N° 1342, du 22 au 28 juin 2002
T.S. : vous venez de tourner au Canada votre second film avec Depardieu (« Crime Spree »). Bilan ?
Renaud : C’était une belle expérience artistique et humaine. Neuf ans après « Germinal », retrouvez un Depardieu si affectueux et bout en train fut un vrai plaisir ! Je joue un banni taciturne qui dit trois phrase assassines. Finalement, je tire mon épingle du jeu. Mais je préfère mille fois la chanson au cinéma.
T.S. Pourtant c’était votre rêve de gosse ?
Renaud : Oui, à 10 ans, j’aimais faire rire et je me voyais déjà sous les projecteurs.
T. S: Travailler en équipe et avec rigueur, est-ce un moyen de retrouver le goût de vivre ?
Renaud : Si je ne travaille pas, je j’étiole et je me détruis. Si je travaille je m’épanouis.
T.S. Votre dernier album a été bien accueilli. Vous vous y livrez beaucoup… pour partager vos souffrance ?
Renaud : Pendant cinq ans, j’ai vécu renfermé sur moi-même, à ne regarder que mon nombril. J’ai vécu une période d’autodestruction alcoolique. Après une longue panne d’inspiration, ma plume m’a dicté des chansons plus personnelles. Je n’ai jamais autant parlé de moi et j’ai envie de partager mes émotions.
T. S Quand on a plus le goût à rien, à quoi se raccroche-t-on ?
Renaud : Aux copains, à l’amitié. Et puis ma femme m’a quittée mais on s’aime toujours. On a confiance l’un en l’autre. J’avais aussi l’amour de ma fille Lola (22 ans), même si je la déçois parfois.
T.S. Que fait-elle ?
Renaud : Je suis si fier ! Elle est grande, belle, enthousiaste, rebelle, sauvage… Elle fait une école de cinéma. Elle a le feu sacré. Elle était stagiaire sur le film que je viens de tourner au Canada. Elle commence au bas de l’échelle mais un jour elle sera une grande réalisatrice de films.
T.S. Vous qui trouvez l’inspiration dans les bistrots, pouvez-vous continuez à les fréquentez sans danger ?
Renaud : Je bois avec modération aujourd’hui; trois anisettes contre un litre par jour avant. Je m’en suis sorti. Et puis je ne suis pas un moine. Les bistrots c’est ma vie. On y rencontre des gens qui ne se livre nulle part ailleurs. On s’y abîme aussi. Mais je sais à présent que je peux y vivre en buvant du… château-La-Pompe !
T.S. De quoi ne pouvez-vous plus vous passer ?
Renaud : Des cigarettes, je m’en veux de fumer trois paquet par jour.
T.S. Vous avez fêté vos 50 ans. Vieillir vous fait peur ?
Renaud : J’ai flippé à 30 et 40 ans mais pas à 50. Je suis content d’être là. Je veux surtout arriver jusqu’à 90 ou même 100 ans. Plus le temps passe, plus je suis nostalgique de l’enfance. Quand on partait en famille avec mes six frères et sœurs, mes parents dans la 203 Peugeot pour les vacances dans les Cévennes… On descendait les rivières glacées, on vivait torse nu. La famille, les proches, ce sont mes amours essentielles.
T.S. Vous croyez encore à l’amour ?
Renaud : (…)
Source : Le HLM des fans de Renaud