17 avril 1991
Renaud, le chanteur bien connu, s’est ému de la mort d’Emmanuel Deflandre qui sera enterré cet après midi à 16 heures au cimetière d’Albert. « Manu » était l’un des héros de ses chansons. Dans un autre de ses textes, Renaud évoque ce qui sera sans doute le scénario de la fin tragique d’Emmanuel ; cette chanson dit à peu près ceci :
« Pas de lumière sur ma meule,
les roussins au coin de la rue..
et après ils disent qu’ils aiment les jeunes ».
On comprend donc que le chanteur s’émeuve de la mort d’Emmanuel. Il a fait parvenir le texte que nous publions ci-contre aux sœurs d’Emmanuel par l’entremise de l’association « S.O.S. bavures » qui a mis à leur disposition gratuitement trois avocats. Renaud retenu à Londres où il termine l’enregistrement de son dernier album ne pourra comme il l’aurait désiré, faire le déplacement d’Albert. Ce texte sonnera cependant comme un dernier hommage au gamin d’Albert, dont le destin tragique aura défrayé la chronique : Claude Sarraute, la célèbre billettiste du « Monde » lui avait consacré la semaine passée l’une de ses livraisons. Pour un gamin de la D.D.A.S.S. anonyme, parmi les anonymes, toutes ces prises de paroles devraient constituer un véritable viatique pour le paradis, Renaud lui aura éclairé la route…
(N.D.L.R. :
Y’a pas d’flics au Paradis, Manu,
Tu peux rouler sur les nuages,
Sans lumières sur ta Mob.
Y’a pas d’flics à l’affut
aux carrefours du ciel
le doigt sur la gachette
prêt à flinguer les mômes
comme au tir aux pigeons.
Tu peux rouler sans casque
Y’a pas d’mur en béton…
Y’a pas d’salauds planqués
derrière les arcs-en-ciel
prêts à défourailler
en t’voyant débouller
sur ta mob bleu-ciel,
que t’aurais préféré
rouler sur une Harley
pour les semer ces cons !
Mais si y’a des bistrots
bois un coup à la mienne.
Je fais pareil ici
pour toi l’ami, Manu,
mon pote assassiné
pour « défaut de lumière »
Par un qui savais pas
qu’la lumière c’était toi…
Renaud, 09 AVRIL 1991)
Source : Le Courrier Picard