Politique
Publié le 06/04/2022 à 17h54
La tradition des soutiens des célébrités aux candidats à la présidentielle tend à tomber en désuétude, malgré quelques persistances remarquables.
C’est peut-être un détail pour vous, mais pour eux, ça veut dire beaucoup : le 3 avril dernier, au Cirque d’Hiver à Paris, la candidate PS Anne Hidalgo n’a attiré que très peu de stars à son dernier meeting parisien. Sur scène, seule l’actrice-scénariste Valérie Donzelli a pris la parole. Son principal fait d’armes : ses six nominations aux Césars pour le film La Guerre est déclarée, en 2011. On est loin de Yannick Noah et Cali enflammant Charléty, en 2007, pour Ségolène Royal.
Avec Jack Lang à la manœuvre, le PS a longtemps été coutumier de belles affiches people pour la présidentielle. Mais en 2022, cette guerre-là semble perdue.
Droitisation ?
Le soutien des artistes aux candidats à la présidentielle tend à tomber en désuétude, en qualité comme en quantité. En 1981, Alain Delon, qui n’est pas encore le vieux beau redondant sur sa « Romy », apporte son appui à Valéry Giscard d’Estaing. « C’est à la fois le choix du cœur et de la raison », dit-il. Renaud, lui, choisit Mitterrand, en 1988, au cours d’un concert resté dans les mémoires, à Strasbourg. Signe de la droitisation de la vie politique française, on retrouve l’homme au Borsalino et celui au bandana rouge, respectivement chez Valérie Pécresse et Emmanuel Macron, en 2022. De quoi retourner les fans de Banlieue rouge et Marchand de cailloux, pourtant prévenus en 2017, par sa sérénade à François Fillon (1).
Avec François Berléand, Élie Semoun, Michel Drucker et Carole Bouquet, le président sortant a su amasser quelques jolis soutiens. Sans compter celui de Guy Roux, grand entraîneur de champions s’il en est… Valérie Pécresse peut, elle, compter sur un appui de poids en la personne de Gérard Depardieu, qui « aime beaucoup » la présidente de la région Île-de-France, car « c’est une bonne gestionnaire ». Et puis, ça doit le changer de son amitié virile avec Vladimir Poutine…
Jambon-star et dîners clandestins
D’autres camaraderies en disent autant sur les stars qui soutiennent que sur les candidats soutenus. Chez Reconquête, on salue de loin des déclarations enthousiastes de cette ancienne commissaire d’un quartier difficile qu’est Julie Lescaut, pardon, Véronique Genest. L’ex-égérie de « mon jambon star » est en bonne compagnie à la table zemmouriste, avec Pierre-Jean Chalençon, l’organisateur des dîners clandestins et personnage récurrent d’Affaire conclue, l’émission de brocante. Voilà qui sent bon la France éternelle. L’ami des bêtes, Brigitte Bardot, a, de son côté, lâché Éric Zemmour pour Nicolas Dupont-Aignan. Dans le même registre, Marine Le Pen peut compter sur Philippe Chevalier, sans régis Laspalès. Comme on dit, « y’en a qui ont essayé… ».
Avec Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon est celui qui ratisse le plus large, avec 2.000 soutiens, de l’humoriste Blanche Gardin aux écrivains Pierre Lemaitre et Annie Ernaux. L’insoumis réussit à réunir le duo « bof » de Caméra Café, Yvan Le Bolloch et Bruno Solo, ainsi que les deux frères Mouss et Hakim du groupe Zebda. Fabien Roussel récupère, lui, l’autre figure du groupe toulousain, Magyd Cherfi, ce qui montre bien qu’en politique non plus, « il n’y a pas d’arrangement ». À sa façon, Yannick Jadot table aussi sur la street credibility, en faisant jouer Boxe avec les mots, de Lino et Calbo du groupe Arsenik, lors de son meeting au Zénith.
Quelle utilité ?
L’efficacité de cet affichage ? En 2016, une enquête Harris Interactive révélait qu’une large majorité de Français n’y accordait aucune importance. Philippe Poutou et Nathalie Arthaud, qui n’affichent aucun soutien, doivent apprécier ce partage de vues. Quant à Jean Lassalle, on peut considérer que c’est sa propre célébrité qui le soutient.
Sébastien Dubois
(1) Depuis la publication de cette article, Renaud a fait savoir qu’il voterait finalement pour Philippe Poutou, « candidat le plus à l’extrême gauche, quasiment un anar’ », a-t-il affirmé sur RTL. Gérard Lambert retrouve un peu son créateur…
Source : Le Populaire du Centre