Élodie Frégé fête les 70 ans du chanteur sur France 2: «Renaud a toujours été là, parmi nous, en voiture ou lors des repas du dimanche»

Le Figaro

Par Isabelle Mermin | Mis à jour le 10/05/2022 à 17:40 / Publié le 10/05/2022 à 08:00

Élodie Frégé chante «It is not Because You Are» dans «Joyeux anniversaire Renaud» , mardi 10 mai sur France 2. Cyril MOREAU / Bestimage pour FTV

ENTRETIEN – Après avoir été témoin dans «Un flirt et une danse», Élodie Frégé participe à «Joyeux anniversaire Renaud», prime time de qualité qui fête en chansons les 70 ans du rebelle au cœur tendre, mardi 10 mai sur France 2.

Renaud sort un nouvel album Métèque, dans lequel il reprend les plus belles chansons de paroliers poètes, notamment Le Métèque, de Georges Moustaki et Si tu me payes un verre, écrite par Bernard Dimey et chanté par Serge Reggiani. Accompagné de sa fille Lolita Séchan, la veille de ses 70 ans, il s’est entouré d’artistes: Axelle Red, Jean-Louis Aubert, Patrick Bruel, Renan Luce, Zaz, Bénabar, Vincent Delerm, Calogero… et Élodie Frégé.

TV MAGAZINE. – Élodie Frégé, remontons le temps… Quel est votre plus ancien souvenir de Renaud?

Élodie FRÉGÉ. – Mes parents mélomanes partageaient ses idées et d’une certaine manière son style de vie. Mon père jouait du Brassens à la guitare et je pense que Renaud est un enfant de Brassens, un chanteur poétique et engagé comme lui, un très grand parolier. Manu me touche particulièrement pour cette raison. À la maison nous avions de nombreux vinyles. Je me souviens de cette pochette sur laquelle Renaud tenait dans ses bras sa fille Lolita. Il me semblait être le plus génial des pères. J’aimais son style, son grain de voix, son accent et grâce à lui je pouvais dire «Casse toi tu pues et marche à l’ombre!» (Marche à l’ombre). C’est quand qu’on va où? est la première chanson dont je me souviens, avant même Mistral gagnant qui parle à tous. En un clin d’œil, Renaud est reconnaissable, comme un personnage de bande dessinée et il a conservé ce lien fort à l’enfance. Son môme intérieur est debout, droit dans ses bottes, ce qui lui permet de poser un regard sans amertume et tendre sur l’être humain. Renaud a toujours été là, parmi nous, dans la voiture (quand nous partions dans les Landes), lors des repas du dimanche…

Laquelle de ses chansons vous accroche le cœur?

Il pleut, celle que j’ai chantée dans l’album La Bande à Renaud, une chanson écrite pour Lolita, sa fille, en âge de partir, de sortir. Il tente de la retenir, il lui parle comme à une amoureuse, c’est magnifique. C’est une chanson que j’aimerais chanter à mon enfant si un jour j’en ai un, par miracle ou par hasard! Je ne me sens pas obligée d’en avoir, étant moi-même encore tellement dans l’enfance, mais on s’amuserait bien ensemble…

« J’aimerais chanter “Il pleut” à mon enfant, si par miracle ou par hasard j’en ai un, mais je ne me sens pas obligée… »

Élodie Frégé

Comme Chanson pour Pierrot où Renaud, sapé comme un loubard, évoque son désir d’être père, assumant sa part de tendresse féminine, comme plus tard dans En cloque?

Oui, d’ailleurs on rêve tous d’être un autre et pourquoi pas un homme pour voir ce que l’on ressent, mieux comprendre, le temps d’une chanson ou d’une comédie…

Dans «Joyeux anniversaire Renaud», mardi 10 mai sur France 2, vous interprétez It is not Because You Are, une chanson en franglais dans laquelle Renaud se moquait de son accent en prenant délibérément celui de Belleville, pourquoi ce choix et pourquoi l’interpréter à l’envers, comme une Anglaise glissant quelques mots de Français?

Je suis heureuse que vous l’ayez remarqué! Je revenais d’une tournée en Grande-Bretagne, j’ai souhaité me réapproprier la chanson de cette façon en proposant une version sensuelle qui joue sur le charme, l’espièglerie avec un côté jazzy et langoureux. J’avais également proposé Mort les enfants et C’est quand qu’on va où? Finalement c’est une chanson rigolote qui a été retenue. C’était très émouvant de retrouver Renaud sur un plateau. Un halo lumineux l’éclairait pendant que je chantais, le faisant ressortir de la foule des spectateurs plongée dans la pénombre, c’était très perturbant et cela m’a mis une pression supplémentaire!

« Avec Renaud, nous avons beaucoup à partager, l’amour des mots, la poésie, l’humour, la guitare aussi »

Élodie Frégé

Vous avez été choisie par Renaud pour figurer dans l’album La bande à Renaud, quand l’avez-vous rencontré pour la première fois?

Justement pour cet album, dans le quartier Montparnasse, à la Closerie des Lilas, son fief, son point de chute à Paris. J’étais touchée et surprise qu’il connaisse mes chansons. Quand on se rencontre, il me dit «Ah, t’es belle!». J’en rougis, nous sommes deux grands émotifs, deux êtres sensibles. J’ai eu l’honneur de chanter Mistral gagnant en duo avec lui et je me souviens d’une émission au cours de laquelle il me tend une guitare et me demande de jouer les premiers couplets d’Il pleut, quelle émotion! J’ai également eu la chance de converser avec lui durant une heure pour RFM. Nous avons beaucoup à partager, l’amour des mots et de la poésie, une dose d’humour, la guitare aussi. Dans son prochain album Métèque, Renaud a choisi de rendre hommage aux grands poètes paroliers, notamment avec la chanson Si tu me payes un verre, écrite par Bernard Dimey pour Serge Reggiani, qu’il interprète au cours de la soirée d’anniversaire sur France 2.

Tout comme Renaud, vous avez franchi une décennie, est-ce un cap ou un anniversaire comme un autre?

J’ai eu 40 ans le 15 février dernier, Renaud aura 70 ans le 11 mai, le temps passe bien mieux aujourd’hui qu’à vingt ans en ce qui me concerne. Une femme est jeune à 40 ans mais il reste toujours quelque chose coincé dans l’inconscient collectif! On me donne parfois l’impression que je vais tomber de l’arbre et pourrir au sol! Je pense que l’on se connaît mieux à 40 ans, que l’on va plus facilement vers ce qui nous correspond.

Avec André Manoukian, vous vous êtes coulée dans les rythmes de bossa-nova, appropriée les «torch songs» langoureuses, un nouveau style que nous allons retrouver dans votre prochain album?

Ce cinquième album que je produis sera davantage dans la confidence et l’introspection, j’y apprivoise l’être que je suis. Depuis que je me suis séparée d’Universal à l’amiable, je décide de tout. Je souhaite offrir quelque chose qui se rapproche de ce que j’écoute moi-même: Lana Del Rey, des musiques de films hollywoodiennes, Ennio Morricone, Gainsbourg et Françoise Hardy et quelques adaptations en anglais grâce à ma collaboration avec le groupe Nouvelle Vague. La question de Françoise Hardy est une source inépuisable d’inspiration, un album réalisé avec une arrangeuse brésilienne, d’où ce rythme de bossa-nova. Je travaille avec Samy Osta, un producteur très intelligent, très subtil, qui comprend mon langage et mes mots. Son groupe Juniore est très connu dans le monde anglo-saxon. Le thème de la rencontre entre deux êtres m’inspire, rencontre amoureuse avec ses tempêtes ou amicale. Je sors avec Epsilon, un duo pour l’été, Whatever, une chanson fraîche et fleurie (interprétée lors de la soirée de soutien AIDES) et une autre chanson pour la rentrée. En attendant j’ai trouvé un bord de mer solitaire pour pouvoir finir l’album sans me disperser, m’éloigner de Paris, une ville trop énergivore.

« J’ai tourné L’homme de nos vies, une série pour M6 avec Jonathan Zaccaï, Odile Vuillemin, Flore Bonaventura et Helena Noguerra »

Elodie Frégé

Allons-nous vous revoir en comédienne?

Je rêve de reprendre la pièce Norma Jeane Monroe, interrompue par la période de covid et j’ai tourné pour M6 la série L’homme de nos vies, avec Jonathan Zaccaï, Odile Vuillemin, Flore Bonaventura et Helena Noguerra. Une histoire où un homme ambitieux, aux dents longues, se sert des femmes…

Regrettez-vous l’insuccès de «Un flirt & une danse», divertissement où vous jouiez les témoins d’une rencontre le temps d’une danse?

Je n’ai pas suivi les audiences de «Un flirt & une danse» mais j’aime beaucoup Faustine Bollaert qui est ultra-humaine, pétillante, professionnelle et très drôle. Ce concept m’a séduit et émue car il est question d’un choc d’une rencontre au cours d’une danse qui plus est, une discipline que j’aime.

Pourquoi êtes-vous devenue rousse?

Le temps d’un clip, «Comment t’appelles-tu ce matin?», j’ai été décoloré en blonde platine à la Marilyn Monroe. Le coloriste ne pensant pas pouvoir retrouver ensuite ma teinte naturelle, qui est châtain cendré, soit dit en passant, m’a proposé le roux. En fait je me sens rousse, j’ai toujours eu l’impression d’être rousse moi qui suis criblée de tâches de rousseurs. J’ai une personnalité enflammée, une énergie débordante. J’en profite pour rendre hommage à Régine, rousse flamboyante de la nuit que j’ai été aussi dans un club qui s’appelait d’ailleurs Le Régine!

  

Source : Le Figaro