Découvrez le Paname de Renaud

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Septembre 2016

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Depuis plus de 40 ans, Renaud traverse les époques et les quartiers parisiens. D’Amoureux de Paname au Blues de la Porte d’Orléans, de La Coupole à Dans mon HLM, le chanteur a usé quelques paires de bottes dans la capitale ! Ce n’est pas pour rien qu’il représente dans l’imaginaire collectif le Titi Parisien. Découvrez ses adresses d’enfance, le collège qui lui a inspiré la chanson Camarade bourgeois ou encore les lieux de ses premiers petits boulots. Saviez-vous que Renaud avait écrit sa première chanson, poétiquement intitulé Crève Salope, durant mai 68 ? Revivez au Café de la Gare sa rencontre avec Coluche et Dominique, sa première femme. Installez-vous à sa table fétiche à la Closerie des Lilas, où il a rencontré Romane Serda en essayant d’oublier la mère de Lolita. Enfin, poussez les portes du Grand Palais, où le chanteur a tourné le clip de Toujours Debout, la chanson de son retour inattendu !

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Renaud a été libraire avant d’être chanteur !

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Le chanteur Renaud Séchan aurait voulu être acteur. Mais avant de prendre la voie de la chanson, il a été libraire. L’aventure, qui a duré deux ans, s’est terminée par un licenciement, dû notamment à ses retards répétés. 

En avril 1969, Renaud Séchan ne va pas tarder à fêter ses 17 ans lorsqu’il trouve un poste de magasinier à la Librairie 73, sur le boulevard Saint-Michel. Là, il gère le stock de livres et se charge de la décoration des vitrines. Parfois, il anime même un théâtre de marionnettes que le patron a installé au sous-sol de sa boutique. Le blondinet, qui a arrêté ses études, rêve d’être acteur, chante pour ses copains mais veut s’engager en politique. S’il ne sait pas encore de quoi son avenir sera réellement fait, il profite de son poste de librairie pour combler ses lacunes littéraires. Très appliqué, Renaud a appris par cœur le nom des mille premiers numéros du Livre de Poche. Et, c’est ainsi que, lorsqu’on lui réclame Des souris et des hommes, Le roman de Renart ou Le meilleur des mondes, le vendeur à la mémoire d’éléphant répond tout naturellement : « Numéro 208, Numéro 789 »…

Il y a un ouvrage qui captive particulièrement Renaud : Le loup des Steppes d’Herman Hesse, un chef d’œuvre interdit sous le régime nazi. L’oeuvre met en relief l’absurdité de l’existence à travers l’histoire d’un homme tiraillé entre un besoin de sauvagerie et un désir d’intégration dans la société. Cet engouement conduit alors Renaud à commander l’ouvrage pour partager son coup de cœur avec les clients. Hélas, l’ouvrage est épuisé. Il réitère donc plusieurs fois sa demande jusqu’au jour où il reçoit une cargaison de 150 livres qu’il s’empresse d’étaler en vitrine. Grâce à sa passion contagieuse, la totalité des exemplaires s’écoule en moins d’une semaine ! Il gardera son travail à la Librairie 73 durant deux ans, avant de se faire licencier, le 29 novembre 1971. « Monsieur, en raison de vos retards quotidiens, de vos absences non motivées, de votre incapacité à assumer le travail de tenue de stock qui vous a été confié par manque d’organisation, d’intérêt, je me trouve dans l’obligation de vous signifier votre congé ». Mais Renaud s’en moque, son avenir est ailleurs … La Librairie 73 n’existe plus aujourd’hui. Elle englobait à l’époque l’actuel LCL et la boutique Artisanat d’Iran.

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« Crève Salope » : le jeune Renaud retourne la Sorbonne pendant mai 68 !

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L’adolescence de Renaud flamboie dans l’ambiance rebelle des insurrections, des explosions et des cocktails Molotov. Nous sommes en mai 68 et le futur chanteur, encore lycéen, n’hésite pas à en découdre avec les étudiants d’Assas !

Durant la nuit du 11 mai 1968, Renaud, fier et euphorique, s’écrie jusqu’à s’époumoner devant une barricade : « J’ai seize ans ! ». Il se heurte violemment aux militants d’extrême-droite de la faculté d’Assas (5ème arr.). Il participe avec ses frères, Thierry et David, aux premières émeutes du quartier latin. Très engagé, il ira jusqu’à fonder le Groupe Gavroche Révolutionnaire, mouvement dissident composé… de trois membres ! Le jeune homme va ensuite s’installer pendant trois semaines dans la Sorbonne occupée. Il y rencontre le chanteur contestataire Evariste. Alors qu’il tape à la machine un texte de ce dernier, une inspiration soudaine le traverse. Il la met immédiatement en musique, sur trois accords de guitare. Ainsi est née la première chanson officielle de Renaud : Crève salope ! Ce manifeste musical antisocial devient un hymne des étudiants gauchistes de Paris. Elle révèle surtout la plume aussi impertinente qu’humoristique du « chanteur énervant ». Sans complaisance, les paroles s’attaquent aux institutions familiales, scolaires et sociétales. « Mon père me dit : bonsoir fiston et j’lui ai dit : crève salope !… »

Alors scolarisé au Lycée Montaigne (6ème arr.), Renaud se plongeait déjà dans la lecture des auteurs anarchistes. Il dévore Bakounine et Proudhon. Il élève Che Guevara au rang de demi-Dieu. Il se rend également aux manifestations en faveur de la paix au Vietnam. Son père, déjà dépassé par les idées de son rejeton aux cheveux longs, n’a que peu apprécié cette chanson ! En plus de le provoquer à titre personnel, le morceau décrit les différentes étapes qui mènent à la désocialisation et à la guillotine, encore d’usage à l’époque.

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Renaud trouve refuge dans la chambre de Miou-Miou, avant de partir à Avignon

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Alors que Renaud vient de se faire licencier de son travail de libraire, il trouve une chambre de bonne rue de Servandoni. C’est là, entre deux compositions de chanson, qu’il décide d’aller tenter sa chance à Avignon !

300F par mois, c’est ce que demande la comédienne Miou-Miou à Renaud pour le laisser occuper sa chambre de bonne. Il faut dire que le chanteur ne peut guère s’offrir meilleur logement : il vient d’être viré de son job de libraire, qu’il occupait pourtant depuis deux ans ! Libéré de tout engagement professionnel, Renaud se met alors à écrire des chansons entre deux verres avec les copains.

Peut-être est-ce entre deux bières qu’il a eu l’illumination : il faut quitter Paris pour Avignon ! Il a dans le sud de la France une tante qui devrait pouvoir l’aider… Sans trop réfléchir, il rend à Miou-Miou les clés de la chambre rue Servandoni et le voilà parti pour le Vaucluse… Après deux mois à travailler dans une librairie d’Avignon, son père vient le chercher. C’est la fin de l’escapade.

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Renaud a été un habitué de ce temple protestant

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Sur la pochette de son premier album, Hexagone, Renaud porte une croix en guise de boucle d’oreille. Si le chanteur ne plaisantait pas avec son look, il a également été élevé dans la religion protestante. Enfant, il allait à l’office au Temple du Luxembourg à Paris. Adulte, il y célèbre son mariage avec Romane Serda !

Cela peut paraître étonnant mais Renaud a grandi dans une famille très croyante. Il a donc assisté chaque dimanche à l’office au Temple du Luxembourg (6ème arr.) lorsqu’il était enfant. Il se mariera en secondes noces avec Romane Serda, selon le culte protestant. Bien que devenu athée, il n’en demeure pas moins attaché aux croyances familiales. Dans la religion protestante, il conserve des valeurs humanistes, antiracistes et tiers-mondistes qui, selon lui, sont absentes dans le catholicisme.

Lui-même marqué par le protestantisme calviniste, son père Olivier emmenait sa famille en vacances à Vialas (Lozère) ou Dieulefit (Drôme). Ces deux communes abritent parmi les premiers lieux de culte de la Réforme. L’arrière-grand-père paternel de Renaud est d’ailleurs issu d’une lignée de pasteurs !

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Renaud entre au prestigieux Lycée Montaigne, et en ressort presque aussitôt !

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Après avoir raté son BEPC au Lycée Gabriel Fauré, Renaud doit redoubler. Mais son établissement refuse de le reprendre un an de plus ! C’est pour cette raison que Renaud intègre le prestigieux Lycée Montaigne. Mais avec le mouvement étudiant bientôt surnommé « mai 68 », la politique va lui tendre les bras… 

Alors qu’il vient de rater son BEPC, Renaud est condamné à redoubler sa classe de 3ème. Le problème, c’est que l’idée de garder le jeune Renaud Séchan une année de plus n’enchante pas du tout les enseignants du Lycée Gabriel Fauré ! Malgré l’influence du père, Olivier Séchan, professeur d’allemand dans l’établissement, le lycée le refuse. La famille Séchan ne se démonte pas et inscrit le blondinet au Lycée Montaigne, qui accueille également les collégiens. Son passage ici sera furtif. Il faut dire que le mouvement étudiant, qu’on évoque aujourd’hui sous le nom de « mai 68 », est en train de prendre vie. Renaud va y participer activement et en tirera sa première chanson, poétiquement intitulée Crève Salope. Un titre qui détonne dans l’univers très guindé du Lycée Montaigne.

Le Lycée Montaigne est un établissement historique de la capitale. Construit par l’architecte Charles Le Coeur entre 1882 et 1885, il a accueilli de très nombreuses célébrités : les cinéastes René Clair, Alexandre Aja, Patrice Chéreau, Grégory Levasseur, l’actrice Léa Drucker, ainsi que les écrivains Jean-Paul Sartre, Frédéric Beigbeder et Roland Barthes. Dans d’autres univers, on peut également citer les hommes politiques Maurice Papon et Michel Debré, ainsi que le grand couturier Karl Lagerfeld. De son côté, entre son engouement pour la politique, son envie d’être acteur et ses débuts non-officiels avec Crève salope, Renaud sait que sa place est n’importe où, mais pas dans une salle de classe !

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Renaud embarque le fils du patron pour aller faire la manche !

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Après avoir travaillé moins d’une journée à la Samaritaine en 1973, Renaud a décidé d’arrêter de chercher un boulot ordinaire. Il va vivre pour la musique ! Embarquant le fils du Bréa, son quartier général de l’époque, il choisit de chanter dans la rue contre un peu de monnaie. 

En 1973, après un séjour décevant à Avignon, Renaud rejoint Paris où il s’amarre au comptoir du Bréa. Dans Bille en tête, qui rassemble les chroniques qu’il a écrites dans Charlie Hebdo, l’artiste revient sur ce lieu : « Les tauliers étaient de braves gens, ils nous faisaient chroume et fermaient un peu les yeux sur l’état dans lequel nous mettait la marijane, en ces temps-là où nous étions trop petits pour boire… ». Là, il se lie d’amitié avec le fils du bistrotier, Michel Pons, qui joue à l’accordéon les chansons réalistes et les classiques du musette. Dans le même temps, il assiste au Port du Salut à un tour de chant de Daniel Guichard. Il interprète sur un ton gouailleur des chansons extraites de son album « Le Paname de mes dix ans », mais aussi des standards de Francis Lemarque ou Aristide Bruant. Cette prestation achève de réconcilier Renaud avec le piano à bretelles qu’il assimilait jusque-là à Yvette Horner et aux balloches poussiéreux. Renaud embarque alors Michel Pons dans sa nouvelle vie. Ils vont chanter dans les rues pour gagner quelques pièces !

Il faut dire qu’après une expérience courte et sans gloire comme vendeur à la Samaritaine, Renaud a renoncé à trouver un boulot dans les normes. Il échafaude alors un répertoire à la gloire du vieux Paris constitué de classiques du genre : Rue Saint-Vincent de Bruant, La plus bath des javas de Georgius, La java bleue de Vincent Scotto ou encore Du gris de Fréhel… et de quelques compositions personnelles dont Le gringalet et La java sans joie. A cette époque, il vient de franchir une étape fondamentale dans sa carrière. Renaud a eu l’idée lumineuse de se produire avec son acolyte face au Café de la Gare, où une file d’attente de 450 personnes l’écoute avec attention, avant de prendre possession des lieux. Et son habile stratégie s’avérera fructueuse…

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« Place de ma Mob » : c’est ici qu’a été prise la photo de l’album « Laisse Béton » !

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Qui de Renaud ou de Jean-Pierre Jeunet fait référence à l’autre ? Aucun ! Jean-Pierre Jeunet, qui a utilisé le tag « Place de la Mob » dans Foutaises, n’a en fait rien volé au chanteur, qui a utilisé le tag sur la pochette de l’album Laisse Béton. Ils se sont juste tous les deux inspiré d’un graffiti existant !

La pochette de l’album « Laisse béton » (1977) est restée dans les mémoires grâce à son célèbre graffiti « Place de ma mob ». On y voit Renaud sur sa mobylette, dont l’emplacement est clairement défini par ce tag humoristique. L’oeuvre urbaine existait réellement un peu plus loin, près de l’école fréquentée par les potes de Renaud, dont un certain Michel Colucci (alias Coluche) faisait partie. Le graffiti a été recréé pour la pochette de Renaud au 18 avenue du Maine. Si aujourd’hui il ne reste plus aucune trace du graffiti en lui-même, vous reconnaîtrez l’endroit, avec la porte et le n°18 juste au-dessus !

Les cinéphiles et les curieux ont pu se rendre compte qu’en 1990, un graffiti du même genre apparaissait dans Foutaises le court-métrage de Jean-Pierre Jeunet. Le réalisateur fait-il une référence à Renaud ? A-t-il volé l’idée ? En fait, Jean-Pierre Jeunet a simplement fréquenté la même école que Coluche ! Le réalisateur a, quant à lui, filmé le lieu original.

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C’est dans cette brasserie que Renaud a rencontré son idole Hugues Aufray ! 

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Le 28 décembre 1967 marque la date de la première rencontre entre Hugues Aufray et Renaud. Ce dernier a 15 ans. Il est allé applaudir son modèle à Bobino. Dans la brasserie A la Belle Polonaise, après le spectacle, il va chercher un autographe. Son audace le pousse jusqu’à transmettre à Hugues Aufray une chanson qu’il a écrite !

Le 28 décembre 1967, Renaud Séchan, 15 ans, vient applaudir Hugues Aufray sur scène. Après le concert, l’adolescent attend son idole de pied ferme. Il veut son autographe ! L’artiste sort de Bobino et pousse les portes de la brasserie A la Belle Polonaise. Renaud le suit. Il en profite pour lui tendre une chanson qu’il a écrite : La belle du Sicilien. Si Hugues Aufray ne chantera jamais cette chanson, c’est le début d’une histoire d’amitié qui prendra effet à Bobino en 1980, lorsqu’à son tour l’interprète de Santiano ira applaudir Renaud. « Quand je l’ai rencontré pour la première fois sur scène, je lui ai dit « on est quittes » parce que je l’ai beaucoup apprécié aussi », raconte Hugues Aufray au Figaro.fr. Maintenant que l’élève a chanté devant le maître, la boucle est bouclée !

C’est le début d’une amitié qui dure encore aujourd’hui ! Hugues Aufray a été de ceux qui ont encouragé Renaud à revenir sur scène, à écrire et à renouer avec le public. « On allait dîner ensemble, mais il ne mangeait presque pas. Quand je le ramenais, il n’était pas dans un brillant état. Plus d’une fois, je me suis surpris à pleurer en arrivant chez moi. Je suis le plus jeune de ma fratrie, il est le petit frère que je n’ai pas eu », explique Hugues Aufray, toujours au Figaro. En 2016, à la sortie de l’album Toujours Debout, l’artiste est soulagé de voir que les vieux démons de son « petit frère » sont derrière lui.

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Renaud fait la manche à la Coupole, entre Andy Warhol et Mistinguett !

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Avant d’être un artiste reconnu, Renaud a fait la manche dans les rues parisiennes, devant les théâtres et sur les terrasses de café. Parmi ses lieux de prédilections, le restaurant historique la Coupole, dont il s’inspire deux ans plus tard pour sa chanson homonyme. 

En 1975, sur l’album « Amoureux de Paname », Renaud fait revivre un lieu historique de la capitale. Sur son titre La Coupole, Renaud raconte un instant de vie dans le célèbre établissement : « Andy Warhol, à la Coupole / Peint les gambettes de Mistinguett… ». La Coupole, Renaud l’a réellement fréquentée, deux ans avant de la chanter. Armé de sa guitare, il squatte la terrasse où il chante en échange de quelques pièces. L’histoire ne dit pas si l’argent gagné est immédiatement réinvesti dans une consommation sur place.

Joyau de l’Art déco, cette brasserie parisienne fondée en 1927 est un haut lieu de Montparnasse. Célèbre pour sa « coupole » peinte, elle est hantée par les silhouettes des célébrités qui l’ont fréquentée. Jean Cocteau, Louis Aragon et Elsa Triolet, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, André Malraux, Jacques Prévert, Marc Chagall, Pablo Picasso ou encore Ernest Hemingway… La liste est encore bien longue ! Ce qui est certain, c’est qu’à la Coupole, un charme mystérieux saisit le visiteur.

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Closerie des Lilas : déjeunez à la table de Renaud

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A la Closerie des Lilas, Renaud a sa table favorite : la n°101. Le bar a été le théâtre des heures les plus sombres du chanteur. Il écrira sa chanson « A la Close » en hommage à cette tanière parisienne, où Docteur Renard a régné en maître après sa séparation. C’est là qu’en 2002 l’artiste rencontre son nouvel amour, Romane Serda. 

A la fin des années 1990, à une époque où il a besoin de noyer ses états d’âmes, Renaud se réfugie pendant deux ans à la Closerie des Lilas. L’établissement est devenu sa cantine, où on lui réserve la table n°101 à côté du piano. Pendant ce temps-là, Dominique, sa muse, son amour, s’éloigne de lui. La rupture est inévitable. Dans ce chagrin d’amour se trouve la genèse de l’album « Boucan d’Enfer », sur lequel Renaud dédie une chanson à la Closerie des Lilas. Sur la pochette de l’album, Renaud est d’ailleurs représenté par l’artiste Titouan Lamazou à sa table favorite. « Dans ce bar parisien au cœur de Montparnasse / Que l’on appelle aussi Closerie des lilas / J’ai mon coin réservé, j’ai ma petite place / Dans le calme, le silence ou bien le brouhaha / Et je noircis des pages de rimes et de prose » chante Renaud dans A la Close. Ironie du sort ou coup du destin, c’est à la Closerie des Lilas que Renaud rencontre Romane Serda en 2002. Elle l’aidera à sortir de l’enfer de l’alcool et lui inspire quelques chansons de l’album suivant, « Rouge Sang ».

Fondé en 1847 sur un ancien relais de poste, ce restaurant, d’abord fréquenté par la bourgeoisie, devient rapidement le repaire des artistes et intellectuels les plus emblématiques du quartier Montparnasse. Parmi eux : Emile Zola, Paul Verlaine ou Paul Cézanne, mais aussi Louis Aragon, Amedeo Modigliani et Oscar Wilde. L’intelligentsia américaine de l’époque en fait aussi son QG. Notons que c’est à la terrasse de la Closerie que F. Scott Fitzgerald fait lire le manuscrit de Gatsby le Magnifique à Ernest Hemingway, véritable pilier du comptoir, qui écrivit là Le soleil se lève aussi. Ce dernier dispose d’ailleurs, comme beaucoup d’autres grands noms passés par là, d’une plaque en cuivre à son effigie sur l’une des tables.

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Entre deux concerts à la Pizza du Marais, Renaud rentre au 41 rue Pascal

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En 1973, tout se décide pour Renaud ! L’artiste, qui vit désormais au 41 rue Pascal, décide de se consacrer (presque) entièrement à la musique. Son nouveau quartier général, la Pizza du Marais, va lui permettre de monter sur une vraie scène, entre deux concerts en pleine rue. 

En 1973, Renaud a pris une décision capitale pour sa carrière : fini les petits boulots alimentaires, place à la musique ! Pour donner forme à sa bonne résolution, il décide d’embarquer le fils du gérant du Bréa pour aller faire la manche avec lui. A cette époque, Renaud vit dans une chambre de bonne au 41 rue Pascal. Mais le plus clair de son temps, il le passe à divertir les spectateurs du Café de la Gare, lorsqu’ils font la queue avant le spectacle !

C’est cette année qu’est créée la Pizza du Marais, surnommée la Zapi par Renaud et sa bande. Là, le futur interprète de Mistral gagnant renoue malgré lui avec les petits boulots, puisqu’il y tient le bar et fait la plonge. Mais le reste du temps, il y chante ! Rapidement, l’établissement ressemble davantage à sa nouvelle maison qu’à un lieu de travail.

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Renaud : sa chanson « Dans mon HLM » a été inspirée par l’immeuble de son frère

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Dans mon HLM fait partie des plus gros succès de Renaud. Sortie sur l’album Marche à l’ombre en 1980, cette chanson est inspirée d’un véritable lieu… où habitait son frère !

Renaud a souvent été qualifié de portraitiste social. S’il est une chanson qui illustre le mieux ce statut, c’est bien Dans mon HLM, sortie en 1980 sur l’album Marche à l’ombre. Par les paroles, l’artiste décrit, au gré des marches qu’il franchit, les habitants modestes typiques d’une époque : le beauf, le flic, le communiste, le jeune cadre dynamique, la minette à la Mini Cooper, les baba-cools désœuvrés,… Et bien sûr « Germaine, la môme du huitième », avec qui le narrateur vient partager des moments embrumés de haschich.

Cette caricature colorée a été inspirée à Renaud lors de ses visites chez son frère Thierry, l’un des habitants de la résidence du 56 rue du Château des Rentiers. Thierry Séchan raconte : « Il était venu dîner. Je lui avais parlé de mes voisins : il y avait un flic, un professeur et une bande de babas cool qui me dépannaient de temps en temps. En me rendant visite, il a aussi constaté qu’on ne vivait pas les uns sur les autres ». En 2006, le chanteur énervant, comme il est souvent surnommé, réitère l’exercice de la peinture sociale avec Les bobos, nouvelle classe « après les bourges et les prolos ».

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1963 : Renaud est « le fils du prof d’allemand » du Collège Gabriel Fauré

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Le lycée Gabriel Fauré a accueilli quelques membres d’une famille célèbre : les Séchan. Au début des années 60, Renaud et Thierry Séchan y sont élèves, tandis que le père y est professeur d’allemand. Une période un peu trouble pour le futur interprète de Mistral gagnant.

En 1963, Renaud entre en classe de 6ème au Collège-Lycée Gabriel Fauré en compagnie de son jumeau, David. Leur père qui ne peut malheureusement pas nourrir sa famille avec son activité d’écrivain, y est professeur d’allemand. Pour Renaud, c’est un cadeau empoisonné. Comme on le sait, les fils d’enseignants sont parfois regardés de travers. D’autant que le jeune garçon poursuit une scolarité sans éclat… Il ne fournit des efforts que dans deux matières : le dessin et le français. Tout au long de sa vie, la littérature restera d’ailleurs un exutoire. Une passion qui prendra de l’ampleur lorsqu’il travaillera à la Librairie 73.

En 1965, Renaud rate son BEPC. Il faut dire que le jeune homme a bien plus de facilités dans le domaine des mobylettes et des filles ! Le lycée Gabriel Fauré refuse de le garder pour son redoublement. Son père a beau faire pression et jouer de son statut de professeur, rien n’y fait : il doit changer d’établissement. C’est ainsi qu’il se retrouve au Lycée Montaigne, où il ne brillera guère plus. Au moins aura-t-il la liberté dont il rêve, puisqu’il ne risque pas de croiser son père au détour d’un couloir !

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Renaud croise Georges Brassens, quelques années avant la célébrité

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C’est au 6 avenue Paul Appell que Renaud Séchan passe ses premières années. C’est aussi là qu’à ses dix ans, il croise le grand Georges Brassens. Le chanteur a gravé son amour pour le quartier dans les paroles du Blues de la Porte d’Orléans : « Le 14ème arrondissement, c’est mon quartier d’puis 25 berges. C’est dans ses rues que j’passe mon temps, dans ses bistrots que je gamberge » ! 

Dans son enfance, le chanteur Renaud Séchan habite à cette adresse. Il se souvient avec tendresse de cet appartement de la Régie Immobilière de Paris, dans un immeuble rose qui offre tout le confort moderne : eau, gaz, électricité, salle de bain, … Dans cet immeuble du 6 avenue Paul Appell, il va rencontrer l’une de ses idoles. Alors qu’il rentre chez lui au 5ème étage, le petit Renaud âgé de dix ans rencontre dans l’ascenseur son futur maître-chanteur, Georges Brassens. L’interprète de Les copains d’abord n’est pourtant pas venu voir le blondinet. Il monte au 7ème pour rendre visite à Marie Dormoy, la secrétaire et maîtresse de Paul Léautaud.

Ce n’est que partie remise ! Les deux artistes finiront par se rencontrer, quand Renaud sera un chanteur accompli. Sur un plateau de télévision, Georges Brassens fera même un très beau compliment à Renaud : « Vos chansons sont merveilleusement bien construites ». Le gamin dans l’ascenseur n’en espérait sans doute pas autant !

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Renaud sculpte une plaque pour rendre hommage à Georges Brassens

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Renaud est un artiste aux multiples talents. Le bas-relief en bronze qu’il a imaginé pour rendre hommage à son mentor Georges Brassens en témoigne ! Vous pouvez l’admirer au 9 impasse Florimont, devant la maison qui fut celle du poète originaire de Sète. 

Le 22 septembre est une date entrée dans la culture populaire grâce à la fameuse chanson de Georges Brassens : Le vingt-deux septembre. C’est cette date de 1994 qu’a choisi l’association « Les amis de Georges » pour rendre hommage au poète sétois, en présence notamment de Maxime Le Forestier et Renaud. C’est l’occasion pour ce dernier de dévoiler une plaque commémorative, posée sur la maisonnette de Marcel Planche et son épouse Jeanne. C’est là que Georges Brassens a vécu entre 1944 et 1966. Renaud, qui nourrit une passion pour la sculpture, déplore de n’avoir pas assez de temps pour s’y adonner. En 1996, il déclare à ce propos : « Gainsbourg a regretté jusqu’à la fin de sa vie d’avoir arrêté la peinture… Moi je me dis que, plutôt que de regretter, autant en faire. La sculpture, ça fait deux ans que j’en fais, c’est en fait du modelage de terre cuite dont je fais un bronze, j’envisage une expo dès que j’aurai assez de matériel… » (Le Soir). Si on attend l’exposition, on peut toujours aller au 9 impasse Florimont, admirer le bas-relief en bronze de l’interprète de Morgane de toi.

Renaud n’a jamais caché son admiration pour Georges Brassens. S’il l’a croisé furtivement alors qu’il n’avait que 10 ans dans son immeuble au 6 avenue Paul-Appell, c’est bien plus tard, qu’ils nouent une vraie relation. « Ce jour-là (…) du haut de mes dix ans, j’eus le sentiment de me frotter à un monument, à un géant de la poésie et de la chanson. Géant, cet homme l’était aussi par la taille et par les épaules, ces épaules qu’il avait encore puissantes, en ce début des années 60 » (préface de Georges Brassens, histoire d’une vie). Quelques années plus tard, c’est sur un plateau télévisé que les deux artistes se revoient. Georges Brassens dit à Renaud qu’il trouve ses chansons « merveilleusement bien construites ». Renaud est aux anges : « Après cela, tous les hommages me paraîtraient bien fades. » déclare-t-il, toujours dans cette préface. En 1996, près de 15 ans après sa mort, Renaud sort l’album Renaud chante Brassens, reprenant quelques chefs-d’oeuvre de celui qu’il considérait comme son dieu.

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Renaud se moque des élèves du Lycée Claude Bernard dans « Camarade Bourgeois » !

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Renaud Séchan a étudié dans pas moins de trois lycées différents ! Le premier d’entre eux, le Lycée Claude Bernard, l’accueille pour une année de seconde artistique. Il s’inspire de sa population pour écrire les paroles de Camarade Bourgeois.

Décontenancé par le comportement anti-scolaire de son fils Renaud, Olivier Séchan abat sa dernière carte en l’inscrivant en seconde artistique au lycée Claude Bernard. Nous sommes en 1968, Renaud a déjà changé d’horizon en participant à la révolte de mai 68. De cette expérience il tire une chanson poétique intitulée Crève salope. Suivant la voie qui semble se tracer peu à peu devant lui, son nouveau lycée bourgeois va lui inspirer un autre titre : Camarade bourgeois. Le futur chanteur y dépeint ses copains de classe, avec qui il semble ne pas beaucoup de points communs : « Camarade bourgeois, Camarade fils-à-papa, La Triumph en bas d’chez toi, Le p’tit chèque en fin de mois Regarde-toi ah ah ah ».

En 1969, le jeune homme rompt définitivement avec le milieu scolaire et prend le chemin de la liberté. C’est la chanson Camarade Bourgeois qu’il chantera lors de son tout premier passage télévisé, chez Danièle Gilbert, en 1975 !

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Valérie Liou, responsable de la chevelure de Renaud !

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Comme beaucoup d’artistes, Renaud a sa coiffeuse attitrée : Valérie Liou. Elle tient un salon rue de Chaillot, dans le 16ème arr. Elle a également conquis le cœur d’un autre chanteur, un certain Julien Clerc… 

On l’a vu avec les cheveux longs, une coupe au bol, avec ou sans frange, … Renaud n’est pas un artiste de l’image, mais il a eu différentes périodes capillaires. En 1992, l’artiste arbore des cheveux courts. C’est une première depuis le début de sa carrière ! Il confie à Thierry Ardisson avoir changé de look parce qu’il voyait des Renaud partout ! « Les mecs me voyaient dans la rue : « ah regardez il est habillé comme Renaud ! » »… (Double Jeu, 4 janvier 1992). Auprès de Valérie Liou, sa coiffeuse, il façonne depuis des années sa chevelure anciennement blonde, aujourd’hui grisonnante. Cette professionnelle, installée au 39 rue de Chaillot, est LA coiffeuse des célébrités !

Julien Clerc, par exemple, se fait coiffer par Valérie Liou depuis plus de 30 ans. Et il ne se voit pas changer ses habitudes. Il est tellement accro à ses talents qu’il lui a demandé de faire les dernières retouches de sa statue au Musée Grévin ! Valérie Liou coiffe les stars, mais pas uniquement. Ainsi, vous pouvez prendre rendez-vous dans son salon du 16ème arr. de Paris.

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Renaud s’offre le Grand Palais pour son retour

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Pour son grand retour musical, Renaud s’est offert le luxe d’un tournage au Grand Palais. Le clip de la chanson Toujours debout y a été tourné en comité restreint.

Le 26 février 2016, Renaud dévoile enfin le clip de sa nouvelle chanson Toujours debout. Attendu au tournant après de longues années de silence, le chanteur affirme dans ce nouveau single qu’il est « toujours vivant ». C’est dit ! Après avoir découvert les paroles, les fans attendaient avec impatience de revoir le visage de l’auto-proclamé chanteur énervant. Tourné sous la nef du Grand Palais, le clip montre l’artiste tantôt assis en gros plan, tantôt debout se baladant dans le grand bâtiment vide. En parallèle, un écran diffuse des images pour illustrer les propos du chanteur. Auparavant énervant, Renaud est aujourd’hui surtout énervé ! Ainsi, il écorche largement les paparazzis et les journalistes qui n’ont cessé de spéculer sur son état physique, ces dernières années.

Le Grand Palais est en fait rarement aussi vide qu’il apparaît dans le clip Toujours debout. Il est, selon les saisons, transformé en patinoire, en scène electro ou en fête foraine ! Loin de son passé de bureau de douane ou de commissariat, il est de nos jours dédié à la fête, au partage et à la culture. Renaud n’est pas le premier à installer une caméra dans ce bâtiment historique. Déjà en 1976, le lieu était filmé pour Monsieur Klein de Joseph Losey. Récemment, on le voit dans Yves Saint Laurent, lorsque Pierre Bergé (Guillaume Gallienne) arrive pour une vente aux enchères.

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Les trois p’tits Loulous ont fait connaître Renaud !

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Déjà agent de Thierry Le Luron et de Coluche, Paul Lederman remarque un jeune artiste un soir de 1974. Il s’agit de Renaud ! Ce dernier se produit avec deux compères dans les cabarets parisiens. Le nom du groupe ? Les Trois p’tis Loulous !

En 1974, Paul Lederman possède le restaurant Jour et Nuit, situé rue de Berri (8ème arr.). Il ne tarde pas à le convertir en cabaret, le Caf’Conc’. L’agent de Coluche remarque un artiste pour la première partie de l’humoriste. Il s’agit de Renaud ! Le jeune homme officie avec deux amis dans le groupe Les trois p’tits Loulous. Ne vous fiez pas à leur nom… ils sont présentés au public comme des anciens taulards ! Vêtu d’une casquette, gilet noir et pantalon à carreaux; Renaud interprète des classiques de la chanson française. Le jeune homme ne tardera pas à imposer son propre répertoire comme La java sans joie, Le gringalet et Gueule d’Aminche.

Le succès est au rendez-vous ! Quand le guitariste passe le chapeau, billets et pièces de monnaie se ramassent à la pelle. Mais voilà, Les trois p’tits Loulous sont engagés pour seulement trois mois ! Le compère de Renaud, Michel Pons, doit accomplir son service militaire. Le futur Mister Renard est alors convaincu par Paul Lederman : il poursuit seul l’aventure ! Parmi ses nouvelles compositions, Amoureux de Paname est un titre provocateur dans lequel il exprime son amour pour Paris… tout en égratignant la vague écologiste, formée de bobos avant l’heure ! Ce morceau donnera son nom au premier album de l’artiste en 1975. Dans cet opus se trouve Hexagone, diatribe géniale contre les institutions françaises et premier grand succès de Renaud. Si Paul Lederman pense tout de suite à faire enregistrer son protégé, l’écorché préfère prendre du plaisir sur scène. Il ne faudra que quelques mois pour faire entendre raison à l’artiste rebelle ! Grâce au triomphe de Coluche et à la consécration de Renaud, le Caf’Conc’ ne désemplit pas. Durant les trois mois de contrat des Trois p’tits Loulous, l’endroit attire le Tout-Paris. Malgré son succès, le chanteur à la mobylette habite toujours sa piaule de la rue Pascal (5ème arr.).

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Renaud a travaillé une demi-heure comme vendeur à la Samaritaine !

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Avant de vivre de ses chansons, Renaud a enchaîné les petits boulots. S’il a gardé son boulot de libraire durant deux ans, on ne peut pas en dire autant de celui de vendeur de bidets à la Samaritaine… Il n’a duré qu’une demi-heure !

A la rentrée 1973, Renaud a 21 ans et ne possède pas de perspectives professionnelles bien précises. Il se résout à enchaîner de nouveau les petits boulots pour simplement survivre. Il devient tour à tour coursier, vendeur dans une boutique de vêtements où, muet comme une carpe, il ne lance que quelques « Ouais ! » laconiques à des clients essayant des jeans ! Il a également été représentant de la revue littéraire l’Energumène… Un jour, il se fait même embaucher à la Samaritaine, le grand magasin parisien aujourd’hui classé Monument historique. Affublé d’une blouse grise, il exerce ses talents au rayon « bidets ».

Sa carrière de vendeur de bidets ne dure pas longtemps… On pourrait même parler d’un record de brièveté ! Au bout d’une demi-heure de présence laborieuse, il demande l’autorisation à son patron d’aller fumer une cigarette. Il retire son habit terne qui lui donne le blues et s’éloigne de la Samaritaine. Il n’y reviendra plus. Il commence alors à chanter pour gagner sa vie. D’abord en faisant la manche, en attendant la réussite.

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Renaud fait la manche devant le Café de la Gare !

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Au début des années 70, Renaud occupe ses journées à faire la manche dans les rues de Paris. Jusqu’au jour où il a une idée brillante : armé de sa guitare, il se pointe devant le 41 rue du Temple. Là, au Café de la Gare, il divertit les spectateurs qui attendent d’entrer dans la salle ! 

Début des années 70. Renaud a abandonné toute idée de se trouver un boulot « ordinaire ». Il préfère passer ses journées à chanter dans les rues. Un jour, il a une idée lumineuse ! Alors qu’il a commencé à fréquenter la bande du Café de la Gare, il décide d’amener sa guitare devant la salle pour divertir les spectateurs qui font la queue. Un très bon moyen d’avoir l’attention de quelques dizaines de personnes ! Le Café de la Gare est une étape importante dans le parcours professionnel et intime de Renaud. Il peut bénir ce jour de 1970 où il demande une cigarette à un jeune comédien sur le port de Belle-Île, où il s’est rendu en stop. Ce jeune homme, c’est Patrick Dewaere. Le soir, ils se retrouvent autour d’une guitare et Renaud chante ses chansons. Patrick est conquis : il propose au jeune chanteur de venir le voir à Paris, au Café de la Gare !

Renaud ne connaît pas le lieu, mais il va vite s’intégrer en remplaçant Gérard Lanvin, parti en tournage. Au 41 rue du Temple, Renaud rencontre Dominique Lanvin, la femme de l’acteur déserteur. Très vite, elle tombe dans ses bras. C’est également ici que Renaud rencontre Coluche, qui sera bientôt le parrain de Lolita, la fille qu’il a eu avec Dominique. C’est donc là qu’il trouve sa deuxième famille ! Côté professionnel, c’est aussi ici qu’il est remarqué par le producteur Paul Lederman, qui l’encourage, mais aussi par Jacqueline Herrenschmidt et François Bernheim, qui vont produire son premier 33 tours : Amoureux de Paname !

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Renaud chante, fait la plonge et le barman à la Pizza du Marais !

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Dans les années 1970, les cafés-théâtres fleurissent à Paris. La Pizza du Marais, aujourd’hui Théâtre des Blancs Manteaux, a eu son heure de gloire à cette époque. Renaud a fait partie des artistes qui ont animé sa petite scène. 

Si vous entendez parler de la « Zappi », traduisez par La Pizza du Marais. Ce café-théâtre, qui n’existe plus aujourd’hui sous ce nom, a vu défiler de nombreuses célébrités avant leur heure de gloire. En avril 1975, Renaud Amoureux de Paname, son premier album. Si ce premier disque ne rencontre qu’un succès mineur, il lui ouvre la première porte du milieu artistique, en juin 1975. En effet, après avoir entendu l’une de ses chansons à la radio, Lucien Gibarra décide de l’accueillir pour trois semaines à La Pizza du Marais. Renaud connaît bien le lieu, puisqu’il y est, à l’occasion, plongeur et barman ! Seul sur scène, en proie à un trac qui lui fait parfois oublier ses textes, il donne ses premiers « vrais » concerts. Là, il sympathise avec Bernard Lavilliers, programmé à 22 heures, tout juste après lui. En plus de hisser Renaud au rang de star du lieu, Lucien Gibarra l’aide à trouver son identité scénique en lui conseillant de troquer sa casquette et ses pantalons à carreaux de titi parisien contre un perfecto, un jean et des santiags.

La Pizza du Marais fait office, à l’époque, de pépinière de talents. S’y produisent alors, en plus de Renaud et de Bernard Lavilliers, Jacques Higelin, Marie-Paule Belle, Font et Val et Jacques Villeret. Et si le vin n’est pas délectable, l’hôte des lieux exerce son métier avec un tel amour de l’art qu’il parvient à attirer dans sa cave conviviale des spectateurs déjà renommés. On peut alors apercevoir Guy Bedos, Georges Moustaki, Claude Nougaro, Leny Escudero et Romain Bouteille qui viennent y boire et discuter en toute simplicité. Aujourd’hui se trouve à cet endroit le Théâtre des Blancs Manteaux, qui a également vu défiler son lot d’artistes, à l’image de Michèle Laroque ou Jean-Luc Lemoine.

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Au rendez-vous des amis : le QG de Renaud !

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Le bistrot Au rendez-vous des amis a été la cantine parisienne du chanteur Renaud. Quand il ne mangeait pas, il buvait des cafés et fumait des cigarettes… pour cause de gueule de bois ! Ce n’est donc pas un hasard s’il immortalise les lieux dans les paroles de sa chanson… Pochtron

Parmi la clientèle du bistrot parisien Au Rendez-vous des Amis se côtoient étudiants fauchés, touristes égarés mais aussi le chanteur Renaud. En ce milieu des années 1970, le chanteur a fait du 10 rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie (4ème arr.) sa cantine personnelle. Il vient se restaurer aux frais de la princesse, la propriétaire Madame David. « Il avait l’air plutôt timide, se souvient la patronne. Il était calme et discret. Il buvait des cafés et du Vichy quand il avait la gueule de bois. Il ne me parlait pas de son travail. Il s’asseyait dans un coin et écrivait des paroles de chansons. C’est seulement à partir de son deuxième disque qu’il m’a invitée au restaurant et qu’il m’a fait écouter la bande. » Pour l’artiste, l’adresse est un café-restaurant situé à un endroit stratégique. À 150 mètres de La Pizza du Marais (Théâtre des Blancs-Manteaux) où Renaud chante chaque soir, le bistrot se trouve surtout en face de La Veuve Pichard, le futur Point Virgule. Ici se produisent une pléiade de jeunes acteurs prometteurs tels que Martin Lamotte ou Gérard Lanvin… C’est à cette époque que ce dernier est pressenti pour jouer dans Le secret de Zonga réalisé par le premier.

Toutefois, Gérard Lanvin se désiste au dernier moment pour partir sur le tournage de la comédie de Coluche, Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine. Il laisse ainsi sa femme Dominique… sans partenaire à l’affiche. Au Rendez-vous des Amis, Renaud a déjà succombé au charme de l’actrice talentueuse et intelligente. Le chanteur partage la scène avec la jeune femme ! Il remplace ainsi le beau brun à la scène… puis à la ville ! Les deux tourtereaux s’installent ensuite chez Dominique, dans un petit studio situé dans la même rue. Dépité, l’acteur trompé doit se réfugier chez Coluche. En bon joueur le comédien délaissé débarque un soir dans l’antre de Madame David. Accoudé au comptoir, Renaud boit une bière et fume « une bonne vieille gauldo ». Il regarde son rival dans les yeux et lui dit : « Tu as intérêt à bien t’occuper de Dominique et à la rendre heureuse, sinon c’est à moi que tu auras affaire ! »

Située en plein cœur de Montmartre, dans une rue pavée aux allures villageoises, Au Rendez-vous des amis était l’une des rares adresses authentiques de la butte. Aujourd’hui la gérante au grand cœur, Madame David, a pris sa retraite. Hélas, les lieux ne sont plus fréquentés par des saltimbanques. Il compte désormais parmi les restaurants branchés du Marais. Renaud a couché ses souvenirs en musique où « Hier Au Rendez-vous des amis (…) Putain d’mufflée que j’me suis pris, Lamentable… » (Pochtron).

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L’origine d’« Hexagone » et des convictions de Renaud

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Hexagone demeure l’un des grands succès du chanteur Renaud. L’oeuvre renvoie à la première manifestation de Renaud… âgé de 10 ans ! Il accompagnait alors ses parents. En ce 8 février 1962, la répression policière a été meurtrière. Ce jour d’hiver allait marquer à jamais l’artiste français.

Dans Hexagone, son premier gros succès, Renaud évoque une affaire de violence policière bien connue. Le 8 février 1962, lors de manifestations contre la guerre d’Algérie, les policiers chargent les militants. L’assaut est si dangereux que certains essayent de se réfugier dans la bouche de métro Charonne (11ème arr.). Huit personnes meurent. Certaines étouffées par le gaz et la foule, d’autres par les coups de matraque des forces de l’ordre. Une neuvième victime succombera de ses blessures à l’hôpital. Cette répression a marqué à jamais la conscience de Renaud. Âgé d’à peine dix ans, il accompagnait ses parents durant les heurts. La peur et l’indignation générale des gens alentours demeureront gravées dans sa mémoire. Cet événement historique lui a ainsi insufflé la conscience politique qu’il exprimera dans son œuvre. « C’est pour ça, confie-t-il, que quand j’ai commencé à écrire mes premières chansons, j’ai parlé d’événements, de conflits sociaux, de politique internationale, de lutte de classes… »

Cette répression policière intervient durant un contexte historique particulièrement explosif. Les dirigeants français négocient, en coulisse, la possibilité d’accorder l’indépendance à l’Algérie. Seule l’Organisation Armée Secrète (OAS) rejette cette issue. La gauche mobilise donc ses rangs pour manifester ce 8 février 1962 contre la position de l’OAS et sur le conflit en lui-même. C’est alors Maurice Papon, en tant préfet, qui donne l’ordre de réprimer les manifestants.

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Renaud s’investit dans le jardin de ce collège

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Quelques semaines avant la sortie de son album Toujours debout, Renaud fait preuve d’un altruisme qu’on lui connaissait déjà. Le don qu’il fait au collège Henri-Matisse pour la construction d’un jardin sur le toit s’accompagne d’une rencontre avec les élèves. 

Renaud n’a pas fini de manifester son altruisme ! En février 2016, l’agent du chanteur a contacté le collège Henri-Matisse à propos d’un projet de jardin sur le toit. L’interprète de Mistral Gagnant veut faire un don à l’établissement. Au-delà du simple geste financier, l’artiste est venu sur place pour discuter avec les dirigeants du projet. Plus tard, il a également rencontré les élèves, qui pour la plupart ne le connaissaient pas vraiment. Les plus âgés ont 14 ans et n’ont pas réellement connu le chanteur, dont le dernier album « Molly Malone – Balade irlandaise » est sorti en 2009.

Le collège Henri-Matisse est un petit établissement du 20ème arr. de Paris. Construit en 1911 en tant qu’école de garçons, il devient collège dans les années 60. Il faut attendre les années 70 pour que les filles soient acceptées dans l’établissement. Alors qu’on ne comptait au départ qu’un seul bâtiment, le lieu n’a cessé de s’améliorer et de s’agrandir. Le projet de jardin sur le toit, dont s’occuperont les élèves, va dans le sens d’une continuelle amélioration.

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Renaud inaugure le Zénith de Paris, la salle dédiée au rock !

En 1984, Renaud est choisi par François Mitterrand pour inaugurer le tout nouveau Zénith de la Villette. L’artiste sort alors les grands moyens pour être à la hauteur d’une salle destinée à mettre en avant la musique rock.

Pour remplacer le Pavillon de Paris, Jack Lang imagine un lieu destiné au rock. Ce sera le Zénith de la Villette ! Si la salle a été inaugurée le 12 janvier 1984 par François Mitterrand en présence de Charles Trenet et Jacques Higelin, c’est Renaud qui inaugure la salle avec une série de dates, du 17 janvier au 5 février. Ces concerts dans cette salle immense, Renaud les a préparés comme il se doit : le budget prévu pour les musiciens, les éclairages et les décors a surpassé tout ce qu’il avait fait avant. Même si, de son propre aveu, il ne « peux pas rivaliser avec les shows à l’américaine, ni avec Johnny » (LCI) !

Depuis 1984, le Zénith de la Villette a reçu de nombreuses stars, y compris internationales : The Cure, Evanescence, Selena Gomez, Lady Gaga ou encore Nicki Minaj. Comme la Tour Eiffel, le Zénith de la Villette était destiné à être démonté après trois ans de loyaux services. Aujourd’hui, elle accueille encore de nombreux artistes, remplissant ainsi le rôle que Jack Lang lui avait assigné dans les années 80. Renaud lui-même y reviendra à plusieurs reprises. Loin de se cantonner à la musique, la salle a même servi de lieu de tournage au film Ronin (1998), avec Jean Reno et Robert de Niro !

 

Source : ClippCity