Rubrique « Culture Télévision »
Samedi 6 juillet 2002
Par
Est-ce Renaud qui a voulu faire un album plus bête que le livre de son frère Thierry Séchan ou Thierry qui a essayé de faire un livre plus nul que l’album de son frère Renaud ? L’album de Renaud s’appelle Boucan d’enfer (Virgin), le livre de Thierry Renaud, bouquin d’enfer (Le Rocher). Comme si ça ne nous avait pas déjà mis la puce à l’oreille, la couverture du CD et celle du livre sont les mêmes. Ça signifie, d’un point de vue marketing, qu’il faut acheter les deux, non ?
Commençons par l’album. J’ai scrupule à en dire du mal puisque Renaud l’a offert à mon fils Oscar (auquel Thierry consacre par surcroît une ligne gentille dans Renaud, bouquin d’enfer) un dimanche à la Closerie des Lilas, où les frères Séchan ont élu domicile. C’est leur bistrot du coin, il n’y a rien à dire, sauf qu’il a de plus en plus l’air d’un Hippopotamus pour nouveaux riches, surtout le dimanche. Where are you Hemingway ? Du reste, Oscar adore Boucan d’enfer. L’ennui, c’est qu’il n’écrit pas dans Le Figaro Magazine – et que je n’ai plus 8 ans ! Dans L’entarté, le neuvième titre du CD, Renaud reproche à BHL ses « décolletés ». C’est original et surtout, c’est nouveau. Il me semble avoir déjà lu ça une bonne centaine de fois, au moment de la sortie de la Barbarie à visage humain (Grasset), il y a vingt-cinq ans ! Renaud reproche ensuite à Lévy d’écrire « avec ses pieds ». Les invectives de Verlaine c’est quand même mieux. Il lui donne enfin le surnom de « BHV », ce qui relève du gâtisme. A la fin de l’envoi, je me touche. Que dire des autres chansons ? Elles ne sont même pas méchantes. On tombe sur des choses bizarres comme : « Adieu l’amour, bonjour la merde. » Il n’y a pas de musique. En tout cas, je n’en ai pas entendu.
Chez Pascal Sevran (France 2), Renaud a fort bien communiqué son personnage d’ancien alcoolo repenti au cœur brisé, ce qui a ému une grande partie de la France. Les Français sont gentils, c’est même une des raisons pour lesquelles ils font si bien la cuisine. En achetant Renaud, ils ont l’impression de le racheter !
Thierry n’est jamais meilleur que lorsqu’il n’écrit pas sur son frère : Tombeau de Richard Brautigan (L’Incertain), Cent Nouvelles d’elles (Les Belles Lettres), La peine de Mort (Le Rocher). Il ose nous proposer, pour cette nouvelle hagiographie de son cadet (la précédente avait paru en 1988 chez Seghers : le Roman de Renaud), la forme léthargique de l’abécédaire. A la rubrique « Séchan », il assure que « dans un autocar brinquebalant entre Belgrade et Pale », je lui aurai conseillé : « Ecris les Séchan ! » Plus la peine, Thierry : c’est fait. Et l’autocar qui nous emmenait de Belgrade à Pale n’était pas « brinquebalant ».
Source : Le HLM des fans de Renaud