Le P’tit Bal du samedi soir et autres chansons réalistes (paroles)

L’année 1980 est marquée par la sortie de l’album Marche à l’ombre, le 4e album studio de Renaud. Renaud se produit ensuite un mois entier à Bobino en mars 1980 pour répondre à l’attente de ses fans. Cela donne lieu à l’enregistrement du spectacle sorti en deux disques :

Le P’tit Bal du samedi soir et autres chansons réalistes est l’enregistrement de la première partie de son concert à Bobino. Renaud interprète plusieurs chansons populaires de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Pour vous le procurer, c’est par ici !

1. Lézard
     (Paroles : Aristide Bruant; Musique : Renaud / Joss Baselli)

On prend des manières à quinze ans,
Pis on grandit sans
Qu’on les perde :
Ainsi, moi, j’aime bien roupiller,
J’peux pas travailler,
Ca m’emmerde.

J’en foutrai jamais une secousse,
Même pas dans la rousse
Ni dans rien.
Pendant que l’soir, ej’ fais ma frape,
Ma soeur fait la r’tape,
Et c’est bien.

Alle a p’us d’daron, p’us d’daronne,
Alle a plus personne,
Alle a qu’moi.

Au lieu de soutenir ses père et mère,
A soutient son frère,

Et puis, quoi ?
Son maquet, c’est mon camarade:
I’ veut bien que j’fade
Avec eux.

Aussi, ej’ l’aim’, mon beau-frère Ernesse,
Il est à la r’dresse,
Pour nous deux.

Ej’m’occupe jamais du ménage,
Ej’suis libre, ej’ nage
Au dehors,
Ej’vas sous les sapins, aux Buttes,
Là, j’allong’ mes flûtes,
Et j’m’endors.

On prend des manières à quinze ans,
Pis on grandit sans
Qu’on les perde :
Ainsi, moi, j’aime bien roupiller,
J’peux pas travailler,
Ca m’emmerde.

2. C’est un mauvais garçon
     (Paroles : Jean Boyer; Musique : Georges van Parys

Nous les paumés
Nous ne sommes pas aimés
Des grands bourgeois
Qui nagent dans la joie
Il faut avoir
Pour être à leur goût
Un grand faux col
Et un chapeau mou
Ça n’fait pas chique une casquette
Ça donne un genre malhonnête
Et c’est pourquoi
Quand un bourgeois nous voit
Il dit en nous montrant du doigt

(Refrain:)
C’est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit

C’est un méchant p’tit gars
Qui fait du dégas
Si tôt qu’y s’explique
Ça joue du poing
D’la tête et du chausson
Un mauvais garçon

Toutes les belles dames
Pleines de perles et de diam’s
En nous croisant ont des airs méprisants
Oui mais demain
Peut-être ce soir
Dans nos musettes
Elles viendront nous voir
Elles guincheront comme des filles
En s’enroulant dans nos quilles
Et nous lirons dans leurs yeux chavirés
L’aveux qu’elles n’osent murmurer

(Refrain:)
C’est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit
C’est un méchant p’tit gars
Qui fait du dégas
Si tôt qu’y s’explique
Mais y a pas mieux
Pour t’donner l’grand frisson
Qu’un mauvais garçon

(Refrain:)
C’est un mauvais garçon
Il a des façons
Pas très catholiques
On a peur de lui
Quand on le rencontre la nuit
C’est un méchant p’tit gars
Qui fait du dégas
Si tôt qu’y s’explique
Mais y a pas mieux
Pour t’donner l’grand frisson
Qu’un mauvais garçon

3. Du gris
     (Paroles : Ernest Dumont; Musique : Louis Bénech)

Eh ! Monsieur !
Une cigarette!
Un’ cibich’, ça n’engage à rien !
Si j’te plais on f’ra la causette,
T’es gentil, t’as l’air d’un bon chien…
Tu s’rais moch’, ça s’rait la mêm’ chose,
J’te dirais quand mêm’ que t’es beau,
Pour avoir, t’en d’vin’s pas la cause,
C’que j’te d’mande, un’ pipe, un mégot.
Non, pas d’anglais’s, ni d’bouts dorés,
Ces tabacs-là, c’est du chiqué…

REFRAIN

Du gris, que l’on prend dans ses doigts
Et qu’on roule…
C’est fort, c’est âcre comm’ du bois,
Ça vous saoule…

C’est bon, et ça vous laisse un goût
Presque louche,
De sang, d’amour et de dégoût
Dans la bouche !

4. Tel qu’il est
     (Paroles : Maurice Vandair / Charlys; Musique : M. Alexander)

J’avais rêvé d’avoir un homme,
un vrai de vrai, bien balancé,
mais je suis chipée pour la pomme,
d’un avorton, complet’ment j’té.
Ce n’est pas un Apollon mon Jules,
il n’est pas taillé comme un Hercule.
Malgré qu’il ait bien des défauts,
C’est lui que j’ai dans la peau.
Tel qu’il est, il me plaît,
Il me fait de l’effet,
Et je l’aime.
C’est un vrai gringalet,
aussi laid qu’un basset,
mais je l’aime.
Il est bancal,
du coté cérébral
mais ça m’est bien égal,
qu’il ait l’air anormal.

C’est complet, il est muet
ses quinquets sont en biais
C’est un fait que tel qu’il est,
il me plaît.

{instrumental}

Il est carré mais ses épaules
par du carton, sont rembourrées.
Quand il est tout nu ça fait drôle,
On n’en voit plus que la moitié.
Il n’a pas un seul poil sur la tête,
mais il en a plein sur les gambettes.
Et celui qu’il a dans la main,
c’est pas du poil c’est du crin.

Tel qu’il est, il me plaît,
Il me fait de l’effet,
Et je l’aime.
C’est un vrai gringalet,
aussi laid qu’un basset,
mais je l’aime.
Il est bancal,
du coté cérébral
mais ça m’est bien t égal,
qu’il ait l’air anormal.

C’est complet, il est muet
ses quinquets sont en biais
C’est un fait que tel qu’il est,
il me plaît.

Le travail pour lui c’est la chose
la plus sacrée, il y touche pas.
Pour tenir le coup il se dose,
de quintonine, à tous les r’pas.
Ce qui n’est pas marrant c’est qu’il ronfle,
on dirait un pneu qui se dégonfle.
Et quand il faut se bagarrer,
il est encore dégonflé.

Tel qu’il est, il me plaît,
Il me fait de l’effet,
Et je l’aime.
C’est un vrai gringalet,
aussi laid qu’un basset,
mais je l’aime.
Il est bancal,
du coté cérébral
mais ça m’est bien z égal,
qu’il ait l’air anormal.

C’est complet, il est muet
ses quinquets sont en biais
C’est un fait que tel qu’il est,
il me plaît.

5. C’est un mâle
     (Paroles : Charlys; Musique : Charlys)

Y a des tas d’gonzesses qui font les bégueules
aussitôt qu’un homme veut les approcher.
Il leur faut des compartiments d’ dames seules,
elles ont trop peur d’avaler la fumée.

Mais moi qui n’suis pas aussi chicandière,
j’ai mon vrai de vrai, un homme affranchi.
Avec lui, pas b’soin de faire des manières,
on s’a dans la peau et ça nous suffit.

C’est pas une demi-portion,
une galette, un avorton,
lui c’est un mâle.
J’aime son nez tout écrasé,
sa mâchoire en or plombé,
dans son teint pâle.
Il peut me filer des coups,
Il peut me piquer mes sous,
sans que je râle.
Il a des gros biscoteaux,
et c’est lui qu’j’ai dans la peau,
c’est le mâle qu’il me faut.

Il m’arrive parfois quelques aventures,
j’ai connu des hommes dans tous les milieux.
Je suis un peu curieuse de nature,
mais c’est encore lui, lui que j’aime le mieux.

Il n’est pas rasé, tout son poil m’arrache,
et quand il m’embrasse, il sent le tabac.
Oui mais i’m’fait des tas d’machines qu’attachent,
et je suis pamée quand j’suis dans ses bras.

C’est pas une demi-portion,
une galette, un avorton,
lui c’est un mâle.
J’aime son nez tout écrasé,
sa mâchoire en or plombé,
dans son teint pâle.
Il peut me filer des coups,
Il peut me piquer mes sous,
sans que je râle.
Il a des gros biscoteaux,
et c’est lui l’roi des costauds,
c’est le mâle qu’il me faut.

Quand mon homme embale une poule du grand monde,
si l’a du pétard avec le bourgeois.
Pour tirer son couteau de sa profonde,
c’est lui qu’est l’premier, lui qui a la loi.

Il a l’estomac avec un tatouage,
sous c’tatouage un point d’interrogation,
ça lui permettra, car il est volage,
de faire lui aussi un peu d’aviation.

C’est pas une demi-portion,
une galette, un avorton,
lui c’est un mâle.
J’aime son nez tout écrasé,
sa cicatrice étalée,
dans son teint pâle.
Il peut me filer des coups,
Il peut me piquer mes sous,
sans que je râle.
Il a des gros biscoteaux,
mais c’est lui l’roi des barbots,
c’est le mâle qu’il me faut.

C’est le mâle qu’il me faut.

6. La Zone
     (Paroles : M. Hely; Musique : J. Jekyll)

Y’a des tas de citoyens, amoureux d’la nature
Et qu’ont pas les moyens d’voyager
Ils ne connaissent seulement qu’par la littérature
La rive où fleurit l’oranger
Ils rêvent que de s’en aller dans les Landes, en Bretagne
Dans les auberges à coups de fusil
Sans se douter qu’il existe un vrai pays de Cocagne
A dix centimètres de Paris
Sur la zone mieux que sur un trône
On est plus heureux que les rois
On applique la vraie République
Vivants sans contraintes et sans lois
Y’a pas de riches, et tout le monde a sa niche
Et son petit jardin tout pareil
Ses trois pots de géraniums, et sa part de soleil
Sur la zone

On n’a pas des palaces en marbre de Carrare
Avec des dorures au balcon
On habite une cabane faîte en boîtes à cigares
Avec une toiture en carton
Y’a pas besoin de crâner dans son automobile
Pour qu’une poule vous tombe dans les bras
Les amours sont moins chères
Et beaucoup plus faciles
Qu’avec les stars de cinéma
Sur la zone, y’a pas d’sable jaune
Ni de parasols, ni de mer d’azur
On s’invite à bouffer d’la frite
Autour d’un grand kil de vin pur
Faut s’y faire, et chez les zonières
On chuchote en s’montrant du doigt
Celles qu’ont pas tous les ans deux moujingues à la fois
Sur la zone

Y’a des tas d’ambitieux, qui s’acharnent à la peine
Pour ramasser trois cent mille francs
De quoi s’acheter plus tard un castel en Touraine
Faut vraiment pas être au courant
Y’a qu’à s’amener comme ça, simplement un dimanche
Avec des planches et des outils
Pour se construire soi-même sa villa les Pervenches
Ou son p’tit chalet ça m’suffit
Sur la zone, bien sûr que le faune
N’est pas celle de tous les pays
On y chasse en guise de bécasse
Du rat, d’la puce et d’la souris
Faut s’y faire, et chez les zonières
On chuchote en s’montrant du doigt
Celles qu’ont pas tous les ans deux moujingues à la fois
Sur la zone

7. Le P’tit Bal du samedi soir
     (Paroles : Jean Dréjac / Jean Delettre; Musique : Charles Borel / C. Clerc)

Dans le vieux faubourg
Tout chargé d’amour,
Près du pont de la Villette
Un soir je flânais,
Un refrain traînait,
Un air de valse musette,
Comme un vieux copain
Me prenant la main
Il m’a dit « viens »
Pourquoi le cacher
Ma foi j’ai marché
Et j’ai trouvé.

Le p’tit bal du sam’di soir
Ou le coeur plein d’espoir
Dansent les midinettes,
Pas de frais pour la toilette,
Pour ça vous avez l’bonsoir,
Mais du bonheur dans les yeux
De tous les amoureux

Ça m’a touché, c’est bête,
Je suis entré dans la fête
L’air digne et le coeur joyeux,
D’ailleurs il ne manquait rien,
Y’avait tout c’qu’il convient,
Des moules et du vin rouge,
Au troisièm’ flacon ça bouge,
Au quatrièm’ ça va bien,
Alors il vaut mieux s’asseoir
Le patron vient vous voir,
Il vous dit : c’est la mienne,
Et c’est comm’ça tout’s les s’maines
Au p’tit bal du sam’di soir.

Vous l’avez d’viné
J’y suis retourné
Maint’nant je connais tout l’monde,
Victor et Titi,
Fernand le tout p’tit,
Nénette et Mimi la blonde,
D’ailleurs des beaux yeux
Y’en a tant qu’on en veut,
Ils vont par deux,
Et blagu’ dans les coins
On est aussi bien
Qu’au Tabarin.

Au p’tit bal du sam’di soir
Où le coeur plein d’espoir
Dansent les midinettes,
Pas de frais pour la toilette,
Pour ça vous avez l’bonsoir.
Mais du bonheur des aveux
Car tous les amoureux
Se montent un peu la tête
Quand l’accordéon s’arrête,
Ils vont s’asseoir deux par deux,
De temps en temps, un garçon
Pousse un’ petit’ chanson
Ça fait rêver les filles,
Dans l’noir y’a des yeux qui brillent,
On croirait des p’tits lampions,
Oui, les lampions merveilleux
Du carnaval joyeux,
D’une fête éternelle,
On serre un peu plus sa belle
Au p’tit bal des amoureux.

Un dimanche matin
Avec Baptistain
(C’est le patron d’la guinguette)
On s’est attablés
Et nous avons joué
Au ch’min d’fer en tête à tête,
Comme il perdait trop
Il a fait l’bistro,
J’ai dit banco,
J’ai gagné ma foi,
Et depuis trois mois
Il est à moi.

Le p’tit bal du sam’di soir
Où le coeur plein d’espoir
Dansent les midinettes,
Pas de frais pour la toilette,
Pour ça vous avez l’bonsoir,
Mais du bonheur dans les yeux
De tous les amoureux,
Vous pensez si c’est chouette
Tout l’mond’ perd un peu la tête
Ça fait qu’tout est pour le mieux.
Baptistain dans l’occasion
N’vait plus d’situation
En perdant sa boutique,
Mais comme il est sympathique
Alors j’l’ai pris comm’ garçon,
Et c’est lui qui sert à boir’
Aux amoureux dans l’noir
Dans ma baraque en planches
Du sam’di jusqu’au dimanche
Au p’tit bal du sam’di soir.

8. Un chat qui miaule
     (Paroles : G. Zwingel; Musique : René Pensiti)

Monsieur le juge,
que l’on me juge,
sans trop d’sévérité
car sur mon âme,
c’qui fit le drame,
c’est la fatalité.

J’suis un vaurien,
oui je le sais bien,
mais tout d’même, jamais,
je n’aurais fait
c’qui m’mène ici,
sans ce chat maudit.

Un chat qui miaule,
j’vous jure ça fait drôle,
quand on cambriole sans bruit,
son cri s’élance,
tel une démence,
troublant le silence des nuits.

Un chat qui miaule,
c’est presque un symbole,
de la mort qui frôle la peau
comme un étau
qui vous tordrait le cœur,
on a peur.

Après l’étude
des habitudes
du richard de Neuilly,
par la fenêtre,
v’la que j’pénètre,
jusque devant son lit.

Dans le halo
de mon blanc falot
j’aperçois le magot.
Sous l’traversin,
j’avance la main,
quand sur le chemin…

Ce chat qui miaule,
j’vous jure ça fait drôle,
quand on cambriole sans bruit,
son cri s’élance,
tel une démence,
dans le grand silence des nuits.

Un chat qui miaule,
c’est comme symbole,
de la mort qui frôle la peau
comme un étau
qui vous tordrait le cœur,
j’ai eu peur.

Le vieux se dresse,
d’un bond d’détresse,
comme dans un cauchemar.
Sa gorge ronfle,
ses veines se gonflent,
il me fixe, hagard.

Son regard fouille,
mes idées qui grouillent
dans ma cervelle en feu,
quand tout à coup,
fermant les yeux,
j’ai serré son cou.

On cabriole,
notre lutte est folle,
et ce chat qui miaule plus fort,
son cri s’élance,
tel une démence,
troublant le silence de mort.

Un chat qui miaule,
c’est comme symbole,
de la mort qui frôle la peau.
Quand c’chat s’est tu
j’étais d’venu
soudain
assassin.

Monsieur le juge,
que l’on me juge,
sans trop d’sévérité
car sur mon âme,
c’qui fit le drame,
c’est la fatalité.

9. Rue Saint-Vincent
     (Paroles : Aristide Bruant; Musique : Aristide Bruant)

Elle avait sous sa toque de martre,
sur la butte Montmartre,
un p’tit air innocent.
On l’appelait rose, elle était belle,
a’ sentait bon la fleur nouvelle,
rue Saint-Vincent.

Elle avait pas connu son père,
elle avait p’us d’mère,
et depuis 1900,
a’ d’meurait chez sa vieille aïeule
Où qu’a’ s’élevait comme ça, toute seule,
rue Saint-Vincent.

A’ travaillait déjà pour vivre
et les soirs de givre,
dans l’froid noir et glaçant,
son p’tit fichu sur les épaules,
a’ rentrait par la rue des Saules,
rue Saint-Vincent.

Elle voyait dans les nuit gelées,
la nappe étoilée,
et la lune en croissant
qui brillait, blanche et fatidique
sur la p’tite croix d’la basilique,
rue Saint-Vincent.

L’été, par les chauds crépuscules,
a rencontrait Jules,
qu’était si caressant,
qu’a’ restait la soirée entière,
avec lui près du vieux cimetière,
rue Saint-Vincent.

Mais je p’tit Jules était d’la tierce
qui soutient la gerce,
aussi l’adolescent,
voyant qu’elle marchait pas au pantre,
d’un coup d’surin lui troua l’ventre,
rue Saint-Vincent.

Quand ils l’ont couché sur la planche,
elle était toute blanche,
même qu’en l’ensevelissant,
les croque-morts disaient qu’la pauv’ gosse
était crevé l’soir de sa noce,
rue Saint-Vincent.

Elle avait une belle toque de martre,
sur la butte Montmartre,
un p’tit air innocent.
On l’appelait rose, elle était belle,
a’ sentait bon la fleur nouvelle,
rue Saint-Vincent.

10. La Java
     (Paroles : Albert Villemetz / Jacques Charles; Musique : Maurice Yvain)

Quand arrive le samedi
sans fiche de vernis
ni faire de toilette,
nous partons au galop,
moi et mon costaud,
dans les bals musettes
où nous nous retrouvons
rien qu’entre mectons
et vraies gigolettes
deux par deux ils tournent et nous tournons,
au son de l’accordéon

Qu’est-ce qui dégote
le fox-trotte
et même le chimi
le pas english,
la scottish
et tout c’qui s’en suit.
C’est la java,
la vielle mazurka
du vieux sébasto
T’es ma nenesse,
tu es ma gonzesse
je suis ton julot.

Tout contre moi
serre toi,
bien fort dans mes bras
je te suivrais
je ferais ce que tu voudras.
Quand je te prends
dans mon cœur je sens
comme un vertigo,
t’aimes ma casquette,
mes deux rouflaquettes
et mon bout d’mégot.

Mais, boul’vard Saint Germain,
les gens du gratin,
ils ont pas de principe.
dès que les purotins
ont quelqu’chose de bien
y faut qu’ils leur chippent.
A présent les mondains
essayent mais en vain
de copier nos types
et les poules de luxe dans les salons
chantent en se pavant à leurs michtrons.

Qu’est-ce qui dégote
le fox-trotte
et même le chimi
le pas english,
la scottish
et tout c’qui s’en suit.
C’est la java,
la vielle mazurka
du vieux sébasto
T’es ma nenesse,
tu es ma gonzesse
je suis ton julot.

Tout contre moi
serre toi,
bien fort dans mes bras
je te suivrais
je ferais ce que tu voudras.
Quand je te prends
dans mon cœur je sens
comme un vertigo,
t’aimes ma casquette,
mes deux rouflaquettes
et mon bout d’mégot.

Quand je te prends
dans mon cœur je sens
comme un vertigo,
t’aimes ma casquette,
mes deux rouflaquettes
et mon bout d’mégot.

11. La jeune fille du métro
     (Arrangement de G. Breton; Paroles : Louis Hennevé; Musique : Gaston Gabaroche)

C’était une jeune fille simple et bonne
Qui demandait rien à personne
Un soir dans l’métro, y avait presse
Un jeune homme osa, je l’confesse
Lui passer la main … Sur les ch’veux
Comme elle était gentille, elle s’approcha un peu.

Mais comme a craignait pour ses robes
A ses attaques elle se dérobe
Sentant quelqu’chose qui la chatouille
Derrière son dos elle tripatouille
Et tombe sur une belle paire … De gants
Que l’jeune homme, à la main, tenait négligemment.

En voyant l’émoi d’la d’moiselle
Il s’approcha un p’tit peu d’elle
Et comme en chaque homme, tout de suite
S’éveille le démon qui l’habite
Le jeune lui sorti … Sa carte
Et lui dit j’m’appelle Jules, et j’habite rue Descartes.

L’métro continue son voyage
Elle se dit c’jeune homme n’est pas sage
Je sens quelque chose de pointu
Qui d’un air ferme et convaincu
Cherche à pénétrer … Dans mon cœur
Ah qu’il est doux d’aimer, quel frisson de bonheur.

Ainsi à Paris, quand on s’aime
On peut se le dire sans problème
Peu importe le véhicule
N’ayons pas peur du ridicule
Dites lui simplement … Je t’en prie
Viens donc à la maison manger des spaghettis.

12. La butte rouge
     (Paroles : Gaston Montéhus; Musique : Georges Krier)

Sur c’te butt’-là y’avait pas d’gigolettes,
Pas de marlous, ni de beaux muscadins ;
Ah ! c’était loin du Moulin d’la galette
Et de Panam’, qu’est le roi des pat’lins.
C’qu’ell’ en a bu, du beau sang, cette terre !
Sang d’ouvriers et sang de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres,
N’en meur’nt jamais, on n’tue qu’les innocents !

La Butt’ Roug’ c’est son nom, l’baptêm’ s’fit un matin
Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin…
Aujourd’hui y’a des vign’s, il y pouss’ du raisin
Qui boira ce vin-là, boira l’sang des copains !

Sur c’te butt’-là on n’y f’sait pas la noce
Comme à Montmartre où l’champagn’ coule à flots ;
Mais les pauvr’s gars qu’avaient laissé des gosses
Y f’saient entendr’ de terribles sanglots !
C’quell’ en a bu des larmes, cette terre,
Larm’s d’ouvriers, larmes de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres
Ne pleur’nt jamais, car ce sont des tyrans !

La Butt’ Roug’ c’est son nom, l’baptêm’ s’fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin…
Aujourd’hui y’a des vign’s, il y pouss’ du raisin,
Qui boit de ce vin-là boit les larm’s des copains !

Sur c’te butt’-là on y r’fait des vendanges,
On y entend des cris et des chansons ;
Filles et gars doucement y échangent
Des mots d’amour qui donnent le frisson.
Peuv’nt-ils songer, dans leurs folles étreintes,
Qu’à cet endroit, où s’échang’nt leurs baisers,
J’ai entendu, la nuit, monter des plaintes
Et j’y ai vu des gars au crân’ brisé !

La Butt’ Roug’ c’est son nom, l’baptêm’ s’fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin…
Maintenant y’a des vign’s, il y pouss’ du raisin
Mais, moi, j’y vois des croix portant l’nom des copains !

13. La plus bath des javas
     (Paroles : Georgius; Musique :Trémolo)

Je vais vous raconter
Une histoire arrivée
A Nana et Julot Gueule d’Acier
Pour vous raconter ça
Il fallait une java
J’en ai fait une bath écoutez-là
Mais j’ vous préviens surtout
J’ suis pas poète du tout
Mes couplets n’ riment pas bien
Mais j’ men fous !

L’ grand Julot et Nana
Sur un air de java
S’ connurent au bal musette
Sur un air de jav-ette
Elle lui dit : J’ai l’ béguin
Sur un air de jav-in
Il répondit : Tant mieux
Sur un air déjà vieux

Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
Écoutez ça si c’est chouette !
Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
C’est la plus bath des javas

Ils partirent tous les deux
Comme des amoureux
A l’hôtel meublé du Pou nerveux
Le lendemain, l’ grand Julot
Lui dit : J’ t’ai dans la peau
Et il lui botta le bas du dos
Elle lui dit : J’ai compris
Tu veux d’ l’argent, chéri
J’en aurais à la sueur du nombril

Alors elle s’en alla
Sur un air de java
Boulevard de la Chapelle
Sur un air de javelle
Elle s’vendit pour de l’or
Sur un air de jav-or
A trois francs la séance
Sur un air de jouvence

Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
Écoutez ça si c’est chouette !
Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
C’est la plus bath des javas

Son homme pendant ce temps
Ayant besoin d’argent
Mijotait un vol extravagant
Il chipa… lui, Julot
Une rame de métro
Qu’il dissimula sous son paletot
Le coup était bien fait
Mais juste quand il sortait
Une roue péta dans son gilet

Alors, on l’arrêta
Sur un air de java
Mais rouge de colère
Sur un air de jav-ère
Dans le ventre du flic
Sur un air de jav-ic
Il planta son eustache
Sur un air de jeune vache

Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
Écoutez ça si c’est chouette !
Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
C’est la plus bath des javas

Couplet pathétique (parlé)
Nana, ne sachant rien
Continuait son turbin
Six mois se sont passés… Un matin
Elle rentre à la maison
Mais elle a des frissons
Elle s’arrête devant la prison
L’échafaud se dresse là
L’ bourreau qui n’ s’en fait pas
Fait l’ couperet à la pâte Oméga

Julot vient à p’tits pas
Sur un air de java
C’est lui qu’on guillotine
Sur un air de jav-ine
Sa tête roule dans l’ panier
Sur un air de jav-ier
Et Nana s’évan-ouille
Sur air de jav-ouille

Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
Écoutez ça si c’est chouette !
Ah ! Ah ! Ah ! Ah !
C’est la plus bath des javas

 

Sources : Wikipédia, Genius et paroles.net