Les aventures de Renaud à l’Olympia

Salut !

N° 165, 20 janvier au 2 février 1982

L’Olympia représentait une grande première pour l’ami Renaud qui s’en est très bien sorti face aux deux mille personnes venues l’applaudir chaque soir. Salut !, qui a pour Renaud une profonde amitié, était bien sûr dans la salle. Nous avons vécu ses répétitions, ses angoisses, ses joies et avons assisté à la naissance d’une grande vedette.

Pour Renaud, l’année 82 c’est un peu l’année de la consécration. Dans la carrière de ce jeune chanteur-auteur-compositeur, les choses se sont déroulées par paliers. Tout d’abord, il y eut le Théâtre de la Ville puis, en 81, Bobino et enfin, cette année, l’Olympia. Le music-hall représentait beaucoup pour Renaud car, jusqu’à présent, il était habitué aux salles plus intimes. En changeant de rive, Renaud savait très bien qu’il devait également modifier son spectacle. Comme il nous le disait auparavant : « Une carrière ça doit être sans cesse en progression ».

Chaque soir. Renaud se rend è l’Olympia deux heures avant le spectacle, histoire de se mettre dans l’ambiance un peu avant que tout le monde arrive. Renaud et Alain, son homme de confiance, notent les derniers détails qui clochent. La loge de Renaud est décorée de façon très écologique – branchages d’automne artificiels – mais très chouette quand même. Les photos des femmes de sa vie, Dominique et Lolita, sont en bonne place. Sur les murs, des autocollants dans le genre « L’armée ça pue. ça pollue, ça rend con » fleurissent un peu partout. Le reste des murs est tapissé par des télégrammes dont certains textes sont carrément drôles. De provenances diverses : ses frères, ses amis comédiens de l’équipe du Splendid. Les PTT n’ont pas dû chômer ! Puis arrive l’heure des préparatifs. Après un passage dans la salle de bains, Renaud est enfin prêt à enfiler son habit de lumière qu’un grand couturier lui a dessiné tout spécialement.

Avant d’entrer en scène, petite séance de rasage et joie de découvrir les cadeaux comme ce joli canard en peluche adressé plus spécialement à Lolita

Non, non rassurez-vous, Renaud n’est pas tombé dans les paillettes ! Santiags rouges, superbe pantalon blanc, blouson de cuir noir et voilà la star, pas de grand changement mais c’est aussi bien comme ça. Ce n’est pas le costume qui fait la vedette. Après cela, eh bien, il ne lui reste plus qu’à monter sur scène. Nous, pendant ce temps-là, on regagne la salle.

Après que la lumière se soit éteinte, une clé à molette géante en néon illumine le haut de la scène. Et c’est parti, ça tourne bien, ses musiciens – ils sont six nouveaux – semblent être parfaitement à l’aise dans ce répertoire. Les deux choristes, deux mecs pas tristes sortis du groupe Odeur, ont un numéro vocal et visuel bien réglé. Dans la salle, le blouson de cuir ou de skaï est roi. Ils sont venus, ils sont tous là, même ceux du Sud de Paris. Les deux minettes, devant moi, petits foulards rouges autour du cou comme l’idole, connaissent par cœur le répertoire de Renaud. Chaque fin de chanson est saluée par des cris, des applaudissements. Il a gagné, le mec ! Beaucoup d’humour dont un petit sketch sur Dominique, sa gonzesse. Certains chanteurs sont un peu égratignés au passage dont un monsieur qui fait des milliers de kilomètres autour du monde. Un vrai baroudeur, un mercenaire, un monsieur qui fait beaucoup de sport. Mais à qui Renaud veut-il bien faire allusion ?

Les chansons sont toutes bien présentées, les lumières très chouettes. Du bon boulot… Renaud cause avec cet accent bien parigot qui le rend encore plus sympathique. Deux heures de chansons sans entracte. Si vous l’avez vu c’est très bien, si non, c’est râpé car le mec Renaud part se faire la belle quelque temps. Il l’a bien mérité, non ? 

D. M.  

  

Source : Salut !