LILLE
Par Frédérick Lecluyse | Publié le 01/11/2016
L’auteur de l’épatant « Mistral Gagnant » revient ces mercredi et jeudi soir sur la scène du Zénith de Lille, après dix ans d’absence et de souffrance. L’occasion de se souvenir d’une inoubliable soirée, il y a vingt-trois ans, durant laquelle l’artiste avait chanté les titres de son album chti enregistré à Lille.
En ce mois de mai de l’année 1993, le festival Wazemmes l’accordéon vit sa deuxième édition. Ses organisateurs ont réussi un gros coup. Renaud a accepté de s’y produire. Le chanteur file alors le parfait amour avec le Nord. « Il venait de tourner Germinal et il avait été séduit par les habitants, notamment grâce aux figurants qui étaient dans le film de Claude Berri. » Claude Vadasz, cofondateur et organisateur historique du festival de Wazemmes, ajoute que l’acteur-chanteur se sentait plus en phase avec eux plutôt qu’avec Depardieu, Miou-Miou ou Jean Carmet. Il avait même acquis une maison à Valenciennes.
« Il venait de tourner « Germinal » et il avait été séduit par les habitants, notamment grâce aux figurants qui étaient dans le film. »
Le titi parisien s’est alors également entiché de chansons patoisantes du Nord – Pas-de-Calais. Il a enregistré un album chez Gorgone, à Lille. Le disque, qui reprend des titres écrits par deux chanteurs de l’Artois, Edmond Tanière et Simon Colliez, s’intitule Renaud cante el’Nord. Et l’artiste a accueilli avec enthousiasme l’idée de venir interpréter ces titres pour la première – et la dernière – fois sur scène à Wazemmes. « C’était une situation cocasse car Virgin, la maison de disque habituelle de Renaud, avait peu goûté l’initiative de son poulain, raconte Claude Vadasz. Du coup, on nous avait interdit de faire de la publicité et de communiquer sur la venue de Renaud. C’est dommage car on aurait fait un carton. On aurait facilement réuni plus de vingt mille personnes. » L’entrée était, en effet, gratuite. Ce 29 mai, ils ne sont ainsi – ce qui est quand même considérable – que 7 000 à 8 000 spectateurs rassemblés sur un terrain, une friche aujourd’hui disparue, situé près de la CPAM et de la rue d’Iéna. « J’ai le souvenir d’un concert super sympa avec un Renaud très heureux de communiquer avec les gens du Nord qu’il adore pour leur côté entier. Il était venu avec son accordéoniste personnel, Jean-Louis Roques. » Le fondateur de Wazemmes l’accordéon se rappelle également très bien de la fête qui a suivi. « On avait fait une bouffe au Biplan et comme Renaud avait dit, sans doute en plaisantant, qu’il adorait les moules-frites, on s’était débrouillé pour en faire. Le hic, c’est qu’il n’aimait pas du tout les moules ! » La nuit, pour ceux qui ont pu entrer, demeure néanmoins un sacré souvenir. Le bilan financier de la soirée, un peu moins…
À l’époque, on ne plaisante déjà pas avec la sécurité. Or, quelques jours plus tôt, en Corse, la tribune du stade de Furiani s’est effondrée, entraînant des morts et des blessés. « La préfecture nous a imposé des conditions de sécurité draconiennes qui nous ont plombés financièrement. Pourtant, Renaud n’avait demandé qu’un petit cachet pour couvrir ses frais et payer ses musiciens. » Et Wazemmes l’accordéon n’y avait pas survécu. L’année suivante, il mettait la clef sous la porte jusqu’à sa renaissance en 2002.
Concerts ces mercredi et jeudi, puis le 1er mars, à 20 h au Zénith, boulevard des Cités-Unies à Lille. 49 à 39 €.
Source : La Voix du Nord