Éloi Machoro, Otelo Saraiva de Carvalho et Nelson Mandela

Dans sa chanson Triviale poursuite, Renaud pose plusieurs questions, dont certaines ayant trait à des personnalités militaires et politiques  :

Question d’géographie :
Où est la Kanaky ?
Combien de flics, de soldats
Pour tenir Nouméa.
Pour flinguer Eloi ?

Vingt ans pour Otelo,
Autant pour Mandela
Et combien de hors-la-loi
Chez ces p’tits juges en bois
Dont on fait les salauds ?

Éloi Machoro est né dans la tribu de Nakéty située entre les villages de Canala et Thio (Nouvelle-Calédonie) en 1945. Il est mort le 12 janvier 1985 près de La Foa . Il était un homme politique français, indépendantiste kanak de l’Union calédonienne (UC) un des partis politiques composants le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) en Nouvelle-Calédonie.

Le 18 novembre 1984, à la suite de la formation du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) en remplacement du Front indépendantiste et à l’appel au boycott des institutions et des élections par Jean-Marie Tjibaou, il fracasse une urne d’un coup de hache dans la mairie de Canala et dénonce ainsi le système électoral qui selon lui avantagerait les anti-indépendantistes. Le 1er décembre 1984, Jean-Marie Tjibaou forme un gouvernement provisoire de la République socialiste de Kanaky, et Éloi Machoro en devient le ministre de la Sécurité.

Le 11 janvier 1985, Yves Tual, fils d’un éleveur européen, est tué et des Mélanésiens sont accusés. Cet événement déclenche à Nouméa une émeute nocturne. Le lendemain, le 12 janvier, la gendarmerie déclenche une opération pour libérer la maison d’un Européen occupé par des militants indépendantistes emmenés par Éloi Machoro près de La Foa. La gendarmerie finira par donner l’assaut après plusieurs sommations. Éloi Machoro et un autre Kanak, Marcel Nonnaro, sont tués en dehors de la maison par deux tireurs du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN), notamment par un tir de précision au fusil FR-F1 du capitaine Jean-Pierre Picon, venus de France pour cela et immédiatement exfiltrés. 

Voici un court reportage datant de janvier 1985 sur la vie et les derniers jours d’Éloi Machoro :

 

Otelo Nuno Romão Saraiva de Carvalho est né le à Lourenço Marques (devenu Maputo) au Mozambique. Il est un ancien militaire portugais et un des stratèges de la révolution des Œillets. Il a fait son éducation secondaire à l’école d’État de Maputo. Il entra à l’Académie Militaire de Lisbonne à l’âge de dix-neuf ans. 

En 1973, il soutient le Mouvement des Capitaines. Il prend la tête du soulèvement militaire le 25 avril 1974. En juillet 1974, il est temporairement promu au grade de Général de Brigade et nommé Commandant de la région militaire de Lisbonne et chef du COPCON (Comando Operacional do Continente). En mai 1975, il est temporairement promu au grade de Général. Après le coup d’État du , il est démis de ses fonctions à sa propre demande. Deux mois plus tard, il est arrêté au motif d’abus de pouvoir, malgré ses responsabilités au COPCON. Il est alors libéré après avoir passé 40 jours en prison. En 1976, il se présente comme candidat à l’élection présidentielle. En octobre 1976 de nouveau arrêté. Après vingt jours de prison, il est libéré et ses droits civiques sont suspendus. En 1979, il est affecté dans l’armée de réserve.

En 1982, il est rappelé par l’Armée, puisque sa décharge avait été jugée politiquement motivée. En juin 1984, il est arrêté sous l’accusation de participation à une organisation terroriste (FP25, forces de ). Le , il est condamné à 15 ans de prison. Il est relâché en 1989, en liberté conditionnelle et en attente d’une décision définitive de la Cour suprême. Il est amnistié en 1996.

Voici un reportage d’Agence IM’média datant de novembre 1988 à propos d’une rencontre de plusieurs personnalités publiques tenue dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris le 8 novembre 1988. Renaud était présent pour manifester son soutien à Otelo de Carvalho :

Enfin, pour ceux qui comprennent le portugais, voici un reportage de plus d’une heure datant de 2014 avec Otelo Saraiva de Carvalho lui-même !

Nelson Rolihlahla Mandela, dont le nom du clan tribal est « Madiba », est né le  à Mvezo (province du Cap) et est mort le  à Johannesburg (Gauteng). Il était un homme d’État sud-africain ; il a été l’un des dirigeants historiques de la lutte contre le système politique institutionnel de ségrégation raciale (apartheid) avant de devenir président de la République d’Afrique du Sud de 1994 à 1999, à la suite des premières élections nationales non ségrégationnistes de l’histoire du pays.

Le , il est arrêté par la police sud-africaine sur indication de la CIA, puis est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia. Dès lors, il devient un symbole de la lutte pour l’égalité raciale et bénéficie d’un soutien international croissant. Après vingt-sept années d’emprisonnement dans des conditions souvent difficiles et après avoir refusé d’être libéré pour rester en cohérence avec ses convictions, Mandela est relâché le . S’inspirant alors de la pensée ubuntu dans laquelle il a été élevé, il soutient la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik de Klerk. En 1993, il reçoit avec ce dernier le prix Nobel de la paix pour avoir conjointement et pacifiquement mis fin au régime de l’apartheid et jeté les bases d’une nouvelle Afrique du Sud démocratique.

Après une transition difficile où de Klerk et lui évitent une guerre civile entre les partisans de l’apartheid, ceux de l’ANC et ceux de l’Inkhata à dominante zoulou, Nelson Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud en 1994. Il mène une politique de réconciliation nationale entre Noirs et Blancs ; il lutte contre les inégalités économiques, mais néglige le combat contre le sida, en pleine expansion en Afrique du Sud. Après un unique mandat, il se retire de la vie politique active, mais continue à soutenir publiquement le Congrès national africain tout en condamnant ses dérives.

Voici un reportage de Radio-Canada à la suite du décès de Nelson Mandela le 5 décembre 2013 :