LE 8/9
Par François Saint-Amand

Dans son livre, Fabien Lecoeuvre nous dévoile l’histoire des 50 plus grands succès de Renaud de « Laisse Béton » à « Toujours debout ». 50 chansons qui dépeignent notre société à différentes époques.
Fabien Lecoeuvre était également aujourd’hui l’invité de Serge Van Haelewijn sur Viva+, de 10h à 11h.
Un appartement servant uniquement à ses archives

Passionné par la chanson française, Fabien Lecoeuvre a accompagné Patrick Sébastien tout au long des Années bonheur sur France 2 et a publié de nombreux livres sur Sardou, Polnareff, Cloclo ou encore Johnny.
Pour écrire autant de livres sur la chanson française, l’auteur peut remercier son métier de journaliste et animateur de télévision et de radio pour avoir rencontré de nombreuses vedettes musicales francophones.
« J’ai la chance de côtoyer ces artistes depuis maintenant 40 ans, c’est donc plus facile pour moi évidemment de recueillir autant d’informations. J’ai moins de mérite en tout cas. Et puis j’ai animé beaucoup d’émissions de télévision. J’ai travaillé pendant 13 ans dans « Les années bonheur ». Je suis en quotidienne depuis 5 semaines avec Cyril Hanouna désormais et puis j’ai fait beaucoup de radio, depuis 40 ans » raconte-t-il.
Avec une pléthore d’informations et d’anecdotes en tous genres, le spécialiste de la chanson française a dû racheter un autre appartement à Paris pour conserver tous ses documents papiers « car le papier sent mauvais en vieillissant. Impossible de le mettre dans mon appartement ou dans mes bureaux ».
Cet appartement lui sert ainsi uniquement pour ses recherches lorsqu’il rédige un nouveau livre : « j’ai des petits cahiers que je remplis tous les jours. Je note tout. Quand je dois faire un ouvrage, ces anciennes notes me permettent de me relancer. S’il me manque des informations, je rappelle les artistes évidemment. Renaud et moi, on se connaît bien. C’est le deuxième livre que j’écris avec lui. J’en ai sorti un en 2005 ».
Expert pour les tribunaux français
Outre cet appartement pour conserver ses documents et ses notes, l’auteur prend le soin de vérifier tout ce qu’il raconte. Il a aussi fait valider ce nouvel ouvrage par Renaud. « Si j’ai la moindre information douteuse je fais vérifier. J’envoie les textes par mail à ses collaborateurs ou à lui » explique-t-il.
Certains artistes en apprennent pourtant parfois sur leur propre carrière. Fabien Lecoeuvre se souvient ainsi de la réaction de Michèle Torr sur son « Dictionnaire des histoires de chansons ».
Il détaille :
« Michèle m’avait dit, à propos de sa chanson « Emmène-moi danser ce soir » : « je ne savais pas qu’au départ c’était pour Marie Laforêt ». Cette anecdote, elle l’a appris dans mon livre, parce que tout le monde lui avait caché bien sûr. En fait, ce n’était pas du tout ça. Marie Laforêt ne voulait pas la chanter parce que ça ne marcherait jamais avait-elle dit ».
Avec une telle expertise, Fabien Lecoeuvre fait même office d’expert pour les tribunaux en France depuis 11 ans, pour tout ce qui concerne la chanson française.
« C’est vrai que quand il y a des litiges entre les maisons de disques, les artistes, les producteurs, je fais des rapports d’expertise » assure-t-il.
Il a donc son avis sur le procès entourant « Ça plane pour moi ».
Il avance : « c’est vraiment Plastic Bertrand parce qu’on lui a réalisé un mauvais procès. Cette situation est totalement injuste parce que le producteur a voulu se venger. Personnellement, je n’aime pas les formes d’injustice quand on essaie de taper sur les artistes. Cela me blesse aussi. J’ai toujours voulu défendre Plastic que je connais depuis au moins 30 ans et qui est un mec adorable ».
Des anecdotes sur les tubes de Renaud
Bien entendu, dans ce nouveau livre, intitulé « La véritable histoire des chansons de Renaud », Fabien Lecoeuvre donne une nouvelle fois de nombreux récits entourant la création des chansons phares du chanteur et sur celle de son personnage.
Fabien explique notamment que « Laisse béton » a été écrite dans le café-théâtre parisien « La pizza du marais ».
« Il a fait un premier album Renaud qui n’avait marché que moyennement. Il avait le look gavroche, avec la casquette, et le pantalon à carreaux, un look 1975-1976 » détaille-t-il.
Il poursuit : « C’était donc bien avant le blouson de cuir ».
Ce blouson, il va le prendre finalement grâce au frère de sa petite amie du moment qui habitait Argenteuil, en banlieue parisienne, qui lui lance « arrête ton look c’est ringard, prends plutôt le perfecto, le jeans et les santiags ».
C’est ainsi qu’il changera de look. Et « Laisse béton » se crée sous cette nouvelle approche de son personnage : « Il écrira sa petite chanson entre deux spectacles, à « La pizza du marais », sur un paquet de cigarettes Gitanes qu’il a arrachées. Et c’est un carton énorme ! »
« Mistral gagnant » a failli ne jamais voir le jour
Pour son plus grand succès, « Mistral gagnant », Fabien raconte qu’on a bien failli ne pas le connaître.
Il contextualise : « Renaud venait de changer de maison de disques, il avait quitté Polydor, pour aller chez Virgin. Virgin lui paie un album. On l’installe en Californie pendant 15 jours. Il enregistre son album ses chansons pendant 15 jours. Puis Virgin l’appelle et lui dit qu’il manque un espace de 4 minutes sur le disque. On est encore à l’époque des vinyles où il fallait retourner les disques pour les écouter ».
« Il écrit donc une petite chanson, sur le coin de la console à Los Angeles. Il gratte vite un peu sur sa guitare, il écrit sur son petit cahier. Il appelle son épouse qui était restée à Paris, avec les 9 heures de décalage horaire. Il lui fait écouter et lui joue la chanson par téléphone. Il lui dit qu’il ne l’a pas finie puisqu’ils ont a terminé la période de travail en studio et qu’il la placera sur un prochain album ».
La réponse de sa femme est cinglante :
si tu ne mets pas cette chanson sur ton prochain disque je te quitte !
La réaction ne se fait donc pas attendre : « à partir de là, il a terminé la chanson dans la nuit et Jean-Pierre Bucolo qui est un de ses proches collaborateurs et merveilleux guitariste a dit : « on a tous fini à 6 heures du matin » ».
Il ajoute : « ce qui a fait le charme c’est aussi toute cette version, ce clavier parce que ça nous donne un frisson d’émotion. Ces fameux mistrals gagnants sont assez magiques, des bonbons que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître mais qu’on connait grâce à lui ».
Retrouvez d’autres anecdotes dans le nouveau livre sur Renaud du spécialiste de la chanson française, Fabien Lecoeuvre, « La véritable histoire des chansons de Renaud ».
Source : RTBF