Par des lecteurs du site SensCritique :
Critique publiée par villou le
Marche à l’ombre, c’est vraiment mon album d’enfance et de jeunesse.
J’ai découvert ça à 6 ans, et à 6 ans, les gros mots c’est rigolo (même après).
Je pense que je comprenais pas tout, mais je ne me lassais pas de renvoyer bouler certain copains dans la cour de récré en leur disant « Casse-toi tu pues et marche à l’ombre ».
Aujourd’hui, quand je le réécoute, je le prends un peu comme le vestige d’une époque révolue. Ca me donne un peu la sensation de regarder un journal télé de 1985.
Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Renaud est un personnage atypique de la chanson Française qui a su imposer un style, une image unique. Inspiré par Brassens, Bobby Lapointe, l’artiste arrive à mêler poésie, humour et rage avec des mots de bistrot. Les mots de bistrot de l’époque, le verlan, les babas cool, les flippers, les bandes, les loubards, les bourgeois, les blousons noirs, les juke box….
Quand on y regarde de près, les mélodies sont simples, les paroles efficaces mais parfois bancales dans les rimes, la voix est éraillée mais c’est un symbole, une représentation d’une époque, une poésie urbaine d’une ère des banlieues florissantes et du vieux Paris. Cet album en particulier est évocateur car on y retrouve des chansons extrêmement connues et qui selon moi illustrent à merveille ce qu’était Renaud avant « Putain De Camion ».
Je vais pas parler de ce que je pense de lui aujourd’hui, de ce qu’il est devenu, je préfère rester sur une note qui sonne bien. Les notes de marche à l’ombre.
Je serais curieux de savoir ce que pensent les plus jeunes de cet album aujourd’hui, en 2012.
Alors grâce à Renaud on était tous un petit peu rebelle, moi j’avais le bandana, les santiags, et c’est surement grâce à lui que j’ai pu dire à mes parents que la société me faisait gerber. Pas que j’en tire une fierté particulière, mais grâce à lui j’ai un petit feu de révolte simple et pépère qui brûle toujours un peu en moi.
Je lui dois ça, je pouvais bien me fendre d’une petite critique.
Critique publiée par Quentin M. le
Voyant que les gens autour de lui étaient affligeants de médiocrité, Molière avait pris le parti d’en rire. Renaud, lui, ne se contente pas de moqueries : il n’est pas contre une torgnole ou deux dans la gueule des « tocards » quand l’occasion s’en présente. Avec son quatrième album Marche à l’ombre, le Parisien rencontre un succès commercial grandissant (près de 750 000 exemplaires sont vendus) et il tient à réaffirmer son côté « mauvais garçon » en réaction aux critiques qui l’accusent de démagogie. Alors qu’il avait entrepris de démystifier sa personnalité avec « Peau Aime » sur son album précédent, il se reprend et donne des raisons à la société entière de le haïr avec le génial « Où C’est Qu’Jai Mis Mon Flingue ? » où il se montre encore plus radical et explicite que sur « Société tu M’auras Pas ». Sur « Baston ! », il semble faire l’apologie des bagarres sous prétexte de raconter l’histoire d’un énième pauvre type. Une nonchalance un peu insolente émane de ces chansons où il donne la fausse impression qu’il se fiche de tout jusqu’à la manière dont il chante, tant que l’inertie n’est pas de son monde. Enfin, notons que l’album est dédié au criminel Jacques Mesrine.
Les textes de Renaud, c’est un monde certifié cent pour cent réel, dans la droite lignée du roman balzacien, où chaque personnage est un archétype représentatif de milliers d’autres. « Mimi l’Ennui » est ainsi le portrait cinglant d’une jeune fille affreusement blasée et déprimante. Plus fort encore, Jacques Attali a confié qu’il échangerait volontiers cinq cents pages de sociologie urbaine contre la chanson « Dans mon H.L.M. », où chaque étage de l’immeuble est l’occasion pour le narrateur de décrire l’un de ses locataires. Du concierge taré au militant trotskiste en passant par le jeune cadre dynamique et les hippies, toutes sortes de profils y sont dépeints de manière personnelle et percutante. Une montée symphonique à la « Sympathy for the Devil » accompagne cette ascension du bâtiment pour rendre visite à Germaine, la « môme du huitième » que le public de Renaud connaît déjà. En outre, un nouveau personnage récurrent dans l’univers de Monsieur Séchan fait son apparition : que dire de Gérard Lambert, cet antihéros pitoyable qui en est ici à sa toute première aventure lorsque sa mobylette tombe en panne sur la route de Rungis. Pour rendre ses histoires drôles et captivantes, Renaud n’exclue rien en matière de péripéties, pas même l’arrivée inopinée du Petit Prince de Saint-Exupéry (qui se fait assommer avec une clé à mollette, soit dit en passant). Mais au fond, même si « Les Aventures de Gérard Lambert » peut être comparée à « Carmina Burana » pour son côté épique, ce Lambert reste n’importe qui.
Comme d’habitude, le chanteur offre un excellent cru avec de nombreuses chansons destinées à devenir des classiques. La toute première, qui donne son titre à l’album, est une petite merveille d’un genre inédit qualifié de « chanson de loubard », consistant essentiellement à rabaisser son prochain pour mettre d’autant plus en valeur sa propre médiocrité. Si quelqu’un vous importune dans votre vie, maintenant vous connaissez une litanie très efficace pour le faire déguerpir ou sortir de ses gonds (cela marche aussi avec la Mort, apparemment !). Passé ce « Marche à l’Ombre » devenu culte, les titres s’enchaînent avec fluidité et tout est à conserver précieusement. Jusqu’à la dernière chanson (peut-on appeler cela une chanson ?), l’hilarante « Pourquoi D’abord ? », où Renaud fait preuve d’une autodérision remarquable en imaginant un dialogue avec un enfant curieux, pour en venir à la conclusion que cette chanson est minable et n’existe que pour les impératifs de la production. Au passage, il en profite pour en remettre une couche contre les bourgeois et les curés. Avec cet album, il semble avoir enfin accepté le succès, savoir ce qu’on attend de lui, cautionner pleinement ses idées et refuser d’arrêter de surprendre pour autant.
Renaud est un artiste complet qui est capable de créer des chansons dérisoires aussi bien que des chansons sublimes. Quelque temps entre « Les charognards » bluffant de sincérité et le célébrissime « Mistral Gagnant », il compose et chante l’une des plus belles chansons françaises qui existent, à savoir « La Teigne ». Il y raconte l’histoire d’un jeune homme qui ne trouve manifestement pas une place acceptable parmi ses semblables, l’harmonica et la guitare acoustique venant sublimer le récit jusqu’à sa chute déchirante. Pour cet album, Renaud s’est entouré par la première fois de musiciens professionnels, ce qui se ressent au niveau de la qualité des compositions. Différents styles sont proposés avec autant de classe éhontée. Terrain de jeu privilégié pour bilingues, la ballade « It is not because you are » qui conduit à l’absurde dans la lignée de « Greta » est tout ce qu’il y a de plus mielleux (et parodique, heureusement). « My loving my marshmallow, you are belle and I are beau », difficile de ne pas se tenir les côtes à la première écoute de ces délicieuses paroles. Tout aussi légère sur le fond, « L’Auto-Stoppeuse » rappelle quant à elle le rock tel qu’il pouvait être entendu vingt ans plus tôt. Avec son riff à la Chuck Berry et ses chœurs à la Chubby Checker, cette chanson nous rappelle qu’on écoute un poète mais aussi un rockeur.
Marche à l’ombre est donc l’un des meilleurs éléments d’une longue série d’albums sans faute. On s’y promène comme dans un film qui met l’accent sur la « couleur locale », au gré des zooms et des travellings. Au milieu de cette galerie humaine, Renaud aménage des moments de rires et de pleurs, d’analyses poussées et de révoltes, comme il sait bien le faire. Alors que l’ère Thatcher-Reagan inaugure les années 1980, un mec avec un bandana rouge nous fait savoir qu’il n’est pas prêt de fermer sa gueule, et il a bien raison.
Critique publiée par HamsterNihiliste le
Marche à l’ombre, je pense que c’est l’album de Renaud pour lequel tout le monde dira » Ah ouais j’connais cette chanson ! » si on énumère toutes les chansons. À part peut-être les deux dernières, L’auto-stoppeuse et Pourquoi d’abord.
Marche à l’ombre, je pense que c’est l’album de Renaud qui contient la chanson la plus populaire et dynamique (Marche à l’ombre, l’éponyme ben tiens), la chanson la plus drôle (Gérard Lambert qui donnera même un Gérard Lambert II Le Retour un an plus tard), et la chanson la plus triste (Quand je pense à La Teigne mon cœur saigne, surtout que j’ai pas de cœur) de la discographie d’un loubard.
Après la » trilogie du métro » comme je l’ai citée précédemment, les mélodies de l’album sont vraiment sympa et pas ennuyeuses (J’étais peut-être le seul à les chanter à tue-tête dans la cour de mon collège mais en même temps j’ai jamais été vraiment normal), qu’on se surprend des fois à fredonner en tentant d’imiter sa voix blasée.
Marche à l’ombre, le titre de l’album te parle de lui-même ; t’es pas obligé d’aimer, mais si t’aimes pas casse-toi tu pues.
Critique publiée par Billy98 le
Ah, Renaud… comment résumer sa renommée ? C’est le seul chanteur français à avoir carrément eu droit à son propre jeu vidéo… c’est aussi le seul capable de vendre des milliers de disques sur son seul nom à l’heure actuelle, même si c’est plus vraiment ça. Le Renaud d’aujourd’hui apporte de l’empathie, au mieux, de la part des anciens, et les fans absolus le suivent plus par solidarité nostalgique que pour ses nouvelles chansons. Et pour ceux qui le découvrent, ben… Toujours vivant, rassurez vous… Toujours la banane, toujours debout… Euh… C’est triste quand même: Renaud avait pour réputation de mordre là où on voulait tous mordre, et en vieillissant, il a perdu toutes ses dents. Et désolé, ce n’est pas tant une question d’alcool ou de vieillesse qu’une question d’intégrité. Un exemple: Saez.
Donc non, décidément, vaut mieux rester avec le bon vieux poto d’ avant, le Renaud au blouson de cuir et au cœur tendre ! Ce quatrième album est le premier magistral de sa carrière. Dès le début, dès le premier accord à la guitare sur « Marche à l’ombre », c’est l’éclate. Avec ce titre, il rend hommage à l’argo, aux bistrots et à la Jeunesse avec un humour digne des meilleurs comiques. Sa passion pour les gens est évidente, en témoigne sa caricature de Gérard Lanvin avec « les aventures de Gérard Lambert ». C’est une des très rares chansons que je connaisse que je pourrai décrire de cinématographique. Ce serait carrément une chanson d’aventure ! La musique de Raval est épique. « Dans mon HLM », qui ne décrit même plus une seule personne et quelques guignols mais carrément tout un immeuble, est à part dans sa discographie. En effet, je crois que c’est la seule qui a un crescendo musical total, comme si on montait les escaliers avec lui, et ce sur plus de 6 minutes. Les paroles sont grinçantes, basées sur une visite dans l’ HLM de son frère, et sont impeccables. Et putain, quel son rocker ! « La teigne » tranche, beaucoup plus acoustique. Si j’aime vraiment le texte, avec ses trouvailles inattendues (J’suis qu’une pauv’ teigne, fallait y penser !), la mélodie n’y est pas vraiment, et on sent bien qu’il en a un peu marre de ses personnages de loubards. « Où c’est qu’ j’ ai mis mon flingue », typiquement une chanson que l’on pond en pleine rage sur un coup de tête, est un coup de gueule comme il en existe peu dans la chanson française. J’apprécie le clin d’œil à Gainsbourg, et ça balance avec jubilation. Il se calme et retourne à la déconnade avec « It is not because you are ». Moi qui suis nul en anglais, là, ça va pour la traduction. Encore une merveille d’écriture, et la musique est délicatement anglaise. « Baston ! », particulièrement désespéré (d’ailleurs, son compositeur plongera dans la drogue), me convaincs moins. Ça devait être d’enfer en live, mais sur studio, ça passe moins. « Mimi l’ennui » continue dans le Désespoir, sur un portait beaucoup plus juste. Il est très facile d’imaginer cette pauvre petite femme dévorée par sa mélancolie. « L’auto-stoppeuse » n’est clairement pas là pour faire dans la dentelle et dans la poésie. Et on s’en fout. C’est difficile de ne pas le reprendre ! Il termine sur « Pourquoi d’abord »… et, bizarrement, c’est sa chanson la plus mystérieuse. Il fait tellement bâclé qu’on se demande si c’est fait exprès. Et si c’était sa volonté, où était l’intérêt ? Et pourquoi j’aime quand même cette connerie sans savoir pourquoi ? Un mystère Renaud de plus !
Un de ses meilleurs disques, assurément. L’un des sommets d’un mythe qu’à chopé plein de poussières.
Critique publiée par stebbins le
C’est à l’aube des années 80 que sort le quatrième album de Renaud : le fendard, hargneux et pétaradant Marche à l’ombre, véritable collector dans la carrière du chanteur. Composé de dix chansons à l’écriture égrillarde, remarquablement construites, Marche à l’ombre reste certainement l’un des albums cultes du grand Renaud, et l’un des plus cohérents dans son agencement et ses engagements. Et peut-être l’un de mes préférés.
MARCHE A L’OMBRE : On commence avec la chanson-titre, formidable texte teigneux bien comme il faut, avec un soupçon d’autodérision fortement bienvenue qui n’est pas sans rappeler celle du cultissime LAISSE BÉTON. La description, proche de la bande-dessinée ou du cartoon, est remarquablement développée par le chanteur qui décline l’univers d’un loubard et du rade qu’il fréquente au travers de quatre couplets à la musicalité agressive mais sans malveillance aucune. Et le recul dont fait preuve Renaud sur son image rend ce tube réellement attachant, et très sympathique à écouter.
LES AVENTURES DE GÉRARD LAMBERT : Une deuxième chanson en forme de légende urbaine, assez jubilatoire et superbement accompagnée de l’instru canaille, aux accents pratiquement morriconiens, d’Alain Ranval. Renaud se lâche carrément dans ce conte fantaisiste, qui s’inscrit dans la continuité de la piste précédente. Un cartoon musical qui n’a rien à envier d’un Gainsbourg ou d’un Margerin. Et la chute en forme de slam, cocasse et dérisoire, est un régal !
DANS MON HLM : Chef d’oeuvre. Une chanson prenant l’allure d’une chronique sociale très complète, s’attardant sur les différentes classes de la société hexagonale. On pense beaucoup à du Reiser pour l’aspect beauf et/ou gros dégueulasse de certains personnages, et l’idée de transformer chaque couplet en véritable vignette BD est proprement géniale. L’un des grands classiques de Renaud, et l’un des passages obligés lors des concerts du chanteur !
LA TEIGNE : En voilà une très belle chanson ! Portrait d’une jeunesse désoeuvrée, ou plus exactement d’un enfant de l’assistance LA TEIGNE est l’une des chansons les plus poétiques et touchantes de l’album. Renaud laisse transparaître une mélancolie certaine, une fragilité jusqu’alors inexistante dans les pistes précédentes. Et la musique, en forme de ballade, laisse un bel écho au sortir du morceau…
OU C’EST QU’J’AI MIS MON FLINGUE ? : Un crachat, un affront, un pavé dans la mare et sur la caboche des pousse-mégots et des sous-fifres. Renaud, dans cette logorrhée assassine envers l’ordre établi, n’épargne rien ni personne, ni les bourgeois, ni la flicaille, ni les médias ni même son public et la gauche socialiste. C’est LA diatribe du chanteur, non moins virulente que les antérieures HEXAGONE et SOCIÉTÉ TU M’AURAS PAS, une chanson engagée, une vraie de vrai ! La musicalité du texte, très agressive, donne le sentiment d’un cri de colère jeté tout d’un bloc sur le papier. Une chanson essentielle.
IT IS NOT BECAUSE YOU ARE : Parodie sentimentale en forme de slow, cette chanson franglaise est une petite drôlerie de derrière les fagots du chanteur… On y sent même le poids de sa tessiture vocale, au travers d’une élocution très maîtrisée et inspirée. La fausse pauvreté du texte cache en réalité un talent énorme… Charles Aznavour n’a pas fait mieux !
BASTON ! : Mise en musique par Michel Roy ( le futur toxicomane de LA BLANCHE ) cette chanson amère et sombre narre trois moments de la vie d’Angelo, jeune désoeuvré cherchant la soupape d’un quotidien peuplé d’ennui, de misère sexuelle, d’autorité publique et de violence familiale… Ce sera BASTON !, morceau anarcho-rock un brin désabusé au texte encore une fois beaucoup plus profond que d’apparence. Un petit classique.
MIMI L’ENNUI : Une sorte de pendant féminin de LA TEIGNE. La musique, très branchée années 80, ressemble à un slow-rock doux-amer assez savoureux à écouter. Le texte et le morceau dans sa globalité sont dans la continuité du précédent BASTON !… Il est bien difficile de ne pas penser à nouveau à l’univers de Reiser ou à celui de Margerin. Une très belle chanson, assez méconnue dans la carrière de Renaud.
L’AUTO-STOPPEUSE : Dieu que ça gratte, dieu que ça grince, dieu que ça pique ! Un texte à la musicalité extrêmement prononcée, qui se paye le luxe d’être très drôle et – in fine – pleine de dérision. Le sentiment que Renaud à écrit cette chanson d’un seul jet… Pas la meilleure mais très bonne malgré tout !
POURQUOI D’ABORD ? : Il fallait bien une dixième chanson à cette album cultissime… Voilà un énorme gag franchement délirant, qui pousse la tessiture de Renaud dans ses derniers retranchements. Vrai-faux dialogue entre un Renaud loubard et un enfant à la voix castre-alto ce POURQUOI D’ABORD ? clôture sur une note guillerette et ironique un album ( presque ) parfait.
Critique publiée par Cellophane le
L’époque où Renaud était encore un rebelle cinglant et acerbe. Renaud y critique avec son stylo trempé dans le vitriol le genre humain et ses défauts dans des chansons drôles (le HLM, Marche à l’ombre, l’auto-stoppeuse) ou plus vindicative (Où c’est qu’j’ai mis mon flingue, Baston). Des chansons plus « triste » (Mimi, la Teigne) sans qu’on ait encore la patte du Renaud à venir. Hors les chansons « pur délire » (It is not because you, Pourquoi d’abord, Gérard Lambert), il y a toute la noirceur cynique de Renaud dans ces textes, son humour au vitriol mis en valeur par des textes ciselés. Si les musiques sont plus basiques que ce qui viendra ensuite, sa rage est là et c’est un bonheur de le suivre.
Critique publiée par Jerry OX le
Depuis deux ans en France, un jeune chanteur aux allures de gentil loubard squatte les médias et les Hit Parades avec une étonnante décontraction et un langage nouveau composé d’argot ,d’humour bon enfant et de brulots parfois incisifs . Cette année là , Renaud sort son quatrième album , il s’intitule « Marche à l’ombre » (le premier à porter un titre) .
Fort du succès de chansons comme « Laisse béton » (qui le fit remarquer en 1978) , « Adieu minette » ou encore « C’est mon dernier bal » , notre jeune chanteur commence à se faire petit à petit une place bien à lui dans le show business et ce disque et précisément la chanson titre vont contribuer considérablement à la montée en flèche de sa notoriété .
Dès février 1980 , « Marche à l’ombre » est sur toutes les ondes , un titre dynamique qui narre l’histoire d’un type qui vire les uns après les autres les clients d’un bar ou il a ses habitudes .
Ce qui a marqué avec ce tube (outre le langage ) c’est la description de chaque client . Du baba cool cradoque à la petite bourgeoise bécheuse sans oublier le Rocky barjot : Rien n’échappe au regard observateur et corrosif de Renaud . On retiendra le refrain avec le fameux « casse toi tu pues » qui fera la joie des bambins , ravis de pouvoir dire des gros mots sans etre grondés (ou presque) .
Un grand succès donc pour notre chanteur énervant et un beau portrait sociologique de cette époque