Chansons : Renaud, éternel sale môme

Le Monde

Le chanteur sort un touchant nouvel album sur le thème de l’âge tendre.

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Publié le 29 novembre 2019 à 17h49

Le chanteur Renaud Séchan, Paris, en 2019. PASCALE HARTMANN

Il avait retrouvé son public en avril 2016, après plusieurs années d’absence, de lutte contre l’alcoolisme et de dépression, avec un album simplement titré Renaud, comprenant notamment la chanson Toujours debout. Succès immédiat, avec près de 500 000 ventes un mois après sa commercialisation. Et les fans avaient tout autant salué la tournée Phénix Tour, qui avait commencé en octobre et s’était terminée un an plus tard à La Fête de l’Humanité, en septembre 2017. Quand début 2018, Renaud annonçait qu’il commençait à travailler sur un nouvel album. Avec pour thème principal, l’enfance.

Le voici, en douze chansons, avec une pochette – un Radeau de la Méduse, de Géricault, inspiration au même moment du visuel du nouveau disque d’IAM – et un livret dessiné par Zep, créateur du personnage de Titeuf, un gamin dont les aventures et interrogations sont celles du quotidien des enfants. Dans Les Mômes et les enfants d’abord, Renaud glisse aussi – il a écrit onze des douze textes – quelques colères, contre la tauromachie, la guerre, la pollution ou le vandalisme (Y z’ont mis l’feu à l’école). Et lui-même « qu’a paumé dix ans de sa vie » (On va pas s’laisser pourrir, sur les dangers de la drogue, les cigarettes, l’alcool).

Ambiance folk et rock léger

La voix est rauque, le souffle ténu, mais Renaud fait passer dans l’expression quelques sourires et de la tendresse. Sur des musiques composées par Romane Serda, Renan Luce, Thierry Geoffroy ou Michaël Ohayon, traitées majoritairement en ambiance folk et rock léger. C’est dans l’évocation des moments de vie partagés par tous les enfants, que l’album est le plus attachant. Amitiés à l’école, au cinéma, sur le chemin de la maison (Mes Copains, C’est la récré), tracas et inquiétudes qui font faire des cauchemars (Y’a un monstre sous mon lit), bêtises et leurs conséquences (Ça va gueuler), souvenir du spectacle de Guignol (Parc Montsouris). Moins convaincantes dans l’écriture sont les chansons Pinpon, tentative de faire une chanson paillarde, répertoire d’initiation à la sexualité que les enfants se transmettent en pouffant, ou J’aime rien, sur le mode du refus, en mêlant des énervements d’enfants à ceux de Renaud l’adulte.

Et puis il y a une chanson plus personnelle. Celle d’une douce déclaration d’amour à sa fille Lolita, à partir des lettres de son prénom L.O.L.I.T.A. Et au milieu de l’album, dans la forme d’une fable, avec une couleur musicale différente un peu biguine, Le Petit Crabe et la langoustine. Elle a été écrite et composée par le batteur et chanteur Jacques Mahieux, mort en 2016, musicien de grande sensibilité et élégance de la scène jazz. Au crabe amoureux, la langoustine demande qu’il marche droit s’il veut la séduire. Le crabe se dit que « si les gens qui vont droit/lorsqu’ils boivent vont de travers/peut-être que ça marche à l’envers ». Alors il boit mais sera quand même repoussé. Et Renaud fait sienne la morale, « qu’il ne faut pas demander aux gens (…) d’être autre chose que ce qu’ils sont ».

Les Mômes et les enfants d’abord, Parlophone/Warner Music.

www.renaud-lesite.fr/

Source : Le Monde