Exposition Renaud : qui est David Séchan, frère jumeau du chanteur ?

Le Parisien

Rencontre avec celui qui a orchestré la rétrospective consacrée au chanteur à la Cité de la Musique qui démarre ce vendredi.

David Sechan a beaucoup photographié Renaud : la photo de l’album « Morgane de toi » avec Lolita dans les bras, c’est lui. LP/Jean-Baptiste Quentin

Par E.B.

Le 16 octobre 2020 à 08h06, modifié le 16 octobre 2020 à 08h22

« A chaque fois que je viens, j’ai une émotion rare. Cette vie, c’est aussi la mienne. » On doit en grande partie l’exposition « Renaud : putain d’expo! » à la Cité de la Musique, qui démarre ce vendredi, à David Séchan, son jumeau, arrivé dix minutes plus tôt, il y a 68 ans. « Depuis le ventre gestatif de ma mère, je l’accompagne, résume le co-commissaire de la rétrospective. On nous appelait les jumeaux. Nous avons partagé les mêmes tenues, les mêmes classes, les barricades en mai 1968. Nous avons été tous les deux virés du lycée Montaigne. »

Mais les deux frères n’ont pas la même personnalité. « Nous avons un lien indéfectible, mais on s’est construit différemment. Moi je faisais beaucoup de sport, du foot puis du rugby, lui pas du tout. Et lui a arrêté en seconde. Moi j’ai poursuivi en fac, avec du droit et des lettres modernes. »

Passionné d’image, passion dont il a fait son premier métier — technicien documentaliste à l’Inserm pendant dix ans —, David a beaucoup photographié Renaud. Ses premiers pas sur scène, la photo de la mob, celle de l’album « Morgane de toi » avec Lolita dans les bras, c’est lui.

« A l’époque, notre frère Thierry (NDLR : décédé en janvier 2019) était l’éditeur de Renaud, explique David Séchan. En 1983, il m’a demandé de les accompagner à Los Angeles pour l’enregistrement de l’album et de faire des photos. J’ai laissé mon boulot, puis j’ai travaillé avec Thierry aux éditions musicales Mino, qui gèrent les textes et les compositions de Renaud, dans lesquelles ses cinq frères et sœurs et sa première femme, Dominique, étaient associés. Thierry a voulu arrêter, alors j’ai pris la direction des éditions pendant dix ans, jusqu’à ce que Renaud décide de les vendre pour nous venir en aide financièrement. Il est très généreux. »

«Avec cette exposition, je voulais valoriser son œuvre»

David Séchan a alors créé « Encore Merci », société d’éditions spécialisée dans la création de musiques d’illustration sonore et musicale pour l’audiovisuel, du générique de « La Ferme célébrités » à des pubs pour Coca-Cola. Un gros catalogue de 55 000 œuvres qu’il vend jusqu’au Japon. « En parallèle, je m’investis depuis quinze ans au sein de la Sacem. J’ai été élu, en 2019, vice-président chargé de la section 2, qui gère les collectes des droits d’auteur dans les bars, restaurants… Avec la baisse des collectes, on gère des situations personnelles tout à fait dramatiques. »

« La célébrité, c’est très lourd à assumer surtout lorsqu’on est d’une sensibilité extrême comme Renaud », confie David Séchan. LP/Jean-Baptiste Quentin

Renaud est une âme tourmentée, comme l’était aussi Thierry Séchan. Leur frère est très différent. « Je me suis protégé, comme mes trois sœurs, confie-t-il. Nous étions issus d’une famille et d’un milieu équilibrés. Mais la célébrité, c’est très lourd à assumer surtout lorsqu’on est d’une sensibilité extrême, modeste et timide comme Renaud. Le fait d’être suivi, reconnu, épié, il n’était pas préparé à ça. Il s’est replié sur lui-même. »

David Séchan reste aujourd’hui l’un des gardiens du temple Renaud avec son agent artistique de toujours, Bertrand de Labbey. « Depuis des années, on voit beaucoup trop de choses qui égratignent l’image de mon frère, estime-t-il. On finit par oublier combien son parcours est hors du commun. Avec cette exposition, je voulais valoriser son œuvre et regonfler son estime de soi, le montrer dans sa beauté et sa création. » Renaud visitera-t-il l’exposition ? « Il viendra plus tard, tranquillement, anonymement. Mais ne vous inquiétez pas, il sait exactement ce qu’il y a dedans. La plupart des objets lui appartiennent. Il conserve tout. »

  

Source : Le Parisien