Par François Cardinal
Le 1er juin 2002
Renaud avait touché le fond. De la bouteille, notamment. Comme l’homme n’est pas du genre à chanson masquer, il en a fait un beau texte qui ouvre son nouvel album « Boucan d’enfer ». Connaissant son Gainsbourg-Gainsbarre sur le bout des rimes riches, il s’en est de fait joliment inspiré dans Docteur Renaud, Mister Renard où il tient Renaud Séchan et son double à bout de mots. S’il évoque dans « Mon bistrot préféré » quelques amis qui peuplent sa mémoire de Desproges à Brassens en passant par Dard, Boudard, Ferré, Doisneau et Tonton, il peut le faire sans trembler, son inspiration n’avait pas besoin des degrés d’alcool pour être au beau fixe.
La tournée acoustique et sans média de 1999 à 2000 a permis aussi à Renaud, comme pris au tourbillon d’un vedettariat qui ne l’a jamais grisé, de s’apercevoir que le public était fidèle à son style et que l’amour des gens n’était pas immérité.
Là, Renaud a trempé sa plume dans sa meilleure encre. Il sait tour à tour être tendre « Petit pédé », où il joue d’une grande finesse sur un sujet délicat; « Elle a vu le loup » sur la virginité; ou encore « Coeur perdu » un texte d’après divorce révolté. Le duo avec Axelle Red « Manhattan Kaboul » est une des plus belles réponses aux attentats du 11 septembre 2001, caustique Bernard Henry Lévy en sait désormais quelque chose. A cet égard, il faudrait passer en boucle aux concurrents des émissions du Loft et de Star Academy le morceau « Je vis caché » pour les ramener à la réalité…
Si Renaud fait un boucan d’enfer, alors son enfer à lui ressemble à un petit coin de paradis. Comme dans une mélodie de son maître Brassens. En tout cas, il lui offre une renaissance. Avant de revenir faire un tour sur les plateaux choisis de télévision, avant d’occuper la scène du Zénith, à Paris, cet hiver, l’artiste est parti tourner un film au Canada, une comédie policière intitulée « La spirale du crime » avec Gérard Depardieu, Johnny Halliday, Harvey Keitel.
« Le cinéma n’est pas ma priorité mais ça m’amuse » dit le Mister Renard de la chanson, « Coeur à prendre, pas à vendre » comme il lance dans « Coeur perdu ».
François Cardinal.
Source : Le HLM des fans de Renaud