Depardieu et Renaud secouent les nouilles

Charlie Hebdo

N° 20, 10 novembre 1992

Renaud : Bille en tête

Germinal râpe le gruyère

Dans ma famille, quand j’étais môme, comme on en mangeait souvent, on appelait des « nouilles » tout ce qui était pâtes : spaghettis, macaronis, coquillettes, nouilles ou celles en forme de nœud papillon qu’on n’a jamais su comment ça s’appelait. Aujourd’hui j’en mange un peu moins souvent. J’en mange que le soir. Pis le dimanche par exemple, des fois j’aime bien la purée. Ma femme, elle, elle préfère les légumes. Des fois elle en épluche plein pour me faire une bonne vieille soupe parce que c’est plein de vitamines et que ça fait du bien. Moi j’aime pas trop les vitamines. Pis sa soupe, une fois que tous ses légumes ont bouilli, ça a plus que l’goût d’soupe, et plus celui des bons gros légumes aux couleurs chatoyantes qu’elle achète. C’est beau, des légumes. Mais comme je dis toujours : « légumes bouillus, légumes foutus ». Alors que des nouilles bouillues, même trop, ça gonfle, ça double de volume et, du coup, même quand t’en prends moins t’en manges plus. Moi, de toute façon, j’en prends toujours plus. Même pour trois j’en fais cuire pour huit. Comme ça, le lendemain, faut les finir, je dis à ma femme que j’aime pas gaspiller ou jeter les restes et le plat me fait trois jours. Plus c’est réchauffé plus c’est bon. Je fais réchauffer à la poêle pour que le dessous gratine et croustille, je rajoute plein de beurre et de gruyère râpé, et même, souvent, je casse deux ou trois œufs dedans pis j’mélange. C’est bon, tu meurs ! Surtout quand j’arrose tout ça de mayonnaise en tube. Mais ça j’oblige personne. Là-dessus je m’enfile quatre verres de Fanta orange, deux ou trois Velouté Danone aux fruits exotique et une banane ou deux. C’est Paul Bocuse, mon pote ! Excusez-moi, mais le mec qu’a inventé les nouilles, c’était pas la moitié d’un con.

En ce moment, comme je suis six jours sur sept à Valenciennes sans ma famille, je bouffe comme je veux. Comme j’en ai marre des restos où y’a une carte de douze pages et même pas des nouilles, je mange à la maison. J’ai fait des stocks. Toutes les sortes, toutes les marques. Exclusivement celles avec un minimum de six œufs frais au kilo. Lustucru par exemple. Ou Buitoni… Panzani, pas mal… Mais les meilleures y’à pas à chier, c’est les Barilla. Y disent même pas combien y’a d’œufs frais au kilo dedans mais ça doit être énorme ! Les Barilla, c’est la Rolls des nouilles.

Voilà. Je vois pas pourquoi chez Charlie Hebdo on chierait forcément sur tout. On peut être un homme, on n’en reste pas moins consommateur ou tout simplement amoureux des bonnes choses. Même si les choses ont une marque.

Pis c’est une marque qui fait pas de bruit. On peut pas dire que Barilla fasse autant de pub que c’est bon. Bientôt y vont en passer une super. Tournée par Ridley Scott avec mon nouveau meilleur ami Gérard Depardieu. Lui, sur le tournage, y mange surtout du museau, des pieds de porc, du boudin, des entrecôtes un peu toute la journée, mais les nouilles il aime bien quand même… Il a juste un peu de mal à comprendre qu’on puisse bouffer que ça.

Je bouffe pas que des nouilles, mon Titi. Des fois j’me fais aussi des pâtes.

Voilà, c’était ma chronique « Comment offrir une caisse de Spaghettini Barilla » par le plus grand acteur du monde !

  

Sources : Chroniques de Renaud parues dans Charlie Hebdo (et celles qu’on a oubliées) et le HLM des Fans de Renaud