Retour sur
Publié le 14/12/2023 à 10h51
Pathétique Renaud sur scène à Limoges ? Certainement pas…
Quand Renaud rentre sur scène à l’Opéra de Limoges, spectateurs et spectatrices l’acclament. Ils sont venus nombreux. La jauge peut s’évaluer à vue de nez à 80 %, soit environ 1.200 personnes sur 1.500 places, ce qui fait une très belle salle. Tout le monde est content d’être là. L’homme qui s’avance sur scène et son public plein de ferveur dès le début du concert.
Cet homme-là est un homme debout. Dans son jeans, son typique polo beige rayé de rouge, sa veste sombre, il s’avance, micro en main, en homme au corps vieilli et fragilisé, mais debout. Et il se met à chanter.
Pourtant, on nous l’avait dit mais…
Chanter ? C’est là que ça coince. On le savait. Tout le monde le disait, y compris les médias. Mais on n’y croyait pas. On se souvenait du concert de son Phenix Tour au Zénith à Limoges en 2017. On se disait qu’on n’y allait pas pour la voix, mais pour Renaud, ses chansons, sa gouaille, la révolte inscrite dans son ADN, tout ce qui fait de lui un monument du répertoire français.
Déjà en 2017, la voix n’était pas terrible. Mais en 2023, on ne comprend plus rien à ce que Renaud profère sur ses airs d’hier. Rien du tout. La voix est totalement fracassée par une vie d’excès.
Debout, encore plus
Pourtant l’homme qui est là, devant nous, est un homme debout. Comme il le fait dans toutes les villes, il confie qu’il ne boit plus depuis 3 ans et qu’il ne fume plus depuis 18 mois. À le voir, on en est sûr. La salle applaudit. Une femme crie : « On t’aime ! », félicitations et encouragement lancé du fond du cœur.
Comment ne pas être content pour lui, content d’une telle réussite, pour lui ou pour tout homme qui y parviendrait ? On penserait même à remercier Cerise. « Mon amoureuse depuis 16 mois. » C’est ainsi que Renaud la présente.
Un vieux couple
On comprend alors où se joue le concert. Il se joue dans la relation de Renaud à ses fans. Ils lui pardonnent tout. Mieux, ils le prennent comme il est, se réjouissant qu’il soit parvenu à se libérer de ses addictions destructrices. Et puis les chansons, ils les connaissent par cœur puisqu’il ne chante que ses tubes, En Cloque, etc. Le public les fredonne, les chante avec lui.
Renaud et son public, c’est une vieille histoire, une histoire d’amour, touchante. Renaud et son public, c’est un vieux couple qui a encore des choses à se dire, qui sait encore se faire plaisir. Les autres ne comprennent pas. Tant pis. D’ailleurs cela ne les regarde pas.
Alors considérant qu’il n’y avait rien à attendre de ce concert artistiquement, hormis pour sa formation de cordes qui heureusement était là, on a préféré quitter la salle. Pour autant, il n’y a pas que l’art dans la vie, même lors d’un concert.
Alors en partant, on a refermé la porte derrière soi en laissant le vieux couple Renaud-public à son histoire, à son intimité, en pensant qu’à la fin du concert, dans tous les cas, Renaud serait acclamé.
Mention spéciale à Marion Roch en première partie
La première partie était assurée par l’autrice-compositrice-interprète Marion Roch. Le public l’a acclamée elle aussi. Pas vraiment pour les mêmes raisons.
Marion Roch, c’est une présence, une voix puissante et intéressante et de beaux textes. Un peu à la Renaud d’ailleurs, version plus rock et féminin, avec des textes, plutôt musclés, qui racontent des vies de femme qui ne s’en laissent pas compter.
Il nous a été dit qu’elle est produite par les Séchan… Bonne idée des Séchan. À suivre donc… On l’espère pour elle.
Par Muriel Mingau
Source : Le Populaire du Centre