C’est l’histoire d’un mec, Renaud…

Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA)

Bertrand Dicale et Gaston

Biographie en forme d’hommage assumé, Renaud, que cosignent Bertrand Dicale et Gaston, mêle un regard politique sur la France de l’après-guerre à aujourd’hui et la passion de la chanson.

Les Dernières Nouvelles d’Alsace – 29 janv. 2024 à 21:13 | mis à jour le 29 janv. 2024 à 23:18

xxxx Photo DNA Photo Dr

Il a été une réincarnation de Gavroche du côté de la Porte d’Orléans. Un Paris populo des années 50 qui lui allait bien, l’ancrant dans une nostalgie de l’enfance dont témoignera Mistral gagnant, l’une des chansons préférées des Français.

Avant d’être rattrapé par ses excès, avec une voix flinguée au pastis et aux cigarettes, Renaud a été ce monument de la chanson française, entre tendresse anar et coups de gueule politiques, qui remplissait les Zénith.

Le dessinateur Gaston est lui-même un fan absolu du chanteur. Décidé à transcrire en bande dessinée le fabuleux parcours de son idole, il s’est associé au spécialiste de la chanson française, Bertrand Dicale, qui en livre le scénario. Restait à obtenir l’accord du principal concerné, Renaud, qui a eu l’élégance de leur répondre qu’il n’effectuerait aucun acte de censure.

Chapeau l’artiste ! Parce que si ce récit graphique, intitulé Renaud né sous le signe de l’Hexagone, est un hommage rendu à l’un de nos grands artistes, il n’évacue pas pour autant les pages les plus sombres de sa trajectoire. L’addiction à l’alcool bien sûr, peu profitable à sa carrière, mais aussi les crises de paranoïa aiguë qui plongeaient l’artiste dans des territoires proches de la folie. Convaincu que le KGB et les services cubains en voulaient à sa vie, Renaud a infligé à son entourage des moments difficiles, le rendant ingérable pour ne pas dire insupportable.

Fidèle aux amis du Café de la Gare

Mais à travers lui, c’est aussi près d’un demi-siècle de l’histoire de la chanson française qui est évoqué. Sans oublier le terreau du café-théâtre post-soixante-huitard dans lequel Renaud a fait germer son talent, notamment du côté du Café de la Gare, auprès de Romain Bouteille, Coluche et Miou-Miou. Et même si une embrouille l’amène à se faire piquer un rôle par un jeune comédien encore inconnu du public, Gérard Depardieu (qu’il retrouvera à l’écran dans Germinal), Renaud demeurera fidèle en amitié. À l’instar de Brassens, son idole.

La bonne idée de cet album est aussi d’intercaler le regard personnel de Gaston. Par petites séquences qui rythment le biopic, il raconte son propre rapport à Renaud, en quoi ce dernier a été important au fil des différentes étapes de sa vie. Il est probable que plus d’un lecteur se retrouve dans ces pages.


Renaud né sous le signe de l’Hexagone, Delcourt, 320 pages, 29,95 €


  

Source : Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA)