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Le nouvel album de Renaud sort ce vendredi. Avec Renaud lui-même, nous avons passé en revue les titres du disque.
J’ai embrassé un flic
« Cela met en scène la grande manif du 11 janvier 2015, après le drame de « Charlie Hebdo ». À cette manif, j’ai vu des centaines de flics souriants, chaleureux, fraternels avec nous. Alors, j’en ai pris un dans mes bras, je l’ai enlacé, je lui ai dit merci mon frère. Et j’ai eu envie de raconter cette anecdote amusante, déroutante pour certains, moi qui ai toujours été un grand lanceur de pavés. Effectivement, c’est loin de mes chansons brûlots. C’est une petite chanson fantaisiste. »
Les mots
« Les mots, l’écriture, c’est ce qui me berce, guide ma vie. Cette chanson est un hommage à l’écriture mais aussi à ceux qui lisent… Un hommage aux grands de la littérature et de la chanson, de Victor Hugo à Brassens. »
Toujours debout
« Un bon coup de griffe aux paparazzis, à la presse people. Je balance sur cette presse qui m’a harcelé, pourri la vie pendant les années où je fuyais les médias, à travers des photos volées. Et puis toutes ces émissions de télé… »
Héloïse
« Une chanson-hommage à ma petite fille. Après avoir vu grandir ma fille, Lolita, qui m’a fait grand-père, je vois grandir ma petite fille. Mais tout ça ne me rajeunit pas et me renvoie à la nostalgie de mon enfance envolée… »
La nuit en taule
« Une chanson vécue qui se passe lors de vacances dans une île de Grèce, il y a une dizaine d’années. Un soir où j’étais un peu pompette, sur un petit scooter, je me suis fait arrêter et mettre en taule pour la nuit et le lendemain. J’ai vécu quelque chose d’éprouvant. »
Petit bonhomme
« C’est une chanson d’amour pour Malone, mon fils. Pendant dix ans, j’ai eu du mal à parler avec lui. J’étais un fantôme dans la maison. Aujourd’hui, il m’a retrouvé. On joue ensemble, on parle ensemble, il me serre la main. Je le retrouve. »
Hyper Cacher
« J’ai eu envie d’écrire un hommage aux victimes juives de l’Hyper Cacher, à cette communauté, à ces gens si sévèrement touchés. C’est de la compassion, de l’amour, des mots chers à mon cœur de protestant, chrétien, mais non croyant. »
Mulholland Drive
« Ici, je me suis lancé dans un road movie qui ne se situerait pas, pour une fois, ni à Argenteuil ni à La Courneuve, mais dans la banlieue de Los Angeles. Elle raconte l’histoire d’une jeune fille qui abandonne sa famille médiocre, son quotidien un peu triste, pour s’en aller sur les routes, vers l’océan, une vie nouvelle. »
La vie est moche et c’est trop court
« Le titre m’a été soufflé par un ami de Clermont-Ferrand. J’avais gribouillé quelques mots il y a quelque temps déjà, sans aller plus loin. J’ai retrouvé ces notes dans mes brouillons. J’ai écrit le reste récemment. C’est une chanson triste, à caractère autobiographique, peut-être la plus triste que j’ai jamais écrite. »
Mon anniv’
« Une chanson sur la joie que mettent mes copains à me célébrer mon anniversaire, chaque année, avec force gâteaux, bougies, textos, cadeaux. Alors que chaque année, c’est pour moi un coup de poignard dans ma jeunesse. Un an de plus, c’est un pas de plus vers la mort. Et ça m’angoisse terriblement. J’ai commencé à chanter il y a 40 ans, avec des hauts et des bas, beaucoup d’alcool, trop, pendant vingt ans… »
Dylan
« Une chanson inspirée par de nombreux témoignages de fans, qui m’ont déchiré le cœur, pour un frère ou un fils tué en deux roues, en moto ou en voiture. Des mamans qui me disent avoir enterré leur fils un bandana autour du cou, parce qu’il était fan de moi. Mort à 16, 17, 20 ans… »
Petite fille slave
« Un titre qui parle des petites putes slaves qui bossent dans le Bois de Boulogne ou à la périphérie des grandes villes, qui viennent du Brésil ou des Pays de l’est, avec le rêve illusoire de trouver du boulot et se retrouvent à faire le tapin, manipulées par des mafieux. J’ai voulu leur écrire une petite chanson. »
Ta batterie
« Le déclic pour écrire cet album a été la visite de Grand Corps Malade. Il m’a proposé d’écrire une chanson pour son propre album « Il nous restera ça ». Impérativement, il fallait caser cette phrase. Cela m’a redonné l’envie d’écrire. J’en ai fait donc une chanson qui part d’un fait réel. Mon fils voulait une batterie pour Noël. Je lui ai offert une batterie électronique avec laquelle il peut jouer sans faire de bruit, avec un casque sur les oreilles. Il joue aussi du piano. Il me comble de bonheur. »
Pour Karim, pour Fabien (chanson cachée)
« C’est un slam, un hommage, en forme de croche-pied, aux slameurs que sont l’ami Karim et Grand Corps Malade. Je les remercie de me citer comme un inspirateur, un père spirituel. Et je leur reproche un peu, en rigolant, leur manque d’humour parfois pour parler de leur banlieue dans leurs titres… »
Un disque plus de ballades qu’un disque rock, un disque d’amour pour toutes sortes de gens. Mais pas un disque rebelle, politique… « Je suis un peu désabusé par la politique de la gauche… qui mène une politique de droite. La nouvelle loi sur le travail, même la droite n’aurait pas osé faire ça. Les décorations à ce prince saoudien, qui mène une guerre sans nom au Yémen. Comment ces Socialistes ont-ils pu enterrer si vite Jaurès et Mitterrand. Ils salissent leur mémoire. Plus jamais je ne voterais socialiste ! »
Source : Ouest-France