Et si on chantait… l’école ?

NosEnchanteurs

Ajouté par Michel Kemper le 14 septembre 2018. 

Une thématique proposée par Ghislain
Debailleul,

Du début à la fin ou
l’embarras du choix

Les chansons qui ont pour thème l’école sont légion. Une recherche rapide sur la toile permet d’en rassembler plusieurs dizaines en quelques clics de souris. Après quelques heures il n’est pas impossible de dépasser la centaine de titres ! Ce uniquement en langue française et sans regarder du côté des chansons pour enfants. Bref l’école en chansons est un vaste sujet. A partir d’un choix d’environ 80 chansons (voir la liste en annexe), il est déjà possible d’opérer quelques regroupements et de dégager quelques sujets principaux d’inspiration. L’école occupe une place importante à chaque étape de la vie d’un être humain (« C’est toujours l’école » par les Compagnons de la Chanson). Il n’y est pas encore entré que le petit enfant et ses parents y pensent avec anxiété. Durant la scolarité chaque niveau d’enseignement a inspiré des textes, de l’école maternelle (« Les bêtises à l’école » d’Henri Dès), primaire (« Les matins d’hiver » de Gérard Lenorman), secondaire du réseau publique ou privé (« Les deux écoles » par Michel Sardou) jusqu’aux universités. A peine le parcours scolaire effectué et cela jusqu’à sa dernière heure, chacun pense à l’école le plus souvent avec nostalgie, avec joie mais aussi dans de très nombreux cas avec révolte ou colère.

De l’écolier à l’étudiant

Chaque élève a droit à sa chanson, de l’écolier (« Douce France » de Charles Trenet, « J’ai dix ans » d’Alain Souchon) à l’élève sortant d’une haute école ou de l’université (« Sur les pelouses de l’université » de Didier Barbelivien et « Je suis jeune et diplômée » de Zoé Avril) en passant par les lycéens (« Ma lycéenne » de Philippe Chatel, « Souvenirs de lycée » de Danièle Messia ou « De la craie dans l’encrier » de Catherine Lara). Même les cancres ont droit de cité dans les chansons (« Le cancre » de Leny Escudero).

De l’instituteur au professeur

De même, qu’il soit instituteur (« L’instituteur » de Jacques Serizier, « Le blues de l’instituteur » de Grand Corps Malade), maître d’école (« Monsieur le maître d’école » par Bourvil, « Le maître d’école » d’Alain Souchon, « La maîtresse d’école » de Georges Brassens par Jean Bertola), professeur (« Le professeur est un rêveur » de Bernard Sauvat, « Le vieux professeur » de Philippe Crab, « Il changeait la vie » de Jean-Jacques Goldman) ou encore surveillant (« Le surveillant général » par Michel Sardou), tous ont droit à une ou plusieurs chansons. Parmi les chanteurs connus, certains émanent même du corps enseignant comme Ricet Barrier, Enrico Macias (« L’instituteur » d’Enrico Macias) ou le chanteur Sting.

Du français à la gymnastique

L’école peut aussi être évoquée à travers les matières enseignées tel le français (« Alphabet 1 & 2 » de Pierre Barouh, « Alphabet » par Serge Reggiani, « Alphabet » par Caroline Yacoub, « Avoir et Être » d’Yves Duteil, « La réforme de l’orthographe » de Pierre Perret), les mathématiques (« Mathématiques » par Nana Mouskouri), l’arithmétique (« Page d’écriture » de Prévert et Kosma par Yves Montand) la gymnastique (« La leçon de gymnastique du professeur Dutronc » par Jacques Dutronc), les sciences naturelles (« Monsieur Ménard » par Michel Sardou), l’histoire (« Sacré Charlemagne » par France Gall), la musique (« Cahier de Solfège » de Bénabar , « Do Ré Mi » par Mathé Altéry) ou même le latin (« Rosa, rosarum, rosis, rosis » de Jacques Brel).

Des interrogations aux examens

Si Michel Sardou évoque au détour d’une chanson les épreuves du bac (« Le Bac G »), la chanson la plus étonnante a été écrite par Gilbert Laffaille qui, avec ses « Interrogations écrites », parvient de manière amusante et corrosive à évoquer tout à la fois les grèves, les problèmes des agriculteurs, la corruption, l’exploitation des chauffeurs de poids lourds, la pollution, les ventes d’armes et même la torture le tout sur un air sautillant joué au clavecin.

De la récréation aux vacances

Il est assez amusant de constater qu’une des chansons les plus populaires qui parle de l’école a pour titre « L’école est finie » par Sheila. Il existe de nombreux titres qui évoquent la récréation (« Dans la cour de l’école » de Georges Chelon), la fin de l’école (« Quand l’école est finie » de Jean-Michel Caradec, « En sortant de l’école » de Prévert et Kosma par Les Frères Jacques) ou les vacances (« Les jolies colonies de vacances » de Pierre Perret). Pour ceux et celles qui voudraient éviter d’aller à l’école comme Olivia Ruiz (« J’traine des pieds ») il suffit d’écouter la longue liste de conseils prodigués par Aldebert et ses condisciples (« Louper l’école »).

De l’éveil des sentiments amoureux

On le sait, l’amour est le sujet le plus souvent abordé en chansons. Pourquoi les chansons qui parlent de l’école feraient exception à cette règle générale ? Qu’elle ou il se prénomment Carole (« A l’école c’est Carole » par Noam), Nicole (« Je suis fou de l’école » de Richard Anthony), Madeleine (« Sur le chemin de la vie » de Gérard Lenorman), Anne (« Diabolo menthe » d’Yves Simon) ou Sébastien (« A l’école » par Dorothée), les premiers émois sont largement évoqués en chansons. Parfois c’est pour l’enseignant(e) que l’élève éprouve de tendres sentiments (« Ma maîtresse d’école » d’Eddy Mitchell). Mais l’amour éprouvé peut aussi conduire à vouloir quitter l’école (« Non papa » par Ginette Reno). A contrario et en pleine période yé-yé, Christine Lebail assurait que « Si les livres d’école parlaient d’amour » aucun élève ne sécherait la classe. Pourtant il arrive de brosser les cours afin de faire son éducation sexuelle (« La demoiselle de déshonneur » par Joe Dassin).

De la contestation à la révolte

Si l’école rappelle pour beaucoup de tendres souvenirs, il n’est pas rare de trouver des chansons pour dénoncer le système scolaire. Jean-Pierre Ferland tout comme Diam’s assurent que ce qu’ils savent, ils l’ont appris non pas à l’école mais à l’école de la vie (« Mes années d’école » et « La boulette »). Renaud remet en question avec subtilité la pertinence des matières enseignées (« C’est quand qu’on va où ? »). Michèle Bernard ne croit pas que l’école est adaptée aux enfants des gens du voyage (« Maria Szusanna »). Les Ogres de Barback ne veulent pas de l’intervention du politique dans les écoles (« Touche pas à mon école »). Christophe pointe avec grande véhémence les châtiments corporels (« Excusez-moi monsieur le professeur »). Michel Sardou quant à lui nous met en garde contre la prolifération des universités au détriment de la formation aux métiers manuels (« 100.000 universités »). Philippe Clay s’est vu taxé de réactionnaire quand il a chanté « Mes Universités » après les évènements de Mai 68. Gilles Servat dénonce avec force l’hypocrisie qui règne parfois dans l’enseignement catholique (« L’institutrice de Quimperlé »). Graeme Allwright évoque le formatage des individus et des consciences (« Petites boîtes » une adaptation française de « Little boxes » de la chanteuse folk et contestataire Malvina Reynolds) tout comme Gilbert Laffaille (« Education Nationale »). Graeme Allwright, encore lui, sous des dehors bien innocents, procède à une charge en règle contre l’école qui déforme la réalité pour faire accepter l’inacceptable (« Qu’as-tu appris à l’école ? »). La révolte peut couver à l’école et à l’orphelinat et conduire à y mettre le feu (« Les boutons dorés » de Jean-Jacques Debout).

Du départ à la mort

Si comme le dit si bien Beaumarchais « tout finit par des chansons », il est aussi exact de souligner que beaucoup de chansons parlent de la fin. Le départ à la retraite a inspiré plusieurs titres (« Au revoir monsieur le professeur » de Pierre Bachelet et le célèbre « Adieu monsieur le professeur » d’Hugues Aufray). Gilles Vigneault se souvient de son ancienne école (« La vieille école »). Le décès d’une institutrice âgée peut être abordé avec délicatesse (« Madame Sévilla » d’Yves Duteil) mais les sujets les plus graves peuvent aussi être abordés comme le suicide (« L’Institutrice » de Dick Annegarn et « L’institutriste » d’Henri
Tachan) voire même l’exécution d’un professeur par les militaires d’un régime totalitaire (« Le Maître d’Ecole » de Gilbert Laffaille).

Du désir de rester léger

Pour terminer sur une note plus légère et même franchement rigolote il faut remonter à 1936 et écouter Milton chanter « Le Lycée Papillon » ou plus près de nous Richard Gotainer avec son « Poil au tableau ». Mais oui, mais oui l’école est finie !

Catherine Lara « La craie dans l’encrier »

Gilles Servat « L’institutrice de Quimperlé »

Gilbert Laffaille « Le maître d’école »

Georgius « Le lycée Papillon »

Pete Seeger « Qu’as-tu appris à l’école aujourd’hui ? »

  

Source : NosEnchanteurs