En concert à Nantes, Renaud, leur frangin, leur copain, leur poto… et désormais voisin

Ouest-France

Véronique ESCOLANO.
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Le chanteur de 71 ans qui habite Trentemoult, à Rezé (Loire-Atlantique), depuis cet hiver, a donné son premier concert « en voisin » à la cité des congrès de Nantes, mercredi. Si force est de constater qu’il n’a plus de voix, il a, à l’unanimité et à l’unisson, toutes celles de ses fans.

Renaud, ovationné par son public de fans à la fin de son concert à la cité des congrès de Nantes, mercredi 17 mai. OUEST-FRANCE

Autour de la cité des congrès, un peu avant 20 h, mercredi 17 mai, on aurait pu croire à la préparation d’une féria de Bayonne. Ou à un rassemblement de petits louveteaux. Une myriade avec un bandana rouge autour du cou, ils allaient au concert de Renaud. Ça ne s’invente pas, le premier que nous avons salué, bandana au poignet, s’appelait Gérard, comme le fameux Lambert, accompagné de sa fille Stephy-Morgane.

Gérard, morgan de Renaud depuis toujours. « Renaud, ce sera un mythe, comme Johnny, mais lui, il écrit ses chansons. Il a fait bouger la génération 1980, en rentrant dans le lard avec les Coluche, Balavoine. J’ai aimé son côté politique, ses coups de gueule. Il en manque des chanteurs comme lui. Le bandana rouge, c’est Renaud, c’est la lutte », raconte celui qui, il y a peu, se battait bec et ongles pour la retraite à 62 ans, devant le centre d’incinération de la Praire de Mauves, à Nantes. « Pas de retraite pour Renaud, même à 71 ans, concède néanmoins Gérard. C’est un artiste. Il ne pourra jamais arrêter. »

Bandana autour cou, il y avait Anne-Claude, 60 ans, Charlotte, sa fille de 39 ans et Annette, sa mère de 86 ans. Le concert était son cadeau de Noël. « Je suis devenue fan par mes frères qui écoutaient, raconte Anne-Claude. Maman nous entendait et s’est mise à aimer. C’est une histoire de générations. »

Le bandana, Xavier l’a acheté à la fin du concert pour lui et pour son fils, Long Long, 7 ans. Renaud, il roule avec depuis ses 12 ans et sa tournée Putain de camion : « C’est très émouvant pour moi. Il a bercé mon adolescence et je suis venu le partager avec mon fils. Quand Long Long était petit, je lui chantais Mistral gagnant. »

« On ne vient pas pour sa voix ; on vient pour lui »

Ils étaient ainsi 2 000 à venir voir Renaud. Le voir plus que l’entendre. Car on ne saurait mentir, le chanteur aux 71 ans cabossés n’a plus de voix et il faut tendre l’oreille pour comprendre ce qu’il chante et dit, parfois inaudible. Durant le concert, lui-même « demande de l’indulgence pour [sa] voix un peu pourrie ». « On le savait aussi, dit Claudia, 60 ans. Mais on ne vient pas pour sa voix. On vient pour lui. Pour le personnage. Il nous a porté toute notre vie. »

Renaud, aux carrefours de leurs vies, possède un coffre à souvenirs qu’il n’a pas manqué d’ouvrir, avec des très anciennes et très emblématiques chansons : En cloque, Manu, Germaine, Mistral gagnant, La teigne… Même La mère à TitiRenaud, pas de voix, mais il a celles de ses fans. Qui reprennent à l’unisson ses paroles, hurlent des « Renaud, on t’aime ». « S’il avait des trous, je chantais pour lui ! dit, Christophe, paraplégique, « heureux à avoir envie de sauter de [son] fauteuil. Sur une note entre 1 et 10, je mets 40 ! »

Renaud, le copain, le frangin, le poto, toujours pardonné. Et un peu le voisin désormais. « Je suis venu en voisin. J’habite Trentemoult, à Rezé, et je suis content », dit le chanteur à la salle, ajoutant être venu s’installer avec « son amoureuse, Cerise, là, dans la salle, quelque part par-là ». Une proximité qui en ajoute à l’émotion de Xavier, le papa de Long Long. « Ça me fait quelque chose de le savoir venu s’installer près de nous ! »

Renaud sera de nouveau en concert avec sa tournée Dans mes cordes, le 21 octobre à la cité des congrès de Nantes.

  

Source : Ouest-France