Concert du Paléo à Nyon

24 heures

26 juillet 2000

Xavier Alonso

Concert du Paléo à Nyon le 25.07.00

Putain de bouchon ! Putain de monde… Renaud, seule vraie star de cette soirée surprise, déflorée depuis dimanche, glisse quelques pensées rageuses lorsqu’on s’approche du terrain de l’Asse. Soyons chrétiens, ils sont plus de trente-six mille à se faufiler, jouer des coudes, pousser et s’entremêler pour cette première soirée de la 25ème édition du Paléo Festival de Nyon.

Compacte encore, la foule s’est donné rendez-vous sous le Chapiteau où le chanteur énervant râle plus qu’il ne chante. Ça déborde de partout. Malgré six années de silence discographique, Renaud demeure blotti dans le cœur de ses fans de tous âges qui entonnent les chansons dès les premières mesures. Sobrement accompagné d’un pianiste et de l’incontournable guitariste Jean-Pierre Buccolo, Renaud traverse son répertoire avec la grâce d’un tracteur labourant son champ. Tel un boxeur un peu groggy, il dégage une impression de lassitude par son allure déchalas maladroit. La voix déraille plus que d’accoutumée, sa diction s’embourbe. Mais ce ne sont que détails, sa charrue laboure la terre du souvenir avec une envie palpable.

« Germaine, Germaine, un rock’n’roll ou un slow. C’est du pareil au même pour te dire que je t’aime, que je tai dans la peau… » Le refrain de Germaine repris à l’unisson par le parterre comme tant d’autres thèmes résume le lien qui unit le public fidèle et l’éternel titi parisien. L’émotion sertie parfois d’une larme à l’œil parcourt l’assistance. Autant pendant l’interprétation des hymnes renaudiens que lorsqu’il s’épanche en confidences sur sa vie ou ses chansons. Miss Maggie, qualifiée de charogne increvable, lui vaut une belle ovation. La famille est venue prendre des nouvelles du patriarche, de cet ami de vingt ans, et elle se délecte de ses bons mots.

Mais quelles nouvelles ? Pas des chansons, puisqu’il avoue que son prochain disque sera un 45 tours : en six ans, deux maigres compositions seulement.

Par contre, La pêche à la ligne, sa fille Lola « une princesse de 20 ans », l’alcool « comme sport, je ne pratique que les bars parallèles et parfois les bars fixes » (hi ! hi !) ou le foot, l’occasion de balancer quelques vannes bien dans l’esprit à son guitariste rital pour cause de finale du Championnat d’Europe perdue par les Azzurri, sont autant d’histoires partagées.

Le public exulte, car si l’univers de Renaud n’était fait que de notes, il y a longtemps qu’il serait disqualifié pour non-conformité. Cette remarque ne s’applique qu’au chanteur, car son guitariste et le pianiste assurent de magnifiques plages musicales.

Au final, pari gagné pour Renaud qui ne parvient pas à quitter les planches, rappelé avec ferveur. Dès que le vent soufflera l’emporte pour un dernier baroud d’honneur. Il soufflera, le vent et la pluie, moins d’une heure après son show.

  

Source : Le HLM des Fans de Renaud