Le nouveau Renaud sort aujourd’hui

Le Parisien

Culture & loisirs

« Boucan d’enfer »

Le 28 mai 2002 à 00h00

DEPUIS HUIT ANS et « la Belle de Mai », il y avait un vide dans la chanson française. Il est à présent comblé avec la sortie, aujourd’hui, de « Boucan d’enfer », le nouvel album de Renaud. Un recueil de quatorze nouvelles chansons qui résume, en un verbatim en rimes, cette absence. Renaud, autrefois impitoyable observateur de son prochain,­ histoire de ne jamais parler de lui­, a remisé sa pudeur et le quinquagénaire dissèque ce « boucan d’enfer », le bruit qu’a fait son amour lorsqu’il s’est cassé. « Cet album n’est peut-être pas le meilleur, mais, au moins, je l’ai fait… » expliquait-il, au sortir de sa longue panne d’inspiration, d’une dépression sur fond de tempête anisée, de celles dont on se remet difficilement (voir interview dans nos éditions du 10 mai). Peu importe, un nouveau Renaud est toujours bon à prendre, même avec ses hauts et ses bas et sa voix essoufflée.

Il exorcise, la tête haute

« Boucan d’enfer », mis en musique respectueusement, rappelle à quel point Renaud manquait, comme un grand frère disparu de la circulation et enfin revenu aux affaires. Pas vraiment ces affaires courantes qui autrefois le révoltaient mais, désormais, ses affaires à lui. Entre « Docteur Renaud, Mister Renard », « Je vis caché » ou « l’Entarté », Renaud exorcise ses démons, tire sur quelques ambulances (la télévision, Bernard-Henri Lévy…), fait le compte de ses dégoûts. Il se plante avec sincérité, parfois, avec « Petit Pédé » et « Manhattan-Kaboul », en duo avec Axelle Red. Ou encore attise ses renoncements et son désarroi, comme dans « Tout arrêter… » et « Boucan d’enfer », la chanson avec laquelle il bouleversait son auditoire, lors de sa tournée de petites salles, il y a trois ans. Mais il arrive aussi de le retrouver complètement sur les thèmes les plus simples et les arrangements les plus épurés, avec les attachantes « Coeur perdu », « Mal barré » et « Elle a vu le loup ». Economie de mots, émotion retenue, jolies chansons de la part d’un auteur-interprète enfin retourné au turbin après moult remous, reprenant, la tête haute, une place que personne n’était parvenu à lui chiper pendant sa trop longue absence. Renaud, « Boucan d’enfer » (disques Virgin). Prix : 16,58 ? (108,76 F). Sortie aujourd’hui. En concert les 19, 20, 21, 22 et 23 décembre au Zénith de Paris, puis en tournée dans toute la France.

  

Sources : Le Parisien et Le HLM des fans de Renaud