Concert à l’Olympia

Concert à l’Olympia

Nouvel Observateur, samedi 9 janvier 1982

Tous les spectateurs n’étaient pas tatoués. Les pointeurs ont relevé 7 % de cravatés et seulement 42 % de blousons de cuir l’autre mardi à l’Olympia. Quand il hurlait sur la musique d’un quinze tonnes freinant à mort  » il ira au baston, au baston/Comme les prolos vont au charbon « , un peu moins de la moitié de la salle reprenait en choeur. Les autres, bons élèves, restaient sages. Ils se laissaient initier. Dans deux ans, moins pour les plus doués, ils se fondront à la petite famille.

On n’entre pas dans Renaud comme dans un bastringue. Faut connaître. Faut aimer. Faut chanter. Il faut aussi ne pas avoir peur de se planter. J’avais cru reconnaître dans ses premiers albums la fibre Bruant. Le voyou, le verlan, la tendresse cruelle, tout ramenait à la chanson de rue. Je m’étais trompé. Sous le loubard bourré un autre homme pointe avec ses six dernières chansons. Quelque chose comme un nouveau très grand. Peut-être un Brassens.  » Une gonzesse de perdue / C’est dix copains qui reviennent « ,  » Chacun son trip / Chacun son flip « , « Y venait du pays où habite la pluie « , trois chansons qui valent plus que de la chansonnette réussie. Comme Brassens, il se fait connaître lentement, en ondulations concentriques. On n’achète pas un disque de Renaud, on le possède on se l’incorpore puis on n’est plus le même. Au coeur valsent de nouvelles strophes. Pour les fervents, » c’est chouette, c’est super « . Je dirais que c’est bien. Bien pour très longtemps. G.S.

 

Source : HLM des fans de Renaud