Laurent Gerra a bien fait rire

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La Dépêche du Midi

Il est venu. Comme à son habitude, classe sur scène, maître d’un « one man show » où le rire aura une fois de plus servi de thérapie aux mauvais coups de ce bas monde. Chapeau bas l’artiste, qui, en plus, a bien voulu, sur le pouce, nous accordé cette interview en exclusivité.

N’est-ce pas plus délicat de faire rire les foules en période aussi troublée que la nôtre?

A priori peut-être. Mais moi, ma seule limite, c’est le public, que les gens se marrent. Et cela marche plutôt bien. Quand je dis que Bush est un con, ça applaudit, alors?

Dans votre spectacle, vous semblez vous adapter avec une facilité déconcertante à l’actualité, à la guerre en Irak.

J’étais en vacances au Québec lorsque m’est venue l’idée de « Washington-Bagdad », une parodie de « Manhattan-Kaboul », la chanson de Renaud, que je n’ai chanté que trois fois avant le spectacle de ce soir. Sinon, la guerre en Irak, il en est aussi question dans les sketches sur Chirac et Céline Dion.

Vous jouiez ce soir à Auch. Est-ce un parti pris pour les villes moyennes, comme le font de plus en plus d’artistes?

Tout à fait. Moi, j’aime bien les villes comme Auch, c’est la vraie vie de province. Ici, on mange bien et je crois savoir qu’on aime bien se marrer.

Connaissez-vous le Gers et la Gascogne, le Sud-ouest en général? 

Ah, les Cadets de Gascogne, D’Artagnan, Cyrano de Bergerac etc. ! Auch, je connais un peu. Une année, j’avais passé une soirée en compagnie de Daniel Toscan du Plantier, un excellent souvenir, hélas…

Mais à 38€ ou 32€ la place, n’est-ce pas un peu chérot?

J’ai toujours fait attention au prix des places. Mais on apporte un événement qui coûte cher: une quinzaine de personnes autour du spectacle, une vraie structure avec éclairages et mise en scène. Et puis, les salles ne sont pas données et l’Etat ne nous épargne pas. Sinon, mon spectacle n’égale que le prix de cinq places de cinéma…

Revenons à votre spectacle. Quels choix ont justifié vos nouvelles imitations?

Plus que jamais, je tire sur tout ce qui bouge, et ça plaît! Il y a une grosse partie sur la télé dans un nouveau spectacle construit sur le modèle d’un voyage en avion avec escales. On me dit plus méchant que dans mon spectacle précédent, et c’est sans doute vrai. Moi, je n’ai jamais fait de concession, je m’éclate et c’est bien là l’essentiel.

Quelle est la dose d’entraînement pour parvenir au niveau de perfection qui est souvent le vôtre?

Très franchement, pas grand chose. En réalité, je travaille davantage sur l’écriture et la façon de concevoir le spectacle que la voix proprement dite. En fait, je suis un peu comme Jeanne d’Arc, ce sont les voix qui viennent à moi!

Cela vous énerve-t-il lorsqu’on vous compare à Thierry Le Luron, dont vous êtes pour beaucoup le digne héritier?

Non. Mieux vaut être comparé à cet artiste qu’à un autre. Thierry avait ouvert une brèche, celle de proposer de vraies imitations en seconde partie de spectacle. Pourtant, je crois que l’on propose des choses un peu différentes, à des époques aussi différentes.

Certaines personnes vous reprochent une vulgarité galopante par rapport à vos débuts. Que leur répondez-vous?

Disons que Georges-Alain (Ndlr: de « Star Académy ») est quelqu’un de vulgaire, tandis que moi je serais plutôt grossier. J’aime bien dire des gros mots, c’est comme ça! Et la salle se marre, donc ça baigne! 

Que devient Virginie Lemoine, votre complice à vos débuts?

Elle fait du théâtre et tourne pour la télévision (Ndlr: elle était d’ailleurs sur France 3 hier soir). On s’appelle et on se voit de temps en temps.

Qu’est ce qui fait rire Laurent Gerra aujourd’hui?

Oh, plein de choses! La dernière fois où j’étais hilare, c’était quand Patrick Bruel a rendu hommage à Toscan lors des dernières Victoires de la Musique. Sinon, je ris à Polichinelle, Raffarin, Jack Lang ou encore Chevallier et Laspallès, mes petits préférés.

Etes-vous un homme heureux dans la vie?

Oui, vraiment. J’ai tout ce que je désire sur cette Terre. Mais je sais aussi que j’ai beaucoup de chance, même si je travaille beaucoup pour un tel résultat.

Propos recueillis par

Xavier HURTEVENT.


Voilà bien longtemps que l’on n’avait plus ri de la sorte en Gascogne. Non que le pays soit soudain tombé dans la morosité (ce n’est pas vraiment la tendance!), mais avec autant de force prolongée, ça, on ne le voit pas souvent!

Tous, ils étaient là, de Julien Clerc à Johnny Halliday, en passant par Céline Dion, Renaud, Chirac, le Pape Jean-Paul II, ainsi que les nouveaux venus, Léon Zitrone, Henri Salvador, Eddy Mitchell ou Thierry Ardisson, ce dernier que Gerra égratigne à qui mieux mieux.

Avec un humour tout en finesse et en cruauté à la fois, Laurent Gerra provoque, défie, dénonce la bêtise, la culture de masse, la démagogie… avec des mots qu’il ne mâche pas! Et lorsque la musique est là pour d’inimitables… imitations de ces chers disparus, c’est un véritable hommage à la chanson française qui s’installe pour quelques instants de pur bonheur. Chapeau l’artiste!

  

Source : La Dépêche