Je suis un lanceur d’alerte

Charlie Hebdo

N° 1241

LA RÉDACTION · 

Je sais pas comment ça marche, je sais pas à quoi ça sert, pis surtout je sais pas si les pros du lançage d’alerte me pardonneront de me lancer à mon tour. Mais bon, tant pis, j’essaye. Si les dénonceurs de fausses alertes me tombent dessus, je lancerai une alerte pour intrusion abusive dans mes alertes aléatoires. J’ai plein d’alertes à lancer, mais je voudrais être sûr qu’elles alerteront le monde entier, ou, au moins, les lecteurs de Charlie, ou, au pire, juste ma mère.

Première alerte : je déjeune demain midi (quand ces lignes seront publiées, le déjeuner aura eu lieu et je serai peut-être en possession d’une belle alerte), je disais donc : je déjeune demain midi avec mon idole à moi que j’ai, Nicolas Hulot. J’adore ce mec et je ne vais pas me gêner pour tâcher de le convaincre de se présenter à la prochaine présidentielle, en 2017. Il paraît qu’il hésite… Voilà un monsieur qui s’intéresse plus à la planète qu’aux cours de la Bourse, qui se préoccupe plus de l’eau, des rivières, des forêts, de la vie animale, de la pollution, des dérèglements climatiques, de la banquise qui fond et du fond de l’air bien frais en ce joli mois de mai plutôt qu’à l’indice du 4/40. Tous mes potes et moi-même lui offrons nos voix et nos soutiens sans faille.

Putain, ça c’est un lançage d’alerte canon !

Deuxième alerte : je suis amoureux. Je tombe amoureux presque tous les jours et ça dure genre un mois ou cinq minutes. Là, ça a duré au moins vingt minutes. C’est mon pote (eh oui) Jean-Luc Lahaye qui me l’a présentée, elle est belle, genre 40 ans, est colombienne mais vit en Norvège et, de temps en temps, habite Paris. Elle parle peu, mais dans une langue bizarre genre anglais-espagnol-norvégien-français. Elle a un accent je sais pas d’où, mais pas de ma rue. Je l’ai eue brièvement au téléphone hier soir, elle a accepté un rencard avec ma pomme en fin d’aprèm, mais je crois que ça ira pas beaucoup plus loin, depuis mon réveil ce matin, alors que j’ai écrit les lignes ci-dessus hier soir, je crois que je suis plus amoureux. Trop bien pour juste crac-crac, pas assez bien pour la bague au doigt…

Troisième alerte : je pars ce week-end à un bike show à Mécrin, dans les Vosges. Je sais ce que vous vous dites : « Il va être entouré de milliers de bikers et va replonger dans un fût de bière ! » Ben non. Bien trop têtu pour passer outre à la consigne que je me suis promise : plus d’alcool, même pas une bière. À l’eau pour la vie ! Ça, c’est de l’alerte !

Enfin, dernier lançage d’alerte, j’ai reçu de l’administration pénitentiaire d’Arles l’autorisation d’un parloir avec Yvan Colonna. Vous raconterai à l’occasion ma visite à cet innocent qui vient de passer treize ans en cabane.

Sont-ce bien là ce qu’ils appellent des lancers d’alerte ? J’en doute un peu. Mais sinon, je me contenterai de vous raconter ma vie quotidienne, ce que je viens de faire…

  

Source : Charlie Hebdo (ici et ici)