20 févr. 2006, 06:00
Une histoire de femmes parce que l’organisateur de cette soirée, Olivier Courvoisier, 32 ans, a été sensibilisé à la question des otages colombiens par l’intermédiaire du mariage de son idole Renaud. En été 2005, il «chattait» sur le site internet indépendant «Le HLM». «On y disait que sa compagne, Romane Serda, ne cherchait que la gloriole. Et moi, je déplorais son mariage, se souvient le Neuchâtelois. Je suis anticlérical et Renaud l’était aussi. Une telle carrière et se marier à l’église, c’est déplorable!
«Sans elle, je serais mort»
Le 23 août, Renaud pousse un coup de gueule sur le site. «Je ne crois pas en Dieu, mais au romantisme», se défend le chanteur. Identifié comme «le vrai Renaud», il a apporté un démenti sincère. «Vous pouvez critiquer, mais sans elle je serais mort». Ensuite, il parle de son combat pour Ingrid Bétancourt. De la ressemblance qu’il voyait entre Mélanie Bétancourt et sa propre fille Lolita qui ont à peu près le même âge.
«Il s’est accroché à la cause de cette passionaria de la liberté. Et il nous a convaincus! Grâce à lui, j’ai été touché, se souvient Olivier Courvoisier. Les fans ont eu droit à la première version de sa chanson «Dans la jungle». «La deuxième version est plus équilibrée et il renvoie dos-à-dos les Farc (les Forces armées révolutionnaires de Colombie) et le gouvernement colombien». Pour Renaud, et pour ses fans, les Farc auraient pu représenter un idéal. Mais les méthodes de guérilla, les 4000 otages retenus et le financement du mouvement par le trafic de drogue écœurent.
La journée mondiale du 23 février marque l’enlèvement d’Ingrid Bétancourt, mais aussi de sa directrice de campagne Clara Rojas. «Cette dernière aurait pu être libérée avant, mais elle voulait rester solidaire. C’est héroïque car ce qui intéresse les Farc, c’est uniquement Ingrid Bétancourt», s’enthousiasme Olivier Courvoisier
Tous les artistes mobilisés se produiront gracieusement. A La Chaux-de-Fonds, le jeune chanteur valaisan Marc Aymon ouvrira la soirée. Habitué des luttes et fidèle à ses idées, Michel Bühler précédera les trois Suisses dans leur «Quinzaine du blanc». Avec Sarclo, le Bel Hubert et Simon Gerber, un spectacle déjà goûté dans la région.
Une maman choquée
«Si les 214 places sont occupées, un millier d’euros pourraient aller à l’association de Yolanda, la maman d’Ingrid, pour les enfants des rues de Bogota», explique Olivier Courvoisier. Sa première rencontre avec Renaud, il la raconte avec un grand sourire. «J’avais 9 ans. Chez un copain, j’avais entendu l’album «Morgane de toi». Je l’ai demandé pour Noël, mais ma mère en écoutant «Dès que le vent soufflera» a été choquée par les paroles: «la mer c’est dégueulasse, les poissons baisent dedans». La maman cache l’album et lui offre un disque de France Gall… Apprenant par sa soeur que «Morgane de toi» se trouve dans la maison, l’enfant insiste et l’obtient finalement.
Renaud organise un grand concert à Rouen avec Benoît Dorémus et Stephan Eicher notamment. Après leur cyber-rencontre, Olivier Courvoisier a contacté Renaud, et lui ses «potes Bühler et Sarclo», il les a appelés et ça a marché. Une histoire de femmes, de réseaux, de relais et de solidarité. / JLW
La Chaux-de-Fonds, Théâtre populaire romand, jeudi 23 février à 20h30. Billets: L’Heure bleue, théâtre du Passage
Une épouse, une mère
Née à Bogota le 25 décembre 1961, Ingrid Bétancourt est la fille d’un ancien ministre de l’Education et d’une ex-sénatrice de Colombie. Elle a passé la majeure partie de son enfance à Paris, où elle a étudié à Sciences Po. En 1990, Ingrid Bétancourt revient à Bogota et entre au ministère colombien des Finances. Elle est élue députée en 1994 et crée son propre parti, Oxygeno Verde, en 1998. Elle est élue sénatrice la même année. Elle se prépare à se présenter aux élections présidentielles lorsqu’elle est enlevée par les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) le 23 février 2002. Son second mari, Juan Carlos Lecompte, a annoncé il y a une semaine qu’il se présenterait à l’élection présidentielle de mai prochain. Il s’inscrira comme candidat «pour être le porte-drapeau de son épouse kidnappée». Mélanie Bétancourt, sa fille, a 20 ans et son fils Lorenzo 17 ans. / jlw |
Source : ArcInfo