Le grand soir de Renaud

La Croix

MIGLIORINI Robert

L’événement ne laisse aucun artiste indifférent. Après Voulzy dans l’édition précédente, 1 000 choristes ont rendu hommage pour un soir au répertoire de Renaud. Ce grand choral clôturait le rendez-vous annuel des « nuits de champagne », à Troyes (voir La Croix du 31 octobre 2003). Durant une semaine, ces centaines de choristes venus de la France entière, ont répété les 20 titres de l’artiste « recolorés » par de nouveaux arrangements vocaux et instrumentaux d’Arnaud Dunoyer de Segonzac. Les chansons ont été sélectionnées par Sylvain Tardif, soucieux de retracer la carrière de Renaud qui n’est pas d’abord, selon lui, « un chanteur à voix ». C’est ce concert cadeau, à l’émotion décuplée par les voix réunies, que diffuse ce soir France-Inter, partenaire du festival.

« J’ai fait quelques chansonnettes qui tiennent le coup », observe Renaud réputé peu bavard, et sous le charme. Le concert démarre sur l’air du large avec Dès que le vent soufflera, et se poursuit avec des classiques comme En cloque et Mistral gagnant, une chanson écrite en un rien de temps pour boucler un enregistrement. Au passage, l’auditeur redécouvre un Rouge-gorge (paru dans l’album Putain de camion de 1988), au diapason de l’amoureux du Temps des cerises et des photos de Doisneau. Quand c’est qu’on va où ? rappelle Renaud qui a le sens de la formule et sait la populariser.

La soirée diffusée sur France-Inter s’inscrit dans une année confirmant le retour en force de Renaud, engagé dans une « tournée d’enfer » qui a fait le plein. Comme en témoigne un album et un DVD enregistrés au Zénith de Lille. Renaud a vendu 600 000 exemplaires de la chanson Manhattan-Kaboul, un duo avec Axelle Red, dont la mélodie de Jean-Pierre Buccolo dormait dans un tiroir depuis quelque temps. La chanson s’est inscrite comme son plus gros succès radio depuis les débuts de l’auteur de Laisse béton et Miss Maggie. Renaud, coeur en miettes, un peu revenu de tout et 50 balais au compteur, continue d’émouvoir avec des mots tendres et des mots cendre sur l’état du monde.

ROBERT MIGLIORINI

   

Source : La Croix