Publié le 26 juillet 2000 à 02:13.
Tenue à guichets fermés, la première soirée de l’édition anniversaire du Paléo a connu des débuts laborieux.
Vingt-cinquième oblige, on était en droit d’espérer de l’ouverture de Paléo quelques moments d’exception. Menacés par une météo instable, les premiers concerts de mardi n’auront pourtant pu chasser tout à fait la grisaille du ciel de l’Asse.
Investie de la toujours délicate mission d’ouvrir les feux, l’ex-égérie new wave reconvertie aux délices de la musique arabo-andalouse Sapho s’est enferrée dans une formule confuse et sans audace. A ses côtés, la présence de trois musiciens gnawas du Maroc et d’une section rythmique multiethnique n’a fait que confirmer l’impression d’exotisme de pacotille dégagée par une prestation mariant vainement motifs rock d’un autre âge et sonorités world convenues.
Nettement moins exaltée que la diva franco-marocaine, Noa a distillé peu après sur la grande scène un cocktail liquoreux de variété anglo-saxonne et d’envolées vocales orientalisantes. Servi par un timbre magnifique et quelques apartés enjoués, son répertoire lisse comme le désert peine à susciter davantage qu’un balancement de bras bon enfant.
Donné pour mort suite au naufrage de son couple, sujet privilégié de son répertoire depuis toujours, ou presque, Renaud est effectivement apparu fatigué sur la scène d’un chapiteau plein à craquer. Ovationné dès son entrée par un public quasi fanatique, le «chanteur énervant» a présenté un véritable best of de sa carrière sur un mode intimiste, alignant sous les vivats constants de l’auditoire des titres comme «La pêche à la ligne», «En cloque» et «Mistral gagnant».
Malgré un filet de voix douloureux et approximatif, et en dépit d’un accompagnement piano-guitare peu inspiré, la magie opère, le public renouant avec la ferveur des plus belles années du chanteur dans une osmose étonnante, compte tenu de la moyenne d’âge de l’assistance. Composés en majorité d’adolescents qui n’ont pas pu connaître ces titres à l’époque de leur création, les festivaliers reprennent en chœur tous les couplets écolo-anars distillés par l’auteur de «Manu». Un triomphe de nature à rassurer les organisateurs de Paléo, qui ont visiblement trouvé là les moyens de répondre aux attentes d’un public assez confiant pour acheter ses billets à l’aveugle.
V. M. et N. J.
Paléo Festival de Nyon, jusqu’au 30 juillet.
Loc. TicketCorner, Internet: www.paleo.ch.
Ce soir: Rita Mitsouko, Oasis, Saïan supa Crew, 113, Rahzel…
Source : Le Temps