Dans son nouvel album «Métèque», Renaud rend un touchant hommage à ses artistes chéris

Le Parisien

Le 18e album studio de Renaud est un disque de reprises. À 70 ans, il chante les artistes et les classiques qui l’ont accompagné, de Brassens à Aufray, de Moustaki à Hardy. Avec sa voix un peu moins abimée et portée par de superbes arrangements.

Sur les treize reprises de «Métèque», la voix de Renaud est objectivement meilleure que sur son album précédent, «Les mômes et les enfants d’abord», sorti fin 2019. Prod

Par Eric Bureau
Le 5 mai 2022 à 05h55

Qu’on aime ou pas Renaud, qu’on lui pardonne tout ou rien, on ne peut que lui reconnaître sa sincérité. Et ce nouvel album studio, le 18e depuis « Amoureux de Paname » en 1975, est à son image. À prendre ou à laisser. Avec ses défauts et ses qualités.

Son principal défaut, on le sait depuis 2006 et l’album « Renaud » — aussi appelé « Le Phénix » ou « Toujours debout » —, c’est sa voix cabossée, rappeuse, chancelante… Abîmée par l’abus d’alcool et de clopes, elle n’arrive plus à tenir les notes hautes et fait parfois mal aux mélodies. À deux reprises, sur « Le temps des cerises » et surtout « Hollywood » de David McNeil, elle nous fait d’autant plus mal au cœur que les arrangements sont superbes.

 

Mais sur les treize reprises de « Métèque », la voix de Renaud est objectivement meilleure que sur son album précédent, « Les mômes et les enfants d’abord », sorti fin 2019, période où il fumait comme un pompier. Et son imperfection la rend d’autant plus poignante sur « Si tu me payes un verre » de Serge Reggiani ou « Nuit et Brouillard » de Jean Ferrat.

Outre la transmission d’un patrimoine musical précieux et souvent méconnu des plus jeunes — la plus récente étant la chanson de Reggiani parue en 1975 — la principale qualité de ce disque, ce sont ses arrangements, signés Michel Cœuriot (Louis Chedid, Alain Souchon, Laurent Voulzy, Michel Jonasz…) Des guitares qui électrisent « Le métèque » de Moustaki aux violons délicats de « L’amitié » de Françoise Hardy et de « La tendresse » de Bourvil, certaines orchestrations nous emmènent sur de jolis chemins de traverse. La liberté, c’est aussi ce qu’on aime chez Renaud, non ?


La note de la rédaction : ★★★☆☆ 3/5
« Métèque », Parlophone/Warner Music, 14,99 euros le CD, 39,99 euros le double vinyle.


  

Source : Le Parisien