Exposition Renaud : les 5 objets cultes à découvrir

Le Parisien

La rétrospective consacrée au chanteur à la Cité de la Musique à partir de ce vendredi abrite quelques trésors.

Renaud bénéficie d’une grande exposition à partir de ce vendredi dans le cadre prestigieux de la Philharmonie de Paris. LP/Jean-Baptiste Quentin

Par Eric Bureau

Le 16 octobre 2020 à 08h13

« Une expo de mon vivant, ou ce qu’il en reste, c’est franchement pas ordinaire. Un pote m’a dit que ça sentait le sapin, mais j’m’en tape un peu, j’aime cette odeur qui me rappelle les doux Noëls de mon enfance. » Qui mieux que Renaud pouvait introduire l’exposition qui commence ce vendredi et qui lui est dédiée jusqu’au 2 mai 2021 à Paris? Et qui mieux que le « chanteur énervant » pour la toute première rétrospective de la Cité de la Musique consacrée à un artiste en activité?

Cette « putain d’expo » — qui tire son titre de la chanson « Putain de camion » écrite en mémoire de Coluche — aurait mérité l’espace d’exposition le plus vaste de la Philharmonie tant il y a à dire et à montrer sur Renaud, 68 ans, sa vie, son œuvre. D’autant que la scénographie de son décorateur Gérard Lo Monaco est splendide. Mais ne boudons pas notre plaisir : il y a moult pépites et raretés parmi les 400 documents, objets et films présentés sur 3400 m2. Et la visite guidée est assurée par celui qui le connaît le mieux, David Séchan, son frère jumeau.

La lampe de mineur de «pépé»

Cette lampe de mineur plus que centenaire appartenait au grand-père de Renaud. LP/Jean-Baptiste Quentin

On ne peut pas comprendre Renaud sans connaître ses origines. « La dualité entre le social, la contestation, le PC, et l’intello, la culture, le protestantisme, c’est l’histoire de notre famille, explique David Séchan, en montrant les photos qui ouvrent l’exposition. Du côté maternel, il y a le Nord, notre grand-père mineur à 13 ans, Oscar Mériaux, notre mère ouvrière en usine, puis secrétaire. Du côté paternel, c’est Paris, la Sorbonne, un grand-père normalien et notre père Olivier Séchan, traducteur germaniste et écrivain, avec quelques prix à la clé. » Si Renaud a accepté la proposition de Claude Berri de jouer un mineur dans « Germinal », c’est en hommage à son grand-père. Cette lampe de mineur plus que centenaire appartenait à son « pépé ». Il la conserve précieusement chez lui.

Sa première guitare

L’exposition présente la première guitare de Renaud.LP/Jean-Baptiste Quentin

C’est avec elle que Renaud fait ses premiers pas, au début des années 1970. « Mai 1968 a été une seconde naissance pour lui, raconte son frère. On montait sur les barricades ensemble mais moi, je rentrais le soir chez nous, pas lui. Après 68, il a tout quitté, la maison, le lycée, pour se lancer. Il est d’ailleurs le seul de la famille à ne pas avoir le bac. » Avant de faire les premières parties de Coluche en 1975 au Caf Conc’, Renaud débute sur les trottoirs, les marchés, accompagné de son ami accordéoniste Michel Pons. Il reprend Bruant, Fréhel, tout en glissant ses premiers brûlots, dont « Hexagone », qui figure sur son premier album, « Amoureux de Paname », en 1975. « Malgré la puissance de cette chanson, l’album a été un fiasco, rappelle David Séchan. Ses textes étaient trop violents pour l’époque. »

«Morgane de toi» a failli s’appeler «Dans l’dos»

Le manuscrit de « Morgane de toi » originellement intitulé « Dans l’dos »./LP/Jean-Baptiste Quentin

L’exposition dévoile plusieurs manuscrits originaux, dont une traduction de la chanson « I Wanna Marry You » de Bruce Springsteen que Renaud voulait inclure dans un album de reprises en français du « Boss ». Mais après le succès planétaire de « Born In The USA » en 1984, il a abandonné l’idée. Autre manuscrit mémorable, le premier texte de « Morgane de toi » qui a pour titre… « Dans l’dos ». Parce que « dans l’dos » revient plusieurs fois dans le texte. « Mais « Morgane de toi », qui signifie « amoureux de toi » en manouche, collait mieux à cette chanson dédiée à sa fille Lolita, précise David Séchan. Toute la langue de Renaud est là! » A tel point que l’expression donnera son titre au 2e album le plus vendu de Renaud, en 1983, après « Boucan d’enfer ».

Tintin et le bandana rouge

« Nous l’avons prise telle quelle chez mon frère », détaille David Séchan à propos de cette statue de Tintin./LP/Jean-Baptiste Quentin

Cette statue de Tintin trône avec le fameux bandana rouge de Renaud autour du cou. « Nous l’avons prise telle quelle chez mon frère, sourit David Séchan. La BD est sa grande passion. Il a vendu une partie de sa collection, mais il en a eu des centaines, comme on pouvait le voir dans le livret de l’album « Marchand de cailloux », où elles recouvraient les murs de son salon. » D’où vient cette passion ? « Probablement de l’environnement littéraire familial, répond-il. Aujourd’hui, la BD le ramène à l’enfance, à ses copains de Charlie Hebdo. D’ailleurs, il a un joli coup de crayon. » Et d’où vient ce foulard ? On commence à le voir sur ses photos pour l’album « Marche à l’ombre », en 1980. La co-commissaire de l’exposition, Johanna Copans, prof de lettres qui a réalisé la première thèse sur Renaud, émet l’hypothèse qu’il se soit inspiré de Bruce Springsteen…

Le stand de «la Belle de mai»

Ce stand de tir de fête foraine a été posé et photographié sur un terrain vague d’Ivry-sur-Seine pour l’album « A la belle de mai », en 1993 »./LP/Jean-Baptiste Quentin

«Renaud. Putain d’expo !», jusqu’au 2 mai 2021 à la Cité de la Musique, 10 euros plein tarif, gratuit jusqu’à 16 ans ; « Renaud putain de livre ! », de David Séchan et Johanna Copans, aux éditions Plon, 200 pages, 24,90 euros ; compilation « The Totale of la Bande à Renaud », 2 CD, Universal, 18 euros.

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Source : Le Parisien