Le retour de Gérard Lambin

BibliOnline

Mai 2002

Il n’avait pas sorti de disque d’auteur depuis « A la belle de Mai » en 94. Les deux derniers : « Renaud chante Brassens » (96) et « Renaud cante el’nord » (92) étaient plus des hommages filiaux. L’un à la pensée anarchiste et individualiste du bourru moustachu et l’autre à ses racines familiales chtimis.

Cossard ? Non pas du tout !

Nous tous qui avions assisté à sa dernière tournée, nous savions l’écorché vif de Montrouge en souffrance. Cette tournée « Un piano, une guitare et Renaud », marathon de près de deux ans (99-2001) et de plus de deux cents dates prenait des allures de psychothérapie. Avec la scène pour divan et des milliers d’oreilles à l’écoute bienveillante dans la salle. A force de le confier chaque soir, c’était devenu en secret de Polichinelle : Dominique, sa gonzesse, ou plutôt sa muse car que de chansons lui auront été dédiées, s’était barrée. Le cœur en lambeaux, la voix pétée de trop de clopes, la chair bouffie de trop de 51 voire de 5100, au bord de l’effondrement éthylique, il reprenait du bout des lèvres ses meilleures chansons. Soutenu avec une indéfectible affection par deux vieux potes musiciens dont Titi, le guitariste Jean Pierre ‘Titi’ Buccollo (« La mère à Titi »).

Chaque soir, il entendait le public tenter de boucher ce gouffre à l’âme en lui criant « On t’aime !! ».

Après temps de tendresse et d’émotions dites et partagées, le trou est sans doute un peu comblé. En tout cas, Renaud a retrouvé la force de tenir la plume pour, comme à chaque fois, sublimer sa peine, ses colères, sa gêne et ses contradictions en de magnifiques textes.

Lors du spectacle, il introduisait sa chanson sur le départ de Dominique avec cet aphorisme « Le bonheur se reconnaît au bruit qu’il fait en s’en allant » ….. « et cela fait un boucan d’enfer » ajoutait-il avec cet humour grinçant qu’il peut avoir parfois. C’est le titre de son nouvel album qui sortira normalement le 28 mai prochain.

Une autre chanson, « Elle a vu le loup », entendue en concert et plus drôle, fait partie du disque. Elle raconte une confession de Lolita à son père au sujet de la « première fois » d’une copine. Parmi ses proches, on donne gagnantes deux chansons au potentiel digne d’un « Laisse béton », ou « Mistral gagnant ». Ce sont « P’tit pédé » ou la vie d’ un homosexuel de province arrivant à Paris, « Docteur Renaud et Mister Renard » en forme d’autocritique (le fameux effet thérapeutique de la tournée ?). Une sorte de d’autre « Me jette pas ». Et enfin « Entre Manhattan et Kaboul ». Devinez sur quel sujet ! Un nouveau disque entre intimité, sensibilité aux autres et implication politique. Du Renaud comme avant.

A-t-il retrouvé une forme de bonheur silencieux ? Pas sûr. Mais en tout cas, ceux qui l’aiment sont redevenus heureux à l’annonce de cette nouvelle. Merci !

Renaud « Boucan d’enfer » Virgin

Albi Bop

  

Source : Le HLM des fans de Renaud