L’anti-tout attachant

Lyon Capitale

N° 271 – mercredi 26 avril 2000

CULTURE

Musique

Renaud, le visage pâle, fait sa réapparition après cinq ans d’absence. Et il n’est pas encore largué.

L’anti-tout attachant

Étonnant, Renaud séduit encore les adolescents aujourd’hui. Comme Indochine, le père Séchan se paye une sacré cote de popularité auprès des 15-25 ans qui se ruent sur sa nouvelle tournée. Certes, on connaissait l’engouement des nostalgiques de la panoplie Santiags-Perfecto-bandana pour le titi gouailleur. Malgré cinq ans d’absence discographique et un refus catégorique de se livrer aux médias, l’auteur-compositeur-interprète les fait toujours vibrer, leur vendant à tour de bras toutes ses fameuses galettes. Mais, on avait du mal à croire que la star d’il y a 20 ans, le chanteur énervé-énervant, ait de quoi ensorceler une jeunesse désormais plus aux prises avec les semelles compensées, les t-shirt moulants et autres survet’ imposés par les musiques en vogue que le vieux jean à trous. D’autant plus même lorsqu’on sait que c’est Pascal Obispo qui lui tient lieu d’idole absolue dans le domaine de la chanson française. Eh bien, c’était sans compter sur les fans de la première heure de l’artiste rebelle, aux cheveux jaunes et au blouson noir, qui ont su refiler le virus à la nouvelle génération.

Indubitablement, l’engouement de la jeunesse pour Renaud assied le chanteur comme une valeur sûre.

Un nouvel album en prévision

Comme la précédente, celle-ci s’est laissée prendre au jeu de cet anar, écolo, antiraciste, antimilitariste, anticlérical, antitrust… et de ses chansons. Sans pour autant adopter le look du gavroche, et notamment ses badges, ce nouveau public a succombé au charme de ce personnage plus attachant par sa personnalité que par, il est vrai, ses qualités artistiques. D’accord, Renaud a beau chanter faux mais le bonhomme n’a jamais bougé d’un iota et fait partie des premiers à avoir chanté la cité (cf. Mon HLM), en verlan de surcroît. Bref, avec son engagement et sa poésie, la gueule noire du film de Berry, Germinal, est devenue une véritable institution. En attendant la sortie prochaine d’un nouvel opus, le « visage pâle » repart en tournée mais sans la grosse cavalerie cette fois. À trois sur scène, accompagné d’une guitare et d’un piano, le pote de Coluche revisite sa carrière et ses plus grands succès. Des titres comme Laisse béton, Marche à l’ombre, En cloque, Dès que le vent soufflera… que l’auteur interdit de passage radio à ses débuts avec Hexagone vient de rééditer sur une compilation. À l’heure où les années quatre-vingt connaissent un revival auprès du jeune public, l’engouement pour Renaud intervient comme la consécration d’une valeur sûre, ce qui n’est pas le cas d’Indochine.

Richard L


Renaud, mardi 2 à la Bourse du travail
www.renaud.com

  

Sources : Lyon Capitale et Le HLM des Fans de Renaud