N° 1245
Je ne voulais pas qu’on me les souhaite, encore moins qu’on les arrose, je l’ai dit, l’ai chanté, « jamais pu blairer, jamais pu saquer les anniversaires ! », ça n’y a pas manqué quand même. Mes 64 balais ne sont pas passés inaperçus aux yeux des fanas du texto, du SMS et autres conneries modernes. Plus de 120 textos le 11 mai, jour de mon anniv ! M’ont bien touché quand même, surtout celui de mon batteur, qui me dit que les Beatles me l’ont souhaité aussi dans leur chanson When I’m Sixty-Four.
Je vous raconte ça aussi parce que je suis en train de lire un bouquin, une merveille, un joyau (dont Charlie a dû dire un mot lors de sa sortie en librairie en 2011), ça s’appelle Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire. C’est écrit d’une plume magique et drôle à chaque page, ça apprend plein de choses, c’est intelligent et, bref, ça décoiffe grave, c’est beau comme, je sais pas, une chronique de moi par exemple, mais c’est un exemple… L’auteur est suédois et s’appelle Jonas Jonasson (traduit dans trente-cinq pays et porté à l’écran par un certain Felix Herngren). Mais lisez le livre (si vous aimez lire, bande d’incultes) avant d’aller voir le film s’il existe encore.
À propos de livres. Le mien vient de sortir. MON premier bouquin, mon autobiographie. Comme un enfant perdu, ça s’appelle. Après une trentaine de biographies non autorisées sur moi (dont une bonne partie de daubes toujours dithyrambiques), après les Chroniques parues dans Charlie Hebdo, sorties il y a moins de deux mois, me revoici en librairie au rayon best-sellers. Bof… Vous pousserai jamais à l’acheter, incomplet qu’il est, muet sur mes amis et mes amours comme Desproges et Coluche, comme Frédéric Dard ou Robert Doisneau, comme Trenet ou Brassens. Muet aussi sur mes lectures, de Boris Vian, Prévert, Maupassant, Rimbaud, à Charlie Hebdo, James Hadley Chase ou Michael Connelly… Pas un mot non plus sur mes années « bécane », BSA, Harley, Honda, etc. et sur mes amis bikers. Rien sur les coups de coeur cinématographiques de mon adolescence, comme Easy Rider, Midnight Express, L’Incompris ou Mort à Venise. Bref, une autobiographie non exhaustive… Les journaux qui en ont publié les « bonnes feuilles » se sont, bien évidemment, rués sur les pages concernant mon père et mon grand-père, dont le passé en étonnera plus d’un… Mais lisez L’Express de la semaine dernière, vous comprendrez mieux… L’éditrice (Hélium) de mes chroniques de Charlie fait un peu la gueule, puisque ce bouquin qui vient de sortir (mon autobiographie, donc) fait un poil d’ombre à son bouquin à elle qui n’en méritait pas tant. C’est pourtant poilant en diable et l’on y retrouve avec délice (selon les rares lecteurs) les propos marrants ou colériques comme tout que j’avais l’honneur de tenir dans ces pages dans les années 1990, soit il y a vingt ans… Ma maison de disques, Warner, fait la gueule aussi, prétextant que ce nouveau livre va casser les ventes de mon dernier album, qui a, à mon goût, suffisamment vendu pour me satisfaire (500 000 exemplaires, pas dégueu…).
Assez parlé bouquins ou disque, passons à la télé : par le simple désir de parler de la cause animale, qui me concerne et me touche autant qu’à une Luce Lapin, autant que la cause des enfants, voire celle des humains en général, j’avais décidé, il y a quelques semaines, de participer à l’émission « 30 millions d’amis ». Outre la crétinerie des questions que l’on m’y posa, genre « votre chien était-il là lors de votre « descente aux enfers » ? » ou « votre chien vous a-t-il aidé à sortir du trou ? », je venais d’apprendre que je participais à la dernière de cette belle émission (pour qui aime les animaux), qu’elle était supprimée dès la rentrée. Quelle ne fut pas ma colère au regard de ces ignobles dirigeants de chaîne publique qui éliminent à tour de bras les émissions qui sont, à leurs yeux, trop anciennes. Séquence censurée ! Pis j’ai longuement disserté sur mon dégoût de la corrida et, au moins, suggéré qu’elle soit interdite aux enfants de moins de 13–14 ans… Séquence censurée elle aussi ! Ce qui n’empêche pas France 3 de programmer une fois par mois, le dimanche (jour des enfants s’il en est), une émission promotionnant la corrida, s’intitulant « Signes du toro » ! On ne peut décidément plus rien dire dans cette société, se méfier de sa parole et tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dénoncer une injustice. Quand nos propos ne sont pas repris, déformés, ridiculisés par ces crétins d’internautes, par ce que l’on appelle les « réseaux sociaux »…
Finissons-en, sur cette belle nouvelle, j’ai finalement obtenu l’autorisation de rendre visite à un prisonnier politique corse, Yvan Colonna, l’ai donc rencontré quatre-vingt-dix minutes le 20 mai dernier au parloir de la maison centrale d’Arles. Un mec bien. Coupable ou innocent, je ne le saurai sans doute jamais, mais tous ses procès iniques tendent à me faire croire, en mon âme et conscience, à son innocence, et ce, aussi, parce que je préférerai toujours voir un criminel en liberté qu’un innocent en prison.
P.-S. Pas très malin, le casseur de flics qui a tagué sur un mur de la place de la République, à Paris : « J’ai embraSé un flic ». Petit con…