Benjamin Cormier (Texte), Pierre Volot (Photos) | Publié le 05/11/2016
Devant un public de 5 000 personnes chauffées à blanc, Renaud a offert au Kursaal deux heures de concert, vendredi. Physiquement diminué mais tenant bon la barre, il a balayé son vaste répertoire, de « Mistral gagnant » aux titres de son dernier album. Dans la salle, c’était l’euphorie.
Quand un vieux pote refait surface, c’est le double effet Kiss Cool®. On est tiraillé entre le bonheur de revoir sa trombine et le sentiment (parfois un peu coupable) de constater à quel point lui aussi a pris un sacré coup de vieux !
« Y’a pas que des vieux, j’espère ? Y’a au moins des étudiants ? »
Parmi les 5 000 personnes réunies au Kursaal vendredi, certains ont dû éprouver cette sensation, mi-gêne, mi-exaltation face à Renaud, « l’Apache », revenu après dix ans d’errance dans les plaines de la grande dépression. Mais lorsqu’il s’est avancé sur la scène, démarche de grand-père mais mèche toujours rebelle et cuir sur le dos, la foule n’a plus hésité. Elle s’est embrasée au son puissant de Toujours debout (toujours vivant), le nouvel hymne du chanteur reparti sur les routes.
Un son puissant et solide, donc, et ce n’est pas un détail. Le groupe qui accompagne Renaud sur scène est bien plus qu’une béquille pour son timbre rocailleux, objectivement à mille lieues des octaves sur lesquelles il se baladait lorsqu’il était Amoureux de Paname (1975). Les six musicos envoient du lourd, comme disent les jeunes !
Renaud, d’ailleurs, les cherche dans la salle : « Y’a pas que des vieux, j’espère ? Y’a au moins des étudiants ? » Blagueur, lucide sur sa condition d’humain abîmé, Renaud déroule son immense répertoire au pas de charge. « Vous n’allez pas y couper, je vais vous chanter mes dernières chansons, lance-t-il entre Marche à l’ombre et le Déserteur. Mais trois ou quatre, et pas d’affilée ! » Parmi ces dernières, Les Mots (sa préférée), est déjà reprise en chœur par le public dunkerquois, conquis. Durant deux heures et quart, la bande-son des années 80 s’égrène (Dans mon HLM, Manu, Morgane de toi, etc.), prolongée par quelques tubes plus récents (Manhattan-Kaboul).
« Moi aussi je vous aime »
Renaud enchaîne ses « petites chansons », de Mistral gagnant à Germaine en passant par Dès que le vent soufflera et répond aux « On t’aime ! » qui sifflent comme des balles dans le Kursaal comble : « Je vous aime aussi. »
La grande séquence nostalgie s’achève sur un rappel en forme d’un pot-pourri (Pierrot, Hexagone, It is not because you are). Tel un Leonard Cohen dont la voix crépusculaire glisse un peu plus vers les abîmes à chaque nouvel album, le troubadour Renaud parvient toujours à embarquer ses fans, même sans la voix des débuts. Vachement balèze !
Renaud chantera à Douai le 10 novembre.
Sous les bandanas rouges Dans le public, très quadra-quinqua, on a vraiment apprécié le concert. « Il a assuré !, confiait Maryse, Dunkerquoise. Sa voix est fatiguée, mais ses mélodies et ses textes sont éternels. »
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Source : La Voix du Nord