidon.

Mais Marie, ma muse, ma reine,
n’était pas des masses ma mie,
la muse ment et l’amant peine,
si j’puis m’exprimer ainsi.

C’est décidé, dès demain,
j’ai des idées détonantes,
Je vais demander la main
de Marie, si ça l’enchante.
Si j’aimais sa tombola,
si jamais ça tombe à l’eau,
mon amante deviendra,
ben voyons, l’amante à l’eau.

13. Greta
      (Renaud Séchan)

Ich liebe dich Greta,
ich liebe ta gretich,
ich liebe dach gredi,
Dis-moi pourquoi Greta,
dis-quoi pour ta gremoi,
dis-qua pour moi gro tas,
y’a un mur entre toi et moi.

I love you greta
I lobe ya gretou,
I louve yo grata,
Dis-moi pourquoi Greta,
Dis-quoi pourta gremoi,
Dis-ma pourqua gros tas,
Y’a un mur entre toi et moi.

Oh oui je t’aime Greta,
Oh ouaime je t’a gretoui,
Oh oua je t’oui gretaime,
Dis-moi pourquoi Greta,

Dis-quoi pourta gremoi,
Dis-ma pourqua gros tas,
Y’a un mur entre toi et moi.

Dis-moi warum Greta,
Dis-moi pourquoi Greta, 
Pourquoi qu’t’habites à Berlin-Est, 
Pourquoi qu’j’habite à Berlin-Ouest.