Vendredi 6 juillet 2007
arts & spectacles
Festival d’été de Québec Arts et spectacles A3 |
Le « chanteur énervant » lance le 40e Festival d’été devant 60 000 spectateurs
En conférence de presse, hier, Renaud disait: « Je veux prendre ma revanche sur un concert qui ne s’était pas bien passé en 2001, où je n’étais pas très en forme. » C’est chose faite ! Le Renaud nouveau, qui a troqué sa veste de jeans pour un veston, son foulard rouge pour une cravate, a débarqué sur les Plaines avec un spectacle parfaitement rodé, où les classiques avaient la part belle.
Renaud « n’a vraiment bu que trois ans, mais pour toute une vie », écrivait son frère Thierry dans Bouquin d’enfer. Le hic, c’est que c’est durant cette période qu’il s’était pointé dans la Belle Province la dernière fois. L’autre hic, c’est qu’il a beau avoir retrouvé la forme et le moral, sa voix, elle, n’en est pas sortie indemne. Les mauvaises langues diront qu’il n’en a jamais eu beaucoup, n’empêche que sur certaines pièces c’était sacrement laborieux. On devait attendre parfois quelques vers pour reconnaître des classiques comme Hexagone…
Et pourtant, ça marchait ! Il faut dire que les astres semblaient alignés pour que ce concert d’ouverture tourne rondement : une foule — évaluée à 60 000 personnes par les services de sécurité — qui s’était ennuyée du « chanteur énervant », un « chanteur énervant » qui arrivait d’une tournée triomphale de l’autre côté de l’océan, des musiciens compétents sous la houlette du fidèle Jean-Pierre « Titi » Bucolo et, bien sûr, un répertoire qui regorge de pièces en béton. Même la météo était de la partie : le ciel, menaçant tout au long de la journée, n’a même pas échappé une goutte de pluie !
Égrenant ici et là des compositions des récents Boucan d’enfer et Rouge sang, dont une Manhattan-Kaboul livrée avec sa femme Romane Serda, l’artiste a choyé son public en lui servant les incontournables qu’il voulait entendre. Il a même dépoussiéré Miss Maggie pour l’occasion.
« Ça faisait sept ans que je n’étais pas venu, a-t-il lancé. Je voulais me faire pardonner en vous souhaitant bon 400e à l’avance ! »
Au nombre des moments mémorables, il faut souligner le touchant medley de pièces inspirées par sa fille, Lolita. C’était d’autant plus pertinent que celle-ci, qui a adopté le Québec, était dans la foule. Chanson pour Pierrot, Morgane de toi et Mistral gagnant étaient vibrantes d’émotion et permettaient de pardonner toute imperfection vocale.
Les Cowboys Fringants, pour lesquels Renaud dit avoir beaucoup d’admiration, ont pris la relève avec La Manifestation, au moment où nous devions partir, heure de tombée oblige. Ça sentait le party !
C’est le sympathique Pépé qui avait la difficile tâche de réchauffer les Plaines. Armé de sa seule guitare, il s’en est tiré de façon honorable, même s’il apparaissait bien petit au milieu de cette grande scène…
Source : Le Soleil