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Il a 36 ans et il a l’air d’un gamin. Les femmes l’adorent. Moqueur, ratoureux, on ne sait jamais ce qu’il va nous balancer en entrevue. Quand on lui demande si le statut de chanteur de filles l’embête, il dit, non sans ironie, qu’il aimerait bien mais que c’est «foiré». «C’était mon objectif de devenir un chanteur de charme alternatif, mais je suis très décevant en vrai. Je suis petit, j’ai un petit ventre et je commence à perdre mes cheveux, donc je suis obligé de bosser bien mes paroles pour plaire aux filles.»
Vrai qu’elles sont bien faites, ses chansonnettes. Drôles, ironiques et tendres, elles s’attardent sur les petites choses de la vie et leur popularité tient sûrement au fait que tous s’y reconnaissent au moins un peu. Bénabar décrit un quotidien de trentenaire, avec ses conquêtes et ses ruptures. Dans Dis-lui oui, il héberge un copain en peine d’amour et implore l’ex de le reprendre. Monospace parle d’amour, de l’éternel féminin: «Elle est tellement pure / Un concentré de femme idéale / En la diluant dans l’eau / On pourrait en faire dix filles normales.» Et dans Vade retro téléphone, il se demande combien de jours il faut attendre avant de rappeler la fille avec qui il a eu une aventure.
De La Vie, la vie à Amélie Poulain
Ça s’écoute comme un épisode de La Vie, la vie, voire comme Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. Le talent du chanteur tient au regard très juste qu’il pose sur les autres, à la sensibilité qu’il a pour nos insignifiances les plus charmantes. Il s’attarde aux coquetteries des vieilles dames, fait un saut au party de retraite de Monsieur René et observe les animaux qui s’emmerdent au zoo de Vincennes. Avant de se lancer dans la chanson, Bruno Barnabé, de son vrai nom, a longtemps travaillé comme scénariste et ça se sent: «Je pense que j’ai gardé du travail de scénariste des réflexes de structure. Mes chansons sont souvent très académiques, qui racontent une histoire avec un personnage, un deuxième rôle. C’est assez cinématographique, je crois.»
Cousin d’un Vincent Delerm, Bénabar est aussi le digne hériter des Renaud et Brel qu’il admire beaucoup. Capable de drôlerie, il sait aussi nous tirer les larmes dans Je suis de celles, où il donne la parole à celles qu’on appelle les filles faciles. «J’étais de celles qui disent jamais non / Les « Marie couche-toi là » dont on oublie le nom / J’étais pas la jolie / Moi, j’étais sa copine / Celle qu’on voit à peine / qu’on appelle machine.»
On est plutôt chanceux. L’enfant chéri de la nouvelle chanson française ne donnera que deux concerts cet été et c’est nous qui les verrons. Depuis le studio où il enregistre son nouvel album, le monsieur dit qu’il a très hâte de venir à la rencontre du public québécois mais que la traversée n’est pas exempte de stress. «Je ne crains rien des Québécois, mais je crains beaucoup l’avion. […] S’il y avait le train, je serais venu au Québec depuis longtemps.» Tiens donc!
Collaboratrice du Devoir
Au Festival d’été de Québec
Les jeudi 14 et vendredi 15 juillet à 21h30
Source : Le Devoir