Depuis quatre ans, Pierre et Bloodi veillent sept jours sur sept, 24 heures sur 24, sur le chanteur. Les deux assistants racontent ensemble pour la première fois leur quotidien.
Renaud et ses deux assistants Bloodi (gauche) et Pierre, chez lui à L’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse. DR
Fans de Renaud et de rock, comme l’attestent leurs tatouages, Pierre et Bloodi connaissent l’artiste depuis une quinzaine d’années et ont noué des liens d’amitié. À tel point qu’en 2015, l’entourage du chanteur leur propose de veiller sur lui pendant l’enregistrement de son nouvel album, le premier depuis sept ans.
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« Trois mots résument nos rapports avec Renaud : confiance, fidélité et intégrité, ajoute Bloodi. Nous, on n’a rien à lui vendre. On s’entend super bien tous les deux et c’est indispensable. Car, comme d’autres, on aurait pu se barrer aux premières difficultés. Et il y en a eu ! L’enregistrement de l’album, les trois cures en clinique ! »
«Il serait mort si on n’était pas là»
« La tournée d’un an, 120 zéniths et festivals, ajoute Pierre, qui lui a fait du bien, mais l’a aussi très fatigué. Il est passé de rien à quatre concerts par semaine, un truc de fou ! À chaque fois, on est resté. On est très protecteurs avec lui, on lui remonte parfois les bretelles, on le protège, y compris de lui-même. Il serait mort si on n’était pas là. C’est pour ça aussi, je pense, que sa famille a confiance en nous. »
L’année a très mal commencé, avec la perte successive de son frère aîné Thierry et de leur mère Solange. « Thierry est mort le 9 janvier, le jour où Renaud est sorti de cure, précise Bloodi. On était au café ensemble quand j’ai reçu la triste nouvelle par texto. Renaud a aussitôt dit : « Encore une bonne raison d’arrêter de boire ». « Depuis, il est à l’eau et c’est cool, ajoute Pierre. Malheureusement, il est tombé chez lui dans l’escalier, il s’est cassé les deux poignets et un coude. Il a des cachets, de la kiné… Il faut du temps pour relancer la machine. »
«Les meilleurs indices de sang de toute la bande»
« L’escalier, c’est un miracle qu’il s’en soit tiré, poursuit l’ange gardien du chanteur. Il a failli mourir, mais il a une chance folle. Il a l’air fragile, mais il a les meilleurs indices de sang de toute la bande. C’est une force de la nature. C’est de famille. Son père et sa mère ont dépassé les 90 ans. C’est pour ça qu’il est persuadé d’être immortel. Mais l’escalier a été un électrochoc. »
Depuis, à L’Isle-sur-la-Sorgue, la vie coule « peinarde ». Le matin, c’est musique, Springsteen, Dylan, mais surtout de la chanson française. « Renaud aime beaucoup Angèle, sourit Pierre. Hoshi aussi. On lui fait écouter les nouveautés, pour qu’il soit dans le coup. »
Le midi, c’est déjeuner entre amis. « Il aime avoir une tablée autour de lui, il parle peu, mais écoute, ajoute Bloodi. Sa famille passe souvent, ses copains chanteurs aussi. Il s’est installé à L’Isle-sur-la-Sorgue non pour fuir Paris, mais parce qu’il aime le soleil, flâner en terrasse, regarder les gens passer. L’après-midi, il profite de sa piscine, il aime se baigner. C’est son seul luxe. Renaud n’a pas de yacht à Saint-Tropez, il n’a pas de maison à Saint-Barth, c’est l’anti-Johnny. Le showbiz, il évite. Mais en même temps, il est comme Johnny. Il est incapable de vivre seul. »
Source : Le Parisien