Jeunes Filles Magazine
N° 2, janvier 1982
Renaud, pour tous ceux qui ne le connaissent pas, c’est le petit loulou de banlieue qui a bien tourné. « Rouleur de mécaniques », « titi parisien », « dur à cuire », tous ces qualificatifs et bien d’autres lui ont été attribués. Il y a sûrement un peu de vrai là-dedans, mais ses proches qui le côtoient régulièrement assurent que, sous sa carapace de cuir, se cache un jeune homme au cœur tendre. Son air bourru, parfois sombre, ne fait que masquer une grande timidité et une énorme pudeur.
Renaud n’est pas du genre à s’afficher dans les soirées mondaines de Paris. Aux cocktails guindés. il préfère l’ambiance des bistrots où, avec ses potes, il dispute des parties de flipper acharnées. Son univers quotidien est là, dans la rue, pas sur une étoile. Renaud vibre avec son époque et même si aujourd’hui il n’a plus besoin de faire la manche en chantant dans les cours, il n’oublie pas ce temps-là.
Vie privée
Fidèle, Renaud l’est dans l’âme et dans le cœur. II n’a pas « la grosse tête ». Sur scène, il perd sa peur panique de la foule, mais il ne sera véritablement à l’aise que chez lui, dans ce lieu qu’il garde secret et qui abrite Dominique, sa femme, « sa gonzesse » et leur petite fille d’un an et demi, Lolita. Si lui se plie parfois aux contraintes du vedettariat, il tient, en revanche, à préserver l’anonymat qui entoure sa vie privée. Une fois, une seule, il a fait exception à la règle en présentant lors d’Avis de recherche, l’émission de Patrick Sabatier, David Séchan, son
frère jumeau. Parfaite réplique du chanteur. David n’a pourtant rien à voir avec le monde du show-business, il est photographe dans un centre de recherche. II lui arrive, maigre tout, d’être fréquemment arrêté dans la rue par
des fans en quête d’autographes. Et vous l’imaginez, il a toutes les peines du monde à expliquer que, non, Renaud ça n’est pas lui !
Un langage
C’est Yves Montand, à qui il succède sur la scène de l’Olympia, qui récemment a déclaré : « Si j’avais vingt ans, je chanterais comme Renaud », lui faisant ainsi le plus beau compliment. II faut dire que ce jeune homme de vingt-huit ans a réellement imposé un langage bien à lui. Plus personne ne parle en verlan sans penser à Renaud. « Laisse béton » est désormais passé dans les expressions courantes. Renaud, c’est la tendresse, l’amour, l’humour mais c’est aussi parfois la colère, la révolte contre la vie quotidienne, la misère matérielle et morale. C’est la réalité et Renaud se sent obligé d’en parler : « Une jeunesse perdue, des mômes qui se sentent rejetés, ça existe, dit-il. Pourquoi se le cacher ? » Je vous l’avais dit : Renaud. il a un cœur gros comme ça !
Caroline Chaplin
Source : Jeunes Filles Magazine