26 juillet 2000
Concert du Paléo à Nyon le 25.07.00
Et puis le tutoiement. Parce qu’il va bien falloir parler de Renaud. C’est lui, là, sur scène, qui provoque les applaudissements dès que son ombre paraît. Alors, oui, Renaud, je dis « tu » à tous ceux qui s’aiment et surtout à tous ceux qui t’aiment. Surtout là. Surtout lorsque la voix s’engouffre dans la gorge comme un chagrin trop longtemps mûri. Mais les as-tu comptés ? Ils t’applaudissent avant que, soudain rendu à ton âge, tu ne déploies des trésors de nostalgie. On appelle ça l’amour. Ça change un peu de l’absence d’humanité sur scène. C’est terrible, cette incapacité à exprimer tout ce qui résonne en soi, parce que soi, c’est déjà trop loin, et que jamais la douleur ne fait écho.
C’était hier – combien d’années déjà ? – tu chantais « Hé Manu, vivre libre, c’est souvent vivre seul, ça fait p’t’être mal au bide, mais c’est bon pour la gueule » Alors ce soir Renaud, ta gueule chante avec tous ceux qui connaissent tes paroles par cœur. Tu as beau te refermer sur Buccolo (guitare) et Lanty (piano), c’est ici et maintenant que ça se joue… Qu’importe que ta voix soit mal assurée, qu’elle évolue comme en apnée, c’est à ça qu’ils s’accrochent, ce fil ténu, cette manière d’être mal à l’aise avec le monde. Nul n’est à l’abri du désenchantement et surtout pas ceux qui ont cru – vulgaire croyance – qu’il suffisait d’être pour être sincère. Tiens puisque nous sommes dans la poésie, écoute Eluard : « Je n’ai jamais trouvé ce que j’aimais dans ceux que j’aime ». Alors Renaud, c’est quand qu’on va où ?
Source : Le HML des fans de Renaud