Publié le 04-10-2006 à 08h30
Rouge Sang, le dernier Renaud, est dans les bacs
BRUXELLES Renaud le dit haut et fort : il a retrouvé son flingue et dézingue à tour de bras. Il était temps. En quatre ans, on sent qu’il y a eu du changement dans sa vie. Alors que Boucan d’enfer parlait principalement de ses malheurs et était du coup triste, voire complètement déprimé, voilà que sur Rouge sang, Renaud retrouve, sur certains titres, sa verve, ses avis, sa plume acide. Et ça, c’est à l’amour qu’il le doit. C’est pour ça que d’amour il en est tellement question sur ce nouvel album. Romane est sur six chansons. Sur Ma blonde : Renaud taille un costard à tous les misogynes qui ont un problème avec les demoiselles, dont la sienne, aux cheveux d’or. Sur RS et RS évidemment : une belle coïncidence fait que leurs initiales sont identiques. On apprend plus loin que Romane Serda est l’anagramme de Danser à Rome mais aussi « Morne rasade » ou encore « Orna sa merde »… Romane apparaît aussi, complètement mise à nu (et c’est peu de le dire !), dans Je m’appelle Galilée, que Renaud appelle sa « première chanson érotique » ! Il se fait explorateur et décrit les courbes de sa belle au fur et à mesure de ses découvertes. Par ailleurs, comme Renaud l’avait fait précédemment pour Lolita, il le fait aujourd’hui pour son dernier-né, son fils Malone : une jolie chanson lui est dédiée. À côté de son nouveau bonheur, Renaud épingle aussi des moments empreints de nostalgie (Adieu l’enfance) et de tristesse (Elsa, qui évoque le suicide d’un jeune homme de vingt ans).
Du côté de ceux qui en prennent pour leur grade, on parlera des Bobos évidemment, de Sarko (Elle est facho), de « George Bush et ses chiens de guerre » (J’ai retrouvé mon flingue) ou encore de la « foule anonyme que l’on voit dans les stades, vociférant sa haine, toujours prête à lyncher quelqu’un » (Sentimentale, mon cul). Arrêter la clope est la chanson la plus caustique tandis que Nos vieux, touchante, s’adresse à son papa, qu’il a perdu en juillet. Au final, Rouge Sang est par moments inégal mais il renferme quelques bons morceaux.
L’album, déjà disque d’or chez nous, n’est pas le meilleur de Renaud, mais qu’importe : ça faisait longtemps qu’il n’avait plus été dans une telle forme. Et ça fait plaisir de le revoir amoureux et remonté…
Renaud, Rouge Sang (EMI).
© La Dernière Heure 2006
Source : DH Les Sports+